Dans le cadre de la 6e Assemblée générale du Sodalitium de la vie chrétienne, en cours au mois de janvier 2025 à Aparecida, au Brésil, le cardinal jésuite Gianfranco Ghirlanda a annoncé aux participants la décision du pape François d’interdire le Sodalitium. L’annonce a été faite le vendredi 17 janvier.
La nouvelle a été accompagnée de l’annonce que le prêtre catalan controversé Jordi Bertomeu exécuterait la dissolution. Le père Bertomeu, entre autres, est accusé par la justice péruvienne d’avoir révélé des informations liées à sa fonction.
L’un des défis les plus immédiats de la dissolution est le destin des biens et l’avenir des membres. Le Sodalitium de la vie chrétienne (SCL) était composé de laïcs consacrés qui prononçaient des vœux et vivaient en communauté, également avec des prêtres (environ 35 des 120 membres avec des vœux perpétuels). Une possibilité serait celle d’une refondation. Il existe également une branche féminine. On ne sait pas encore si l’interdiction s’applique également à elles.
Le Sodalitium de la vie chrétienne a été fondé au Pérou en 1971 par Luis Fernando Figari, un laïc toujours vivant, qui a été condamné canoniquement pour des abus sexuels et des abus de conscience.
En 2011 et 2013, des accusations d’abus sexuels contre Figari, tant sur des mineurs que sur des adultes, ont été révélées. Cependant, le scandale a pris de l’ampleur en 2015 avec la publication du livre Moitié Moines, moitié Soldats, qui exposait non seulement les abus sexuels, mais aussi ce qui avait été un système de manipulation et de coercition au sein de la SCL. Ce livre est devenu un catalyseur qui a incité davantage de victimes à parler du mécanisme de pouvoir et de contrôle que Figari utilisait pour soumettre les membres de la communauté.
En 2016, une Commission a confirmé les pratiques abusives du SCL liées en grande partie à un culte de la personnalité autour de Figari. L’année suivante, un rapport indépendant demandé par la communauté elle-même a révélé plus de 60 victimes d’abus de la part de Figari et d’autres membres. Le Saint-Siège a pris des mesures énergiques : en 2017, Figari s’est vu interdire tout contact avec la SCL, et un processus de réforme a été engagé, sous la supervision du cardinal Joseph Tobin.
La nomination de l’évêque colombien Noel Antonio Londoño comme commissaire en 2018, et la participation d’experts tels que le père Gianfranco Ghirlanda, ont marqué le début d’un effort intégral de restructuration du gouvernement, des finances et de la formation au sein du SCL. Cet effort comprenait une proposition de réforme approuvée par le pape François pour réécrire les constitutions de l’Institut.
Le processus de transformation a franchi une étape importante en 2024. En août, le Vatican a formellement expulsé Figari, une décision qui avait été demandée par le SCL lui-même des années auparavant. Peu après, plus de dix membres de la communauté ont également été expulsés, y compris des personnalités éminentes telles que l’archevêque José Antonio Eguren, ancien chef de l’archidiocèse de Piura et Tumbes au Pérou.
En juillet 2023, le Vatican a envoyé l’archevêque Charles Scicluna, connu pour son travail sur les cas d’abus au sein de l’Église, afin d’enquêter sur les nouvelles accusations de mauvaise gestion financière au sein de la SCL.