Pavillon du Saint-Siège en 2023, un développement du Studio Albori © Dicastère pour la culture et l'éducation

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Biennale de Venise

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Mgr Tolentino de Mendonça, préfet du Dicastère pour la culture et l’éducation, présente le pavillon du Saint-Siège

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Ce lundi 11 mars 2024, à 11h00, au bureau de presse du Saint-Siège, s’est tenue la conférence de presse de présentation du Pavillon du Saint-Siège à la 60è Exposition internationale d’art – La Biennale de Venise, qui aura lieu du 20 avril au 24 novembre 2024. Les intervenants étaient Son Éminence le card. José Tolentino de Mendonça, préfet du dicastère pour la culture et l’éducation ; le président Giovanni Russo, chef du département de l’administration pénitentiaire du ministère de la justice de la République italienne ; le Dr Chiara Parisi, conservateur du pavillon du Saint-Siège ; le Dr Bruno Racine, conservateur du pavillon du Saint-Siège ; et le Dr Paolo Maria Vittorio Grandi, directeur de gestion de la banque Intesa Sanpaolo. Nous publions ci-dessous le discours dans son intégralité de Son Éminence le Card. José Tolentino de Mendonça.

« Quand t’avons-nous vu ? »

Je voudrais saluer cordialement toutes les personnes présentes, en particulier celles qui sont assises avec moi à cette table : le Dr Cristiane Murray, directrice adjointe de la salle de presse, le Dr Giovanni Russo, chef du département de l’administration pénitentiaire nationale, les conservateurs Bruno Racine et Chiara Parisi, et le Dr Vittorio Grandi, représentant du grand sponsor la banque Intesa-San Paolo ; et, bien sûr, les journalistes présents dans la salle et en visioconférence. Je vous remercie d’avance pour l’intérêt que vous portez à cette activité du Saint-Siège et pour le précieux travail professionnel que vous accomplissez. 

Ce n’est pas un hasard si le Saint-Siège a choisi de présenter son pavillon à la Biennale de Venise – l’année où elle célèbre sa soixantième édition – dans un lieu apparemment inattendu, comme la prison pour femmes de l’île de la Giudecca. Et ce n’est certainement pas un hasard si le titre du pavillon, « De mes propres yeux », vise à attirer notre attention sur l’importance de la manière dont nous concevons, exprimons et construisons, de manière responsable, notre coexistence sociale, culturelle et spirituelle. Nous vivons à une époque, marquée par la domination du numérique et le triomphe des technologies de communication à distance, qui propose un regard humain de plus en plus différé et indirect, au risque de le voir se détacher de la réalité elle-même. La modernité préfère proposer une métaphore aux yeux ; au contraire, voir de ses propres yeux confère à la vision un statut unique, car elle nous implique directement dans la réalité et fait de nous non pas des spectateurs, mais des témoins. C’est ce que l’expérience religieuse a en commun avec l’expérience artistique : aucune ne cesse de valoriser l’implication totale et non-conformiste du sujet.

L’année où la Biennale d’art célèbre son 60e anniversaire marque également le 60e anniversaire de la première projection à Venise du film « Vangelo secondo Matteo » (L’Évangile selon saint Matthieu) de Pier Paolo Pasolini. Pasolini avait alors avoué que sa fascination pour le Jésus raconté par l’évangéliste Matthieu devait être « aux limites de la métaphore, au point d’être une réalité ». Il suffit de rappeler le chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, j’étais en prison et vous êtes venus me voir ». « Seigneur, quand t’avons-nous vu ? » – demandent-ils tous dans la parabole du jugement dernier que raconte Jésus. Et c’est là que Jésus offre la clé d’une nouvelle vision, en disant : « Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».

C’est l’un des textes bibliques les plus fréquemment commentés par le pape François et que l’on peut certainement associer aux grandes lignes de son pontificat. Le pape François déclare : « Les œuvres de miséricorde ne sont pas des thèmes théoriques, mais des témoignages concrets. Elles nous obligent à nous retrousser les manches pour soulager la souffrance…. Il nous est donc demandé de rester vigilants comme des sentinelles, afin qu’il n’arrive pas que, face à la pauvreté produite par la culture du bien-être, le regard des chrétiens s’affaiblisse et devienne incapable de voir ».

Retrouver la capacité de regarder la réalité, comme point de départ pour la redessiner, en composant de nouvelles possibilités : c’est ce que le pape François a rappelé aux artistes lorsqu’il les a reçus lors de la rencontre historique de juin dernier, dans la chapelle Sixtine. « Vous, les artistes, avait alors déclaré le Saint-Père, vous avez la capacité de rêver de nouvelles versions du monde. Et c’est important : de nouvelles versions du monde. La capacité d’introduire la nouveauté dans l’histoire. C’est pourquoi Guardini dit que vous ressemblez aussi à des visionnaires. Vous êtes un peu comme des prophètes. Vous savez regarder les choses à la fois en profondeur et au loin, comme des sentinelles qui plissent les yeux pour scruter l’horizon ».

C’est donc avec une grande joie que nous avons accueilli la nouvelle de la visite du pape François au Pavillon. Ce sera un moment historique puisqu’il sera le premier pape à visiter la Biennale de Venise, ce qui démontre clairement le désir de l’Église de consolider un dialogue fructueux et rapproché avec le monde des arts et de la culture.

Je remercie les autorités italiennes pour leur indispensable collaboration, en particulier le ministère de la Justice en la personne du chef du département national de l’administration pénitentiaire, le Dr Giovanni Russo, ici présent. Un mot également aux conservateurs Bruno Racine et Chiara Parisi, qui forment une équipe extraordinaire qui, j’en suis sûr, préparera un projet exaltant. Je ne veux pas non plus oublier ceux qui collaborent à la réalisation du pavillon : les architectes du COR, et en particulier l’architecte Roberto Cremascoli. J’exprime ma gratitude à notre principal partenaire, la banque Intesa-San Paolo. Et enfin, mais pas le moindre dans mon cœur, le Patriarcat de Venise, et S.E.R. Monseigneur Francesco Moraglia, avec qui j’entretiens une collaboration étroite et amicale.

Je reste bien entendu à votre disposition pour répondre à vos questions à la fin des présentations. Je vous remercie de votre attention.

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Rédaction

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