Mgr Olivier de Germay s’est opposé publiquement au projet de loi sur l’IVG© lyon.catholique.fr

Mgr Olivier de Germay s’est opposé publiquement au projet de loi sur l’IVG© lyon.catholique.fr

Avortement : « Le débat est-il encore possible » ?

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Communiqué de Mgr Olivier de Germay sur le projet de loi

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Ce mercredi 28 février 2024, le Sénat français a adopté le projet de loi d’inscription du droit à l’avortement (IVG) dans la Constitution, à 267 voix contre 50. Le Parlement se réunira en Congrès à Versailles le 4 mars prochain pour procéder au vote ultime de ce projet de loi.

Une rude décision, qui entache la dignité de la vie humaine et qui inquiète l’Église catholique en France. Dans un communiqué publié ce mardi 27 février, Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, s’est opposé publiquement à l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution.

Communiqué de Mgr de Germay : 

En 1975, Simone Veil obtenait que l’avortement soit dépénalisé, tout en reconnaissant qu’il demeurerait toujours un drame. Depuis, tout semble avoir été fait pour faciliter et banaliser l’IVG. Les résultats sont là : 2023 vient d’établir le triste record de 234 300 IVG en France alors que la tendance est à la baisse partout ailleurs en Europe.

Si la loi était adoptée, la France mettrait au même niveau l’égale dignité de toute vie humaine – principe à valeur constitutionnelle – et la liberté d’accès à l’avortement. Comment expliquer une telle contradiction ?

Une des explications est liée, selon moi, à la succession des lois dites sociétales votées en France depuis quelques dizaines d’années. Celles-ci, en effet, se focalisent sur des droits individuels en oubliant ou en sous-estimant leurs portées sociales. Or la cohésion sociale ne peut que se dégrader – n’est-ce pas ce à quoi nous assistons aujourd’hui ? – si on se contente de définir des droits individuels sans resituer la personne dans le jeu des relations qui la constituent.

Est-il juste de faire peser sur les seules épaules des femmes enceintes une question aussi grave ? Comment pouvons-nous reléguer à la seule sphère privée une option touchant au respect du plus fragile ? Cette option définit en effet, pour une part, le modèle de société que nous souhaitons, et engage notre avenir.

N’est-ce pas également la société tout entière qui devrait porter le souci des femmes enceintes dans des conditions difficiles, de celles qui ont besoin d’être soutenues dans leur maternité, ou encore de celles se retrouvant dans une douloureuse solitude après avoir fait le choix d’une IVG ?

Nous sommes en réalité tous concernés par la question de l’IVG. Mais le débat est-il encore possible ? Il devient difficile aujourd’hui de s’exprimer sur ce sujet sans prendre le risque de devenir une cible médiatique. Beaucoup de personnalités publiques ont d’ailleurs déserté le débat. Que deviendra ce dernier si la loi venait à être adoptée ? La liberté d’expression sera-t-elle garantie ? Et la liberté de conscience ?

Certains craignent que l’opinion publique sur l’avortement ne change. Verrouiller définitivement les choses pour anticiper une telle hypothèse, n’est-ce pas un déni de démocratie ? J’ose croire, quant à moi, que le jour viendra où la lumière se fera sur cet angle mort de notre conscience collective. Telle est mon humble espérance.

  • Olivier de Germay, archevêque de Lyon 
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Anne van Merris

Anne van Merris est journaliste, formée à l’Institut de journalisme européen Robert Schuman à Bruxelles. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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