Rencontre avec les membres du Synode de l'Église arménienne catholique © Vatican Media

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À l’exemple de saint Grégoire de Narek : Apporter la lumière du Christ à l’Arménie

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Allocution du Saint-Père aux membres du Synode des évêques de l’Église patriarcale arménienne de Cilicie

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Ce 28 février, le Saint-Père a reçu en audience les membres du Synode des évêques de l’Église patriarcale de Cilicie des Arméniens. Nous publions ci-dessous l’allocution du Saint-Père, lue par Mgr Filippo Ciampanelli.

Votre Béatitude,

Chers frères évêques,

Soyez les bienvenus ! C’est une joie de vous accueillir à Rome et sur la tombe des apôtres Pierre et Paul, en la fête de saint Grégoire de Narek, docteur de l’Église.

En tant qu’évêques, successeurs des apôtres, nous avons la responsabilité d’accompagner le saint peuple de Dieu vers Jésus, le Seigneur et l’Ami des hommes, notre Bon Pasteur. C’est pourquoi, le jour de notre ordination épiscopale, nous nous sommes engagés à préserver la foi, à renforcer l’espérance et à répandre la charité du Christ.

Chers frères, l’une des grandes responsabilités du Synode est précisément de donner à votre Église les évêques de demain. Je vous exhorte à les choisir avec soin, afin qu’ils soient dévoués au troupeau, fidèles à la pastorale et non motivés par des ambitions personnelles. Ils ne doivent pas être choisis sur la base de nos propres idées ou préférences, et il convient de faire preuve d’une grande prudence à l’égard de ceux qui ont « le nez dans les affaires » ou de ceux qui « ont toujours une valise à la main », laissant leur peuple orphelin. 

Un évêque qui considère son éparchie comme un tremplin vers un autre poste plus « prestigieux » oublie qu’il est marié à l’Église et risque, si vous me permettez l’expression, de commettre un « adultère pastoral ». Il en va de même lorsque l’on perd son temps à échafauder des plans pour obtenir de nouveaux emplois ou des promotions. Les évêques ne s’achètent pas sur le marché ; c’est le Christ qui les choisit comme successeurs de ses apôtres et bergers de son troupeau.

Dans un monde marqué par l’isolement et la solitude, nous devons veiller à ce que ceux qui nous sont confiés ressentent la proximité du Bon Pasteur, notre propre sollicitude paternelle, la beauté de la fraternité et la miséricorde de Dieu. Les enfants de votre cher peuple ont besoin de la proximité de leurs évêques. Je sais qu’ils constituent une diaspora dans le monde entier, en grand nombre et parfois sur de vastes territoires, où il est difficile de leur rendre visite. Pourtant, l’Église est une mère aimante et elle ne peut manquer de chercher tous les moyens possibles pour les atteindre et leur offrir l’amour de Dieu dans leur propre tradition ecclésiale.

Ce n’est pas tant une question de structures, qui ne sont qu’un moyen d’aider à la diffusion de l’Évangile, mais surtout de charité pastorale, de la recherche et de la promotion du bien avec un regard évangélique et un esprit d’ouverture : je pense aussi à l’importance d’une coopération encore plus étroite avec l’Église apostolique arménienne. 

Chers frères, en ce saint temps du Carême, nous sommes appelés à contempler la croix et à nous appuyer sur le Christ, qui guérit nos blessures par le pardon et l’amour. Nous sommes invités à intercéder pour tous, avec une grande largeur d’esprit. Comme saint Grégoire de Narek, qui a prié : Seigneur, « souviens-toi (…) de ceux qui, dans le genre humain, sont nos ennemis mais, pour eux, donne-leur le pardon et la miséricorde. » Avec une remarquable clairvoyance prophétique, il a ajouté : « N’extermine pas ceux qui me claquent la mâchoire, mais transforme-les ! Bannis les conduites terrestres vicieuses et implante la bonté en moi et en eux. » (Livre des Lamentations, LXXXIII).

Frères, avec les prêtres, les diacres, les personnes consacrées et tous les fidèles de votre Église, vous avez une grande responsabilité. Saint Grégoire l’illuminateur a apporté la lumière du Christ au peuple arménien, qui a été le premier, en tant que tel, à accueillir cette lumière dans son histoire.

Vous êtes donc les témoins et, en quelque sorte, les « premiers-nés » de cette lumière, une aube appelée à faire briller les rayons de la prophétie chrétienne dans un monde qui préfère souvent les ténèbres de la haine, de la division, de la violence et de la vengeance. Vous me rappellerez sans doute que votre Église n’est pas nombreuse. Mais souvenons-nous que Dieu aime faire des merveilles avec les petits. En ce sens, ne manquez pas de prendre soin des petits et des pauvres, en donnant l’exemple d’une vie évangélique éloignée du faste des richesses et de l’arrogance du pouvoir, en accueillant les réfugiés et en soutenant les membres de la diaspora comme des frères et des sœurs, des fils et des filles. 

Je voudrais partager avec vous une autre chose que je considère comme une priorité : prier beaucoup, notamment pour préserver la perception intérieure qui vous permet de travailler en harmonie en discernant les priorités de l’Évangile, celles qui sont chères au Seigneur. Comme le dit l’ancien adage latin : « Préserve l’ordre et l’ordre te préservera. » Veillez à ce que vos synodes soient bien préparés, à ce que les questions soient étudiées avec soin et analysées avec sagesse, et à ce que les décisions, qui visent toujours et uniquement le bien des âmes, soient appliquées et examinées avec prudence, cohérence et compétence, en garantissant avant tout une totale transparence, y compris en ce qui concerne les finances. Les lois doivent être connues et appliquées non par esprit de légalisme, mais parce qu’elles sont les instruments d’une ecclésiologie qui permet même à ceux qui n’ont pas de pouvoir de faire appel à l’Église avec des droits pleinement et clairement définis, et de ne pas se retrouver à la merci des puissants.

Une autre réflexion que je voudrais vous confier et vous soumettre concerne la pastorale des vocations. Dans notre monde sécularisé, les séminaristes et ceux qui se forment à la vie religieuse ont besoin, aujourd’hui plus que jamais, d’être solidement ancrés dans une vie chrétienne authentique, loin de toute « prétention princière ». De même, les prêtres, surtout les jeunes, ont besoin de se sentir proches de leurs évêques, qui favoriseront leur communion fraternelle, afin qu’ils ne se découragent pas face aux difficultés, mais qu’ils grandissent chaque jour dans la docilité à la créativité de l’Esprit Saint, en servant le peuple de Dieu avec la joie née de la charité, et non pas avec l’attitude inflexible et insensible des bureaucrates. En toutes choses, gardons l’espérance : même si la moisson est toujours grande et les ouvriers peu nombreux, comptons sur le Seigneur, qui fait des merveilles en ceux qui se confient en lui.

Votre Béatitude, chers Frères, comment ne pas penser enfin à l’Arménie, non seulement en paroles mais surtout en prières, notamment pour tous ceux qui fuient le Haut-Karabagh et pour les nombreuses familles déplacées qui cherchent refuge. Que de guerres, que de souffrances ! La Première Guerre mondiale était censée être la dernière ; elle a conduit à la création de la Société des Nations, le « précurseur » des Nations Unies, en pensant qu’elle suffirait à préserver le don de la paix. Pourtant, depuis lors, combien de conflits et de massacres avons-nous connus, toujours tragiques et toujours inutiles. J’ai si souvent supplié : Assez ! Reprenons tous le cri de la paix, pour qu’il touche les cœurs, même ceux qui ne sont pas touchés par les souffrances des pauvres et des humbles. Et surtout, prions. Je prie pour vous et pour l’Arménie, et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi !

Je vous remercie de votre présence et de votre ministère. Avant de donner ma bénédiction, je voudrais réciter une prière de saint Nersès le Gracieux. Je vous demande de la prier avec moi, en attendant le jour où, si Dieu le veut, nous pourrons le célébrer sur le même autel avec nos frères et sœurs de l’Église apostolique arménienne : 

« Seigneur tout-puissant, prends pitié de tous ceux qui croient en toi, de mes bien-aimés et de ceux qui me sont étrangers, de tous ceux que je connais et de ceux que je ne connais pas, des vivants et des morts ; pardonne aussi à mes ennemis et à ceux qui me haïssent, pardonne les fautes qu’ils ont commises contre moi et soulage-les de la malveillance qu’ils ont à mon égard, afin qu’ils deviennent dignes de ta miséricorde. Aie pitié de vos créatures et de moi, qui suis un grand pécheur. » (Je confesse avec foi, Les 24 prières, XXIII). 

Je vous remercie.

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Rédaction

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