Audience à la ROACO, 24 juin 2021 © Vatican Media

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Ukraine : « nous sommes revenus au drame de Caïn et Abel »

Audience avec la Réunion des œuvres pour l’aide aux Eglises orientales

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Le pape François est préoccupé par la situation en Syrie, en Irak, au Liban et par « le conflit qui, à partir du Tigré, a de nouveau blessé l’Éthiopie et en partie l’Érythrée voisine et surtout pour la chère et tourmentée Ukraine » : « là-bas, a-t-il dit, nous sommes revenus au drame de Caïn et Abel ». 

Le pape François a reçu les participants à l’Assemblée plénière de la Réunion des œuvres pour l’aide aux Eglises orientales (ROACO), jeudi 23 juin 2022, dans la Salle du Consistoire.

En Ukraine, il a dénoncé « une violence luciférienne, diabolique, à laquelle nous, croyants, sommes appelés à réagir avec la force de la prière, avec l’aide concrète de la charité, avec tous les moyens chrétiens pour que les armes cèdent la place aux négociations ».

Afin de « développer ensemble la symphonie de la charité », le pape a encouragé les Eglises orientales à « continuer à garder devant vos yeux l’icône du bon Samaritain ».

Il a souligné l’importance du « style synodal : « Pour vous accorder, a-t-il dit, il est important d’être en harmonie dans l’écoute réciproque, qui facilite le discernement et conduit à des choix communs, vraiment ecclésiaux ».

 

Voici notre traduction du discours prononcé par le pape.

Chers amis, 

Je suis heureux de vous accueillir ce matin, au terme des travaux de votre session plénière. Je salue le cardinal Sandri, le cardinal Zenari ainsi que les autres représentants pontificaux, les supérieurs et les officials du dicastère et, à travers vous, toutes les personnes qui, sur tous les continents, rendent possible votre générosité.

L’intuition même de la ROACO correspond au chemin synodal que l’Eglise universelle est en train de suivre ; le processus de présentation d’un projet d’aide suppose en effet l’implication de différents acteurs : ceux qui le présentent, les professionnels chargés d’apporter leur contribution, l’évêque ou le supérieur religieux, les représentations pontificales, le Dicastère pour les Eglises orientales et vous, les agences, avec tous ceux qui composent vos bureaux. Chacun a un rôle et est appelé à dialoguer avec les autres, à travers consultations, études, demandes et offres de suggestions et d’explications, en marchant ensemble. Les outils informatiques qui sont en cours de préparation dans vos bureaux rendront le processus plus efficace mais il est important qu’ils soient un soutien à la rencontre et à la confrontation que vous avez mûries ces dernières années, en aidant à développer ensemble la symphonie de la charité.

Lorsqu’un orchestre joue une œuvre importante, il doit accorder ses instruments avant de commencer : c’est seulement ainsi que l’exécution sera digne et révèlera le talent des musiciens. En organisant la symphonie de la charité, continuez à rechercher l’accord et fuyez toute tentation d’isolement et de fermeture sur soi ou dans son groupe, pour rester ouverts à l’accueil des frères et sœurs à qui l’Esprit a suggéré de lancer des expériences de proximité et de service des Eglises catholiques orientales, dans leur patrie comme aussi dans les territoires de ce qu’on appelle la diaspora. Pour vous accorder, il est important d’être en harmonie dans l’écoute réciproque, qui facilite le discernement et conduit à des choix communs, vraiment ecclésiaux. C’est ce que vous avez fait, par exemple, avec l’Assemblée des évêques catholiques de Syrie, dans la Conférence qui s’est tenue à Damas en mars et dans laquelle de nombreux jeunes ont été activement impliqués. Dans le désert de la pauvreté et du découragement provoqués par douze années de guerre qui ont mis à genou la Syrie bienaimée et martyrisée, vous avez pu découvrir en tant qu’Eglise que les sources pour faire refleurir la steppe et donner à boire à ceux qui ont soif ne jailliront que si chacun est capable d’abandonner une certaine attitude autoréférentielle et de se mettre à l’écoute des autres pour distinguer les véritables priorités. Certes, ce sont des gouttes d’eau dans l’océan des nécessités, mais la goutte de l’Eglise ne peut pas manquer, alors qu’on attend toujours de la Communauté internationale et des autorités locales qu’elles n’éteignent pas l’unique flamme d’espérance pour ce peuple qui souffre tant.

Le style synodal a également animé l’Assemblée spéciale du Synode des évêques pour le Moyen-Orient. Le mois de septembre marquera le dixième anniversaire de l’Exhortation Apostolique Ecclesia in Medio Oriente, promulguée par mon prédécesseur Benoît XVI lors de son voyage au Liban. En dix ans, beaucoup de choses se sont passées : pensez aux tristes événements en Irak et en Syrie, aux bouleversements au Pays du Cèdre lui-même. Il y a également eu quelques lueurs d’espoir, comme la signature à Abu Dhabi du document sur la fraternité humaine. Il faudra vérifier sur le terrain les fruits du Synode pour le Moyen-Orient ; entre-temps, il est nécessaire de trouver des outils actualisés et des moyens appropriés pour exprimer la proximité avec les Eglises de la région. Il faut espérer, par ailleurs, que les travaux de la table de coordination sur la Syrie et l’Irak lancée il y a quelques années seront repris, en incluant le Liban dans la réflexion commune.

Je vous prie de continuer à garder devant vos yeux l’icône du bon Samaritain : vous l’avez fait et je sais que vous continuerez à le faire aussi pour le drame causé par le conflit qui, à partir du Tigré, a de nouveau blessé l’Éthiopie et en partie l’Érythrée voisine, et surtout pour la chère et tourmentée Ukraine. Là, nous sommes revenus au drame de Caïn et Abel ; une violence qui détruit la vie s’est déchaînée, une violence luciférienne, diabolique, à laquelle nous, croyants, sommes appelés à réagir avec la force de la prière, avec l’aide concrète de la charité, avec tous les moyens chrétiens pour que les armes cèdent la place aux négociations. Je vous remercie d’avoir contribué à apporter la caresse de l’Eglise et du Pape en Ukraine et dans les pays où les réfugiés ont été accueillis. Dans la foi, nous savons que les sommets de l’orgueil humain et de l’idolâtrie seront abaissés, et que les vallées de la désolation et des larmes seront comblées, mais nous voudrions aussi voir s’accomplir bientôt la prophétie de paix d’Isaïe : qu’un peuple ne lève plus la main sur un autre peuple, que les épées deviennent des charrues et les lances des faux (cf. Is 2,4). Au contraire, tout semble aller dans le sens inverse : la nourriture diminue et le fracas des armes augmente. C’est le modèle caïnique qui gouverne l’histoire aujourd’hui. Ne cessons donc pas de prier, de jeûner, d’aider, de travailler pour que les chemins de la paix trouvent un espace dans la jungle des conflits.

Je vous bénis de tout cœur, reconnaissant pour tout ce que vous faites. N’oubliez pas de prier pour moi aussi. Merci.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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