Conseil Sangha, bouddhisme, Myanmar © L'Osservatore Romano

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Chrétiens et bouddhistes : « résilients dans l’espérance »

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Message du Vatican pour la fête de Vesakh (texte intégral)

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« Bouddhistes et chrétiens résilients dans l’espérance »: tel est le titre du message du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux aux bouddhistes pour la fête de Vesakh/Hanamatsuri 2022, publié le 1er mai. Le texte est signé par le président, le cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot, et par le secrétaire du même Conseil pontifical, Mgr Indunil Janakaratne Kodithuwakku Kankanamalage.

À l’occasion de cette fête – qui sera célébrée cette année le 16 mai et qui commémore les principaux événements de la vie de Bouddha – les responsables du dicastère encouragent les chrétiens et les bouddhistes à « s’efforcer d’être des lampes d’espérance » qui « éclairent le chemin qui mène l’humanité à triompher du vide spirituel ».

Ils affirment que le « sens religieux et moral de la responsabilité » des représentants de ces deux religions « devrait » les « motiver à soutenir l’humanité dans sa quête de réconciliation et de résilience ».

Les auteurs du Message sont « convaincus que l’espérance nous sauve du découragement ». Ils citent, à cet égard, les paroles d’un moine bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh (1926-2022) sur « l’importance de l’espérance » : « Elle peut rendre le moment présent moins difficile à supporter. Si nous croyons que demain sera meilleur, nous pouvons supporter une épreuve aujourd’hui. »

« Travaillons ensemble pour un meilleur lendemain ! » invitent les responsables du dicastère.

Voici le texte du message.

Message du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux

Bouddhistes et chrétiens résilients dans l’espérance

Chers amis bouddhistes,

  1. À l’occasion de la fête du Vesak, qui commémore la naissance, la mort et l’illumination du Bouddha, nous écrivons à vos communautés du monde entier pour leur transmettre les salutations chaleureuses du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
  2. Nous écrivons à un moment où l’humanité est confrontée à de multiples crises. Pour une troisième année consécutive, les populations du monde entier sont prises en otage par la crise sanitaire persistante provoquée par le COVID-19. Les fréquentes catastrophes naturelles liées à la crise écologique ont exposé notre fragilité en tant que citoyens d’une Terre partagée. Les conflits continuent de faire couler le sang d’innocents et de provoquer une souffrance généralisée. Malheureusement, il y a encore ceux qui utilisent la religion pour justifier la violence. Comme le pape François l’a observé avec tristesse, «l’humanité, qui se vante de progresser dans la science, dans la pensée, dans tant de belles choses, régresse dans la construction de la paix… Et cela nous fait honte à tous.» (Discours aux participants à la Session plénière de la Congrégation pour les Églises orientales, 18 février 2022).
  3. Même si nous voyons des signes de solidarité émerger en réponse aux tragédies engendrées par ces crises, la recherche de solutions durables reste ardue. La poursuite de la richesse matérielle et l’abandon des valeurs spirituelles ont conduit à un déclin moral généralisé de la société. En tant que bouddhistes et chrétiens, notre sens religieux et moral de la responsabilité devrait nous motiver à soutenir l’humanité dans sa quête de réconciliation et de résilience. Les personnes religieuses, soutenues par leurs nobles principes, doivent s’efforcer d’être des lampes d’espérance qui, même si elles sont petites, éclairent le chemin qui mène l’humanité à triompher du vide spirituel qui cause tant de méfaits et de souffrances.
  4. Bouddha et Jésus-Christ orientent leurs adeptes vers des valeurs transcendantes, bien que de manière différente. Les nobles vérités du Bouddha expliquent l’origine et les causes de la souffrance et indiquent l’octuple chemin qui mène à la cessation de la souffrance. «C’est la cessation complète de cette « soif », c’est la délaisser, y renoncer, s’en libérer, s’en débarrasser» (Dhammacakkappavattanasutta, 56.11). S’il est pratiqué, cet enseignement est un remède à la saisie incessante qui mène à l’avidité et aux jeux de pouvoir. L’Évangile ne suggère jamais la violence comme réponse. Les Béatitudes proclamées par Jésus nous montrent comment être résilients en donnant la priorité aux valeurs spirituelles au milieu d’un monde qui court à sa perte. «Heureux les pauvres, heureux les doux, heureux ceux qui pleurent, heureux les artisans de paix» (cf. Mt 5,1-12). Ils sont bénis, car malgré les difficultés actuelles, ils comptent sur la promesse divine de bonheur et de salut.
  5. Nous pouvons aider l’humanité à devenir résiliente en déterrant les trésors cachés de nos traditions spirituelles. Pour les bouddhistes, le Noble Sentier octuple peut développer la compassion et la sagesse en direction d’engagements sociaux. Pour les chrétiens, l’espérance est l’un de ces trésors. Comme le dit le pape François, «l’espérance nous invite à reconnaître qu’il y a toujours une voie de sortie, que nous pouvons toujours repréciser le cap, que nous pouvons toujours faire quelque chose pour résoudre les problèmes» (Laudato si’, 61).
  6. Nous sommes convaincus que l’espérance nous sauve du découragement. À cet égard, nous aimerions partager la sagesse de feu le Vénérable Thich Nhat Hanh sur l’importance de l’espérance : « Elle peut rendre le moment présent moins difficile à supporter. Si nous croyons que demain sera meilleur, nous pouvons supporter une épreuve aujourd’hui » (cf. Peace is Every Step, 1991, 41-42). Travaillons ensemble pour un meilleur lendemain !
  7. Chers amis, nous souhaitons que votre célébration du Vesak maintienne l’espérance vivante et génère des actions qui accueillent et répondent aux adversités causées par les crises actuelles.

Miguel Ángel Card. Ayuso Guixot, MCCJ

Président

Mgr Kodithuwakku K. Indunil J.

Secrétaire

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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