Témoignage de Siriman Coulibaly, 3 avr. 2022 © Capture de Zenit / Vatican YouTube

« Ce ne sont pas que des histoires ou des chiffres, mais c’est nous, des personnes, des visages » (traduction complète)

Print Friendly, PDF & Email

Témoignage de Siriman Coulibaly devant le pape François

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

« Nous savons que vous êtes au courant de toutes ces situations et que vous êtes une voix forte pour nos luttes. Nous savons que votre amour n’est pas un mot de service mais sincère, et c’est pourquoi nous sommes ici ensemble à Hal Far avec mes frères et sœurs et des représentants d’organisations qui nous offrent de l’aide ici à Malte »: Siriman Coulibaly, du Nigeria, a remercié le pape François de sa visite au « Centre Jean XXIII Peace Lab », Hal Far, à Malte, ce dimanche 3 avril 2022, dernière étape de son voyage de deux jours dans l’île au coeur des drames de la Méditerranée.

Bientôt papa, il a souligné: « Nous vous remercions pour ce que vous faites pour nous et pour l’amour et le respect de nos rêves et de nos aspirations. »

Il a déploré que les réfugiés, les migrants, ne soient pas considérés comme des frères en humanité: « Ce ne sont pas que des histoires ou des chiffres, mais c’est nous, des personnes en chair et en os, des visages, certains avec des rêves brisés, d’autres qui ont réussi à les réaliser. »

Voici notre traduction, rapide, de travail, de ce deuxième témoignage, après celui de l’Odyssée de Daniel Jude Oukeguale.

AB

"Jean XXIII Peace Lab", 3 av. 2022 © Vatican Media

« Jean XXIII Peace Lab », 3 avr. 2022 © Vatican Media

Témoignage de Siriman Coulibaly

Cher Pape François, je m’appelle Siriman Coulibaly. Je vis à Malte depuis 4 ans et ma femme attend un bébé. Merci d’avoir choisi de nous rencontrer ici au Peace Lab de Hal Far. Peu de gens dans le monde connaissent cet endroit. Hal Far c’est un endroit qui a accueilli beaucoup d’entre nous migrants à Malte. Hal Far est pour nous beaucoup de choses, avant tout un lieu d’invisibilité, un lieu où « ne pas être ».

Aucun de nous ne quitte sa patrie par manque d’amour pour son pays. Au contraire, nos voyages commencent dans l’espoir de trouver un endroit sûr. Nous fuyons la guerre, les conflits violents, les violations des droits de l’homme. Peu de gens réalisent que nous aussi avons un rêve dans notre cœur : vivre dans un endroit où la violence est impensable, où les gens dans toute leur diversité sont acceptés pour ce qu’ils sont, notre rêve s’appelle Liberté et il s’appelle aussi Démocratie. Nous y croyons et beaucoup d’entre nous pensaient que l’Europe était ce genre d’endroit. Lorsque vous fuyez la guerre civile, les conflits et l’extrême pauvreté, vous n’avez rien d’autre que votre détermination à vivre une vie meilleure et le courage et la résilience pour faire face à tous les défis que vous rencontrez.

Malheureusement, beaucoup d’entre nous ne sont pas vus dans la plénitude de notre humanité. Beaucoup apprécient nos luttes et nous aident à trouver un refuge sûr. Cependant, d’autres profitent de la vulnérabilité des personnes qui aspirent à une vie meilleure. Les femmes, les hommes, les enfants et les mineurs non accompagnés deviennent facilement victimes d’exploitation et d’abus et ne sont pas traités avec la dignité que chaque être humain mérite. La dignité humaine n’est pas toujours tenue pour acquise. Beaucoup d’entre nous, nous l’ont vécu sur notre propre peau. Pour beaucoup, cela a signifié des années de souffrance et d’incertitude. Le plein respect de tous les droits de l’homme est une lutte ascendante qui se poursuit dans de nombreux pays. Aujourd’hui, nous voulons rappeler aux personnes qui occupent des postes de décision et qui détiennent le pouvoir, que les droits humains et la dignité sont universels et innés, ils sont reconnus et respectés, ils ne sont pas accordés. Nous sommes tous frères, n’est-ce pas ?

Je fais référence entre autres à la façon dont nous sommes traités lorsque nous, les plus chanceux, parvenons à atteindre la sécurité et passons une longue période de temps avec peu d’informations, vivant dans l’incertitude de ce que nous réserve notre avenir immédiat. Il y a des gens dont la demande a été rejetée et qui ne peuvent pas retourner dans leur pays d’origine parce que c’est toujours dangereux pour eux de le faire, ceux qui s’appellent les Sans Papiers, et ils se retrouvent avec nulle part où aller, avec peu ou pas de droits.

Ce ne sont pas que des histoires ou des chiffres, mais c’est nous, des personnes en chair et en os, des visages, certains avec des rêves brisés, d’autres qui ont réussi à les réaliser. Nous savons que vous êtes au courant de toutes ces situations et que vous êtes une voix forte pour nos luttes. Nous savons que votre amour n’est pas un mot de service mais sincère, et c’est pourquoi nous sommes ici ensemble à Hal Far avec mes frères et sœurs et des représentants d’organisations qui nous offrent de l’aide ici à Malte. Nous vous remercions pour ce que vous faites pour nous et pour l’amour et le respect de nos rêves et de nos aspirations.

Je n’aurais jamais imaginé qu’avec mes frères et sœurs, je parlerais au pape François, à Hal Far ! Quelle grande joie.

Cher Pape François, nous vous en remercions également. Votre amour est la vie pour nous. Merci.

© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

 

 

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel