Prof. Jean-Luc Marion, P. Lombardi, Benoît XVI © fondazioneratzinger.va

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Benoît XVI « un serviteur de la vérité », par le p. Lombardi

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Le pape émérite face au péché de l’Eglise

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Benoît XVI a toujours été « un serviteur de la vérité », rappelle le p. Federico Lombardi, président de la Fondation Joseph Ratzinger-Benoît XVI, au micro de Radio Vatican (Adélaïde Patrignani).

On se souvient que la devise de Benoît XVI est « coopérateurs de la vérité ».

Le p. Lombardi, SJ, a aussi été le porte-parole de Benoît XVI. Il revient sur la lettre de Benoît XVI, lettre adressée au diocèse de Munich et Freising, dont il a été l’archevêque entre 1977 et 1982, publiée accompagnée d’une annexe, hier 8 février 2022.

Un examen de conscience

« Un pasteur au service de la vérité et du salut du monde »: c’est, fait-il observer, ce qui transparaît de Benoît XVI dans la lettre adressée au diocèse de Munich et Freising, dont il a été l’archevêque entre 1977 et 1982.

Elle est accompagnée d’une annexe qui rétablit les faits en répondant aux objections du Rapport de Munich (quelque 1900 pages) sur les abus sexuels dans le diocèse.

Le pape émérite invite à un « examen de conscience », fait observer le père Federico Lombardi, jésuite italien et parfaitement germanophone: il s’agit d’une « lettre totalement sincère, une lettre de vérité sur lui-même, sur la situation de l’Église et sur les attitudes dans lesquelles on peut, on doit vivre ce problème, qu’il a vécu très intensément et avec souffrance durant les derniers mois. Il parle d’un «examen de conscience» qu’il a fait sur lui-même. C’est une attitude que nous tous devons assumer: un examen de conscience sur l’Église, notre participation à cette situation ».

« Il faut se convertir »

Il insiste sur la valeur « pénitentielle » de la lettre du pape émérite et cette forme de « participation au péché de l’Eglise » qu’elle dénote: « Une lettre de sincérité, dans laquelle il prend une attitude vraiment pénitentielle, qu’il vit chaque jour en célébrant l’Eucharistie et en se mettant devant dans une totale sincérité, et pas seulement devant Dieu mais aussi devant la communauté. C’est une confession des péchés publique qui est faite, dit-il. Dans cette communauté, il y a aussi les victimes des abus. Il rappelle ses rencontres avec les victimes, des situations dans lesquelles il a aussi expérimenté la profondeur de la souffrance et du crime qui a endommagé si profondément la vie des victimes. Devant cette situation, il reconnaît concrètement qu’il y a un «grand péché» et qu’il faut se convertir, et reconnaître qu’il y a eu des manques de décision, d’engagement, de compassion. C’est une confession très participative, dans la communauté et devant les victimes. Il exprime avec grande force la honte, la douleur, et demande aussi pardon devant les victimes, devant ses frères et sœurs et devant Dieu. Il demande aussi de prier pour lui dans cette situation. Je suis très impressionné de la profondeur de cette participation au péché de l’Église, dans laquelle il se pose dans une attitude pénitentielle nécessaire devant Dieu pour les croyants. »

« Coopérateurs de la vérité »

Le p. Lombardi rappelle l’engagement de Benoît XVI au service de la vérité: « Une des choses dont il a beaucoup souffert pendant ces derniers temps, c’est d’avoir été accusé de mensonges. Il est un serviteur de la vérité dans toute sa vie. Je ne pense absolument pas qu’il soit un menteur. Ce n’est absolument pas juste de lui faire cette accusation, qui a été très douloureuse pour lui. Il reconnaît les erreurs, mais pas le fait d’être un menteur. Cela doit être respecté, et cela correspond aussi à mon expérience de la collaboration avec lui, en particulier dans toute la réalité des abus. Il n’a jamais essayé de présenter une image de l’Église différente de la réalité, plus jolie, meilleure. La vérité était toujours la première chose pour lui: reconnaître aussi les erreurs, les péchés… Dans ce sens, je suis totalement convaincu que son attitude et sa confession de péchés est quelque chose de vrai, de profondément vrai. »

« Aider les victimes à retrouver une guérison »

Il retient cet appel à la pénitence, à ne pas « céder au désespoir », à aider les victimes  sur un chemin de guérison: « Une attitude pénitentielle qui soit aussi prémices de conversion, pour un engagement décidé à changer les erreurs et à prendre toutes les décisions, les initiatives, la compassion nécessaires pour dépasser la gravité de cette situation. Mais il y a aussi un autre message à la fin, important pour la situation actuelle, et qui est un message d’espérance. Ne pas céder à la tentation du désespoir. Il reconnaît, devant le Jugement de Dieu qui est proche pour lui, d’avoir une tentation de peur ou de désespoir, mais être chrétien nous donne la conviction qu’il y a aussi pour nous un ami, un frère, qui est Jésus-Christ, qui nous accompagne aussi dans la situation la plus obscure pour la dépasser et pour rencontrer Dieu et sa grâce. Je pense que dans cette situation d’humiliation et de profond désarroi que nous sentons dans la situation de l’Église, comme conséquence réelle de la très grande faute, comme le dit Benoît XVI lui-même, nous ne devons pas perdre l’espérance dans la grâce et dans la possibilité de renouveler notre vie, et d’aider aussi les victimes à retrouver une guérison de leurs blessures. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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