Laetitia Calmeyn © capture @Kto.tv

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Laetitia Calmeyn se confie à Céline Hoyeau dans la Croix

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«Si j’avais été un homme, la question ne se serait pas posée »

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« Laetitia Calmeyn : « Si j’avais été un homme, la question de l’amitié avec Mgr Aupetit ne se serait pas posée » » : c’est le titre de cette interview de la théologienne Laetitia Calmeyn, par Céline Hoyeau dans La Croix, du 12 décembre, après la publication d’un article dans Paris Match, le 8.

« C’est la première fois qu’une théologienne, une vierge consacrée dans l’Église, fait l’objet d’un traitement médiatique de la sorte. Comment réagissez-vous ? », demande La Croix. « Il y a deux jours, j’étais vraiment sous le choc, répond la théologienne. J’ai vécu cela comme un traumatisme. Et puis une question m’est apparue : si ç’avait été un homme, un prêtre, au côté de Mgr Aupetit, y aurait-il eu le même traitement médiatique ? Les femmes dans l’Église doivent-elles être réduites à des objets de soupçon, de fantasme, à l’expression de jalousies ou à la servilité ? Est-ce que tout cela veut dire que, dans l’Église et aux yeux du monde, une relation entre un homme et une femme vécue dans l’amitié est inenvisageable ? Je peux tout à fait admettre que des journalistes veuillent me rencontrer, mais ce vol d’images et ce montage pour suggérer des soupçons – alors qu’il n’y a pas matière ! – sont terribles. »

Elle précise : « Il faut distinguer prudence et défiance. Comme vous avez pu le constater à partir des photos de Paris Match, tous les espaces étaient des espaces publics. Qu’une personne extrêmement malmenée ces derniers temps, qui se trouve face à sa démission, garde des espaces d’amitié pour traverser l’épreuve, cela fait partie de l’ABC de la foi. Il ne faut pas se tromper d’objet. Où est le scandale aujourd’hui ? Certainement pas dans l’amitié, mais dans le mal projeté sur cette amitié. »

Elle évoque aussi sa mission dans le diocèsede Paris : « Je suis enseignante à la faculté Notre-Dame du Collège des Bernardins et j’assure la direction de l’ISSR (Institut supérieur des sciences religieuses). Je suis également au conseil du séminaire de Paris. Mais je ne fais pas partie de l’équipe qui accompagne Michel Aupetit dans sa gouvernance. En un an, je suis passée une fois à l’archevêché pour un anniversaire. Il y a des prêtres qui ont d’importantes responsabilités dans le diocèse. Se dirait-on à leur sujet : « Tiens, c’est un homme de pouvoir » ? Je suis du reste loin d’être la seule femme, il y en a d’autres dans les différents conseils diocésains. Et s’il m’arrive d’être consultée par des prêtres ou des laïcs sur l’une ou l’autre question, c’est bien au nom de mes compétences théologiques. On parle beaucoup de la place de la femme dans l’Église. Il me semble très important qu’elle ne se situe pas seulement dans un rapport hiérarchique, mais en vis-à-vis. Je l’ai expérimenté au séminaire : le regard de la femme est tout autre de celui de l’homme. Je ne suis pas pour les quotas de femmes dans l’Église. La question n’est pas là. Il y a un regard féminin nécessaire, mais lié à des charismes. »

Interrogée sur sa place aux bernardins, elle fait observer que « la fraternité et les amitiés déplacent les choses et permettent de vivre de véritables relations de communion. Peu après mon arrivée, un prêtre est venu me voir pour me dire : « Depuis que tu es là, j’ai trouvé ma place. » La question de la place de la femme est importante pour que les hommes trouvent aussi la leur comme hommes, sans s’identifier nécessairement à leur fonction. »

«  La suite que je donne personnellement, conclut Laetitia Calmeyn, c’est d’être fidèle à ma vie consacrée à la suite du Christ et à ma mission. Mais cette fidélité n’exclut pas un devoir de justice. Des avocats sont en train d’explorer toutes les voies judiciaires possibles. Il y aura plainte. Mais nous n’avons pas encore défini précisément l’objet de cette plainte : atteinte à la vie privée, diffamation, calomnie… Il faut éviter que cela se réitère. »

La NRT publie aussi en libre accès un article de Laetitia Calmeyn sur la formation des prêtres.

Mgr Aupetit a lui-même répondu aux questions du Parisien, le 13 décembre 2021.

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Rédaction

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