Soeur Ann Nu Thawng (Birmanie), 8 mars 2021, capture @ Reuters

Soeur Ann Nu Thawng (Birmanie), 8 mars 2021, capture @ Reuters

Birmanie: «Je m’agenouille moi aussi … Moi aussi, j’ouvre les bras …»

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L’appel du pape François pour la fin de l’effusion de sang

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«Je m’agenouille moi aussi … Moi aussi, j’ouvre les bras …»: le pape François a lancé un nouvel appel, ce mercredi 17 mars 2021, pour que cesse l’effusion de sang au Myanmar-Birmanie.

Au terme de l’audience générale du mercredi, en la bibliothèque du palais apostolique du Vatican, le pape François a fait allusion à l’attitude d’une religieuse qui s’est interposée entre la police et les manifestants ces dernières semaines. Les photos ont fait le tour du  monde.

«Encore une fois, a dit le pape ce mercredi, en italien, et avec une grande tristesse, je ressens l’urgence d’évoquer la situation dramatique au Myanmar, où tant de personnes, en particulier des jeunes, perdent la vie pour offrir l’espérance à leur pays. Je m’agenouille moi aussi dans les rues du Myanmar et je dis: que la violence cesse! Moi aussi, j’ouvre les bras et je dis: que prévale le dialogue! Le sang ne résout rien. Que prévale le dialogue.»

Le dimanche 28 février, soeur  Ann Nu Thawng,  religieuse de l’ordre de Saint-François-Xavier — congrégation de droit diocésain dans le diocèse de Myitkyina, dans le Nord de la Birmanie—  s’est agenouillée et a imploré les policiers de s’arrêter, rapporte Radio Vatican: « Au nom de Dieu, épargnez ces jeunes vies. Prenez la mienne. »

Patricia Yadanar Myat Ko, l’une des jeunes filles  qui a trouvé refuge dans son monastère, raconte: «Nous sommes saufs grâce à l’intervention miraculeuse de cette sœur. C’est une véritable héroïne. Nous lui devons la vie».

«Ce n’est qu’à cause de son appel pressant que sœur Ann a réussi à freiner les militaires qui s’acharnaient sur les jeunes. C’est un modèle pour l’Eglise dans toute la Birmanie. Et, après avoir calmé les esprits, elle a couru soigner les blessés», ajoute Joseph Myat Soe Lat, un autre des témoins oculaires, toujours selon Radio Vatican.

Soeur Anne Rose a réitéré son geste le 8 mars,  la religieuse catholique s’est agenouillée devant des policiers, leur faisant signe de partir. Deux d’entre eux se sont agenouillés, les mains jointes et l’un d’eux s’est prosterné à terre, la religieuse aussi. Elle était accompagnée de l’une de ses consoeurs. Elle a raconté à l’agence Reuters qui publie la vidéo:  « Je les ai suppliés de ne pas faire de mal aux manifestants mais de les traiter comme des membres de leur familleJe leur ai dit de plutôt me tuer moi et que je ne me lèverai pas avant d’avoir leur parole qu’ils n’attaqueraient pas brutalement les manifestants. » Des policiers ou des soldats désertent et fuient le pays pour ne pas devoir tirer sur la foule.

L’appel du 3 mars

Le mercredi 3 mars déjà; le pape avait lancé un appel à la paix et à la démocratie en disant: « De Birmanie parviennent encore de tristes nouvelles d’affrontements sanglants, avec des pertes en vies humaines… Je désire rappeler l’attention des autorités concernées, pour que le dialogue prévale sur la répression et l’harmonie sur la discorde. »

Le pape en a appelé à la Communauté internationale: « J’adresse également un appel à la communauté internationale, pour qu’elle se prodigue afin que les aspirations du peuple du Myanmar ne soient pas étouffées par la violence. »

Le pape François a spécialement plaidé pour les jeunes: « Qu’aux jeunes de cette terre soit donnée l’espérance d’un avenir où la haine et l’injustice laissent place à la rencontre et à la réconciliation. »

Il a lancé cet appel à la libération des leaders emprisonnés: « Je répète, enfin, le vœu exprimé il y a un mois: que le chemin vers la démocratie, entrepris ces dernières années au Myanmar, puisse reprendre à travers le geste concret de la libération des divers responsables politiques emprisonnés (cf. Discours au Corps diplomatique, 8 février 2021). »

Le pape a en effet déclaré devant le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, le 8 février dernier: « Ces jours-ci, ma pensée va de façon particulière au peuple du Myanmar, auquel j’exprime mon affection et ma proximité. Le chemin vers la démocratie entrepris ces dernières années a été brusquement interrompu par le coup d’état de la semaine dernière. Il a conduit à l’incarcération de plusieurs responsables politiques, qui je l’espère seront rapidement libérés, comme signe d’encouragement en vue d’un dialogue sincère pour le bien du pays. »

Dès l’angélus du 7 février, le pape François avait lancé un appel au « bien commun », à la « justice sociale » et la « stabilité nationale » en Birmanie (Myanmar), pour une « coexistence démocratique harmonieuse »,.

Il a exprimé son inquiétude, après le coup d’Etat de l’armée birmane, et l’appel du cardinal Bo à la reprise du dialogue.

Intervention à l’ONU

Le Saint-Siège a lancé un appel dans ce sens auprès des Nations Unies le 12 février dernier: se mettre au service « des droits humains et civils fondamentaux », de la « stabilité nationale », pour une coexistence « démocratique et pacifique » : c’est l’appel de Mgr Ivan Jurkovic aux responsables de la crise en Birmanie (Myanmar), après le coup d’Etat militaire du 1er février.

Mgr Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies à Genève (Siosse) est en effet intervenu le 12 février 2021 lors de la 29e session spéciale du Conseil des droits de l’homme sur la crise en Birmanie.

Il a assuré le peuple birman de la proximité spirituelle, de la prière et de la solidarité du Vatican.

« Ces jours-ci, a-t-il déclaré, le Saint-Siège a suivi avec une grande attention et une profonde préoccupation » la situation de ce pays « que le pape François a porté dans son coeur avec tant d’affection depuis sa visite apostolique en 2017 ».

Mgr Jurkovic a « imploré » ceux qui ont des responsibilités « de se mettre avec une volonté sincère, eux et leurs actions, au service du bien commun, des droits humains et civils fondamentaux, de la promotion de la justice sociale et de la stabilité nationale, pour une coexistence harmonieuse, démocratique et pacifique ».

Il a aussi invité « à laisser de côté tout ce qui bloque l’indispensable processus de dialogue et de respect mutuel de la dignité humaine ».

En souhaitant « la résolution pacifique et rapide des tensions », le Saint-Siège a exprimé sa confiance que « la poursuite du dialogue » amène « la paix tant désirée ».

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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