Voeux au Corps diplomatique, 8 février 2021 © Vatican Media

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Journée contre la traite des personnes : le pape plaide pour une économie de la solidarité

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Message vidéo au Marathon de prière en ligne

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« En période de crise, la traite prolifère », déplore le pape François, en cette VIIème Journée internationale de prière et de réflexion contre la traite des personnes. Il faut donc, affirme le pape, « renforcer une économie qui réponde à la crise sans myopie, durablement, solidement ». En ce temps de pandémie, cette économie doit être celle « du soin des personnes et de la nature », c’est-à-dire « de la solidarité ».

Le pape François a adressé un message vidéo aux participants au Marathon de prière en ligne, qui se déroule à l’occasion de la VIIème Journée internationale de prière et de réflexion contre la traite des personnes, intitulée cette année « Une économie sans la traite des personnes ». Le pape a décliné ce que signifie « une économie sans la traite des personnes ».

Une économie sans la traite des personnes, a souligné le pape, c’est aussi une économie « avec des règles de marché qui promeuvent la justice et non des intérêts particuliers exclusifs ». C’est enfin une économie « courageuse », qui a « l’audace de la construction patiente » sachant attendre « les fruits à moyen et à long terme ». Le pape a souhaité que la réflexion et la prière aboutisse à une « action concrète, novatrice et courageuse ».

Voici notre traduction du message vidéo du pape François.

HG

Message vidéo du pape François.

Chères sœurs et chers frères,

Je m’adresse à vous tous qui travaillez contre la traite des personnes et qui êtes aujourd’hui spirituellement unis en cette Journée mondiale de prière qui a aussi une intention spécifique : « Une économie sans la traite ». Je me réjouis de savoir que, cette année, différents moments de prière sont interreligieux, et l’un d’eux en Asie.

Mon message s’adresse à toutes les personnes de bonne volonté qui prient, s’engagent, étudient et réfléchissent pour combattre la traite des personnes ; et surtout à celles qui, comme sainte Bakhita – que nous célébrons aujourd’hui –, ont vécu le drame de la traite dans leur propre vie.

Cette journée est importante, parce qu’elle nous aide tous à nous souvenir de ce drame et nous encourage à ne pas cesser de prier et de lutter ensemble. Puissent la réflexion et la prise de conscience être toujours accompagnées de gestes concrets, qui ouvrent également des chemins d’émancipation sociale. En effet, l’objectif est que toutes les personnes réduites en esclavage redeviennent libres, protagonistes de leur propre vie et participent activement à la construction du bien commun.

Chers amis, il s’agit d’une Journée de prière. Oui, il est nécessaire de prier pour soutenir les victimes de la traite et les personnes qui accompagnent les processus d’intégration et de réinsertion sociale. Il est nécessaire de prier pour que nous apprenions à nous approcher avec humanité et courage de qui est marqué par tant de souffrance et de désespoir, en gardant une vivante espérance. Prier pour être des sentinelles capables de discerner et de faire des choix orientés vers le bien. La prière touche le cœur et pousse à l’action concrète, à une action novatrice, courageuse, qui sache assumer le risque en faisant confiance à la puissance de Dieu (cf. Mc 11, 22-24).

La mémoire liturgique de sainte Bakhita nous rappelle fortement à cette dimension de la foi et de la prière : son témoignage retentit de façon toujours vivante et actuelle ! C’est un rappel à mettre au centre les personnes victimes de la traite, leur famille, leur communauté. Elles sont au centre de notre prière. Sainte Bakhita nous rappelle qu’elles sont les protagonistes de cette journée et que nous sommes tous à leur service (cf. Lc 17, 10).

Et je voudrais maintenant partager avec vous quelques points de réflexion et d’action sur le thème que vous avez choisi : « Une économie sans la traite ». Vous pouvez trouver certains de ces points dans le message que j’ai adressé aux participants à l’événement : « l’Économie de François », le 21 novembre dernier.

Une économie sans la traite, c’est :

  1. Une économie du soin. Le soin peut signifier prendre soin des personnes et de la nature, offrant des produits et des services pour faire grandir le bien commun. Une économie qui prend soin du travail, créant des emplois qui n’exploitent pas le travailleur dans des conditions de travail dégradantes et avec des horaires exténuants. La pandémie de covid a exacerbé et aggravé les conditions d’exploitation par le travail ; la perte d’emplois a pénalisé beaucoup de personnes victimes de la traite, en processus de réhabilitation et de réinsertion sociale. « En ces moments, dans lesquels tout semble se dissoudre et perdre sa consistance, cela nous fait du bien d’en appeler à la solidité qui découle du fait de se savoir responsables de la fragilité des autres en cherchant un destin commun » (EncycliqueFratelli tutti, 115). Une économie du soin est donc une économie solidaire : travaillons pour une solidité qui se conjugue avec la solidarité. Soyons convaincus que la solidarité, bien administrée, donne lieu à une construction sociale plus sure et plus solide (cf. ibid.).
  2. Une économie sans la traite est une économie avec des règles de marché qui promeuvent la justice et non des intérêts particuliers exclusifs. La traite des personnes trouve un terrain fertile dans l’approche du capitalisme néo-libéral, dans la dérèglementation des marchés qui vise à maximiser les profits sans limites éthiques, sans limites sociales et sans limites environnementales (cf. ibid., 210). Si l’on suit cette logique, il n’existe que le calcul des avantages et des désavantages. Les choix ne se font pas sur la base de critères éthiques, mais en servant les intérêts dominants, souvent habilement revêtus d’une apparence humanitaire ou écologique. Les choix ne se font pas en regardant les personnes : les personnes sont un des chiffres, qu’il faut aussi exploiter.
  3. Pour toutes ces raisons, une économie sans la traite est une économie courageuse – il faut du courage. Non pas dans le sens du manque de scrupules, des opérations hasardeuses à la recherche de gains faciles. Non, pas dans ce sens-là ; naturellement, ce n’est pas cela, le courage dont il est question mais, au contraire, l’audace de la construction patiente, de la programmation qui ne regarde pas toujours et uniquement l’avantage à très brève échéance, mais les fruits à moyen et à long terme et, surtout, les personnes. Le courage de conjuguer le profit légitime avec la promotion de l’emploi et de conditions de travail dignes. En période de crise grave, comme actuellement, ce courage est encore plus nécessaire. En période de crise, la traite des personnes prolifère, nous le savons tous : nous le voyons tous les jours. En période de crise, la traite des personnes prolifère ; il faut donc renforcer une économie qui réponde à la crise sans myopie, durablement, solidement.

Chères sœurs et chers frères, mettons tout cela dans notre prière, particulièrement aujourd’hui, par l’intercession de sainte Bakhita. Je prie pour vous et, tous ensemble, prions pour toutes les personnes qui sont victimes de la traite en ce moment. Et vous, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci !

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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