Rencontre avec des indigènes d'Amazonie © Vatican Media

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Synode : un rite spécial amazonien ? Une attente et un besoin concret

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Point presse quotidien du synode

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La proposition d’un rite spécial amazonien représente une attente et un besoin concret, ont expliqué les participants au Synode pour l’Amazonie qui ont animé une conférence de presse ce 24 octobre 2019 au Vatican.
Le cardinal Beniamino Stella, préfet de la Congrégation pour le clergé, a évoqué cette proposition soulevée en assemblée générale et traitée dans les groupes linguistiques : « Les évêques de la région, a-t-il constaté, sentent le besoin de communiquer avec leur langue, avec leurs symboles, avec un certain ritualisme local… cette proposition ne m’a pas surpris. Je ne sais pas ce qu’il y aura dans le texte final, mais j’ai vu qu’il y avait une attente, et aussi un besoin concret que les évêques rencontrent ces réalités très diverses. »
Il s’agit de se demander « comment parlons-nous, comment présentons-nous l’Evangile, quel sens a une célébration en rite latin pour ces populations ? » Et le préfet de rappeler : « l’Amazonie est une réalité pluri-ethnique, pluri-linguistique, il y a des centaines d’ethnies et des dizaines de langues ».
Certes, a aussi souligné le cardinal Stella, la proposition touche de nombreux domaines (liturgique, disciplinaire, théologique…) : « Il faut approfondir, prendre du temps car les rites expriment une histoire, une spiritualité… il faudra beaucoup y travailler. »
Mgr Alberto Taveira Corrêa, archevêque de Belém au Brésil, a fait observer que, « comme toutes les Eglises qui construisent la communion dans la foi chrétienne, les Eglises d’Amérique latine ont aussi besoin de pouvoir exprimer leur foi… Nous ne pouvons pas continuer à vivre avec des schémas trop éloignés de nos peuples, nous avons besoin de faire naître dans l’Eglise les visages spécifiques des groupes humains auxquels la proposition chrétienne arrive. »
Ainsi, a-t-il ajouté, « nos peuples avaient leurs propres expériences religieuses, des théologies qui donnaient sens à leur vie et c’est au sein de cela qu’ils ont reçu l’annonce… Nous avons aussi la responsabilité de savoir ce qui est substantiel dans la proposition chrétienne et ce qui est secondaire, culturel… Il faut des rites adéquats à nos peuples, dans toute leur diversité ».
Pour sœur Mariluce dos Santos Mesquita, religieuse brésilienne de l’ethnie Barassana, les peuples d’Amazonie ont déjà leur spiritualité : « C’est en partant de nos rites amazoniens que nous célébrons, et nous cohabitons avec nos valeurs (ancestrales)… nous apportons nos symboles ». Par cette proposition de rite propre, a-t-elle estimé, « le Synode propose de reconnaître, d’approfondir davantage notre spiritualité indigène, de la confronter avec la Parole de Dieu ».
Le Péruvien Delio Siticonatzi Camaiteri, membres du peuple Ashaninca, a témoigné quant à lui : « Nous avons notre vision du cosmos, notre façon de regarder le monde qui nous entoure, et qui nous rapproche de Dieu… parce que nous indigènes, vivons l’harmonie avec tous les êtres vivants. »
Il a exprimé cependant le nœud central de la foi : « Nous avons nos rites mais ils doivent être intégrés au cœur qu’est Jésus Christ, c’est lui qui nous unit. » A ceux qui sont « dubitatifs » devant la réalité des indigènes, il a demandé : « Vous devez nous aider à vivre intensément notre foi. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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