70e visite à Sainte-Marie-Majeure © Alessandro Gisotti

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Agressions contre des femmes consacrées: conférence de presse dans l'avion Abou Dhabi-Rome 3/3

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« L’humanité n’a pas encore mûri »

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A propos d’un article publié par le mensuel « Femmes, Eglise, monde » de février 2019 de L’Osservatore Romano, dénonçant les agressions commises par des membres du clergé contre des religieuses et femmes consacrées, le pape reconnu que c’était « un problème », devant la presse internationale, dans l’avion Abou Dhabi-Rome, ce 5 février 2019, selon Vatican News.
« Sans toucher », c’est le titre de la chronique de Lucetta Scaraffia dans ce mensuel de L’Osservatore. L’historienne italienne dénonce entre autres les abus sexuels dont des religieuses sont victimes et elle souligne que « pour revenir à la liberté de faire une caresse, de prendre une main, de mettre le bras autour d’une épaule – la charité est aussi faite de cela – il faut trouver une issue au scandale des abus » (cf. l’article d’Anne Kurian de ce 5 février 2019).
Plus largement, le pape a parlé des mauvais traitements dont des femmes sont victimes, rapportent les media du Vatican: « J’oserais dire que l’humanité n’a pas encore mûri: la femme est considérée comme quelqu’un de ‘seconde classe’. Partons de cela: c’est un problème culturel »qui ouvre ensuite la voie aux « féminicides ».
Un scandale à l’intérieur même de l’Eglise: « C’est vrai, à l’intérieur de l’Église, il y a eu des clercs qui ont fait cela. Il y a eu des prêtres et des évêques qui ont fait cela, et je crois qu’il y en a encore », a ajouté le pape.
Évoquant la suspension ou le renvoi de certains clercs et la dissolution d’une congrégation féminine, le pape a fait observer que le problème est pris en compte depuis un certain temps au Vatican, avant de poser la question: «Doit-on faire quelque chose de plus ? Oui. En avons-nous la volonté ? Oui. Mais c’est un chemin qui vient de loin». Il a assuré qu’il voulait avancer sur cette question.
Il a salué l’action de Benoît XVI, qui a eu le « courage » de dissoudre une congrégation « dont certains membres, et jusqu’au fondateur, avaient ouvert la porte à cet « esclavage » »: Benoît XVI qui, alors qu’il était encore cardinal, avait recueilli les preuves documentées d’une forte corruption sexuelle et économique au sein d’une organisation religieuse, mais qui avait dû patienter jusqu’à son accession au Siège de Pierre pour pouvoir agir et débloquer la situation.
Le pape a appuyé son hommage à son prédécesseur qu’il fait souvent applaudir: « Le folklore le montre comme un faible. Mais il n’a rien de faible. C’est un homme bon, (…) mais fort ».
Pour sa part, l’historienne italienne conclut: « La perspective dans laquelle le pape François a formulé le problème des abus est donc la bonne et elle rejoint une autre de ses demandes faites à l’Église : que soit reconnu aux femmes le rôle qui leur revient. En effet, c’est sur ce manque évident de reconnaissance des femmes que se greffe la culture de la violence et que devient possible une pratique massive d’abus indigne de tout chrétien. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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