Nadia Murad, 20 déc. 2018 © Vatican Media

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Yézidis: Nadia Murad reçue par le pape François

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Nobel de la Paix 2018 et Prix Sakharov 2016

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Nadia Murad, Prix Nobel de la paix, survivante et témoin du génocide des Yézidis par Daech, a été reçue par le pape François au Vatican, ce jeudi 20 décembre 2018, indique le Saint-Siège.
Il s’agit d’une visite privée qui ne fait donc pas l’objet d’un communiqué spécifique du Vatican.
Elle est lauréate du prix Nobel de la paix 2018 avec Denis Mukwege, pour leurs efforts pour mettre fin à l’emploi des violences sexuelles en tant qu’arme de guerre.
Elle a publié en français son livre Pour que je sois la dernière, en février dernier, chez Fayard. Elle a offert son livre au pape François.
Nadia Murad Basee Taha, jeune femme yézidie, qui a survécu à la traite des êtres humains, avait déjà pu saluer le pape François à l’occasion de l’audience générale du mercredi 3 mai 2017, place Saint-Pierre.
Nominée déjà en 2016 pour le Prix Nobel de la Paix, elle a été nommée Ambassadrice de bonne volonté de l’Office des Nations Unies pour la lutte contre la drogue et le crime (ONUDC) pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains. C’est la première fois qu’un survivant d’atrocités est nommé à cette fonction.
Agée de 25 ans, Nadia Murad a décrit, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, lors de sa première session consacrée à la traite des personnes le 16 décembre 2016, comment elle et d’autres Yézidis, une minorité religieuse, ont été raflés en Iraq en 2014. Elle a raconté les meurtres d’hommes et de jeunes garçons commis de sang-froid par les combattants de Daech. Elle a elle-même fait l’objet de graves sévices et elle a été achetée et vendue plusieurs fois.
L’ancien secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki Moon a demandé instamment aux nations de « ratifier et d’appliquer pleinement la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et son protocole sur la traite des êtres humains, ainsi que tous les droits de l’homme internationaux fondamentaux et les instruments humanitaires ». Il a également demandé « aux gouvernements, aux entreprises et à d’autres partenaires de soutenir le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants ».
Les Yézidis sont une ethnie kurde de 4 000 ans d’histoire, professant un monothéisme qui serait issu d’anciennes croyances kurdes, peut être d’origine iranienne, mais avec des éléments de l’islam sunnite et du soufisme.
Nadia Murad et Lamya Aji Bachar ont reçu ensemble, le 13 décembre 2016, le prix Sakharov, au Parlement européen, pour les défenseurs des droits de l’homme.
Elles ont dénoncé, dans L’Osservatore Romano – qui n’hésitait pas employer le mot de génocide -, le fait qu’encore « trois mille jeunes Yézidies ont été réduites en esclavage ». Elles attendent de  la communauté internationale « la création de zones protégées pour un demi-million de Yézidis qui, autrement, vont mourir ou arriver en Europe». Elles attendent aussi un arrêt de la Cour pénale internationale sur les « crimes contre l’humanité » commis par Daesh.
Rappelons que dans La Fabrique des terroristes : dans les secrets de Daech, ouvrage coécrit avec Nastasie Costel, le père Patrick Desbois qualifie de génocide les actions menées par Daech contre les Yézidis. Aujourd’hui encore, sur le terrain, il aide les Yézidis, notamment les enfants, à se reconstruire.
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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