Clavier d'ordinateur © Wikimedia Commons / Reategui12

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"De l’aide pour faire la lumière. Médias et abus", une réflexion de Lucetta Scaraffia

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« Il ne faut pas considérer cette vague médiatique comme une attaque malveillante »

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De l’aide pour faire la lumière

Médias et abus

Par Lucetta Scaraffia

 Source: L’Osservatore Romano en italien du 10 août 2018

Presque tous les jours, les médias dans diverses parties du monde annoncent une nouvelle relative à l’Église. Mais en général, il ne s’agit pas d’informations sur les innombrables interventions d’aide et d’assistance, de soutien à la justice, de réalisations fréquentes manifestement à contre-courant des interventions des institutions d’État et souvent aussi des interventions internationales mais de dénonciations d’abus sexuels plus ou moins récents, scandaleusement couverts par la loi du silence.

Et le fait qu’aujourd’hui les médias soient devenus si envahissants et insidieux, surtout sur les supports informatiques, fait qu’une interview d’une victime largement diffusée a le pouvoir de provoquer un découragement et une indignation beaucoup plus forts qu’un article qui dénoncerait le fait.

Ces dernières années, d’une manière croissante, l’Église en tant qu’institution a été investie par cette vague médiatique qui semble implacable et sans pitié, entre autres parce qu’elle naît de la déception de découvrir les trous noirs d’un organisme qui apparaît au contraire, aux yeux du monde, comme une importante agence morale. Dans les sociétés où la révolution sexuelle s’est affirmée depuis des décennies et où la sécularisation est un phénomène désormais stabilisé depuis longtemps, ce qui indigne n’est pas tant l’infraction sexuelle ou la faiblesse humaine, démontrée par l’incapacité de maintenir un engagement pris, mais plutôt les agissements de pouvoir qui sous-tendent ces épisodes et qui expliquent aussi le silence qui les a couverts et, de fait, protégés.

Dans l’ensemble, il ne faut pourtant pas considérer cette vague médiatique comme une attaque malveillante à l’égard de l’institution, comme une volonté agressive de ceux qui cherchent le scandale à tous prix : le scandale existe vraiment, il est là et il ne consiste pas tant dans la transgression sexuelle que dans l’abus de pouvoir, et ensuite dans le silence et le manque de sanctions contre les responsables, silence et impunité qui humilient les victimes. Les médias, avec leurs enquêtes et interviews, contraignent ceux qui voulaient étouffer et oublier à faire justice et rappellent que les victimes ont une dignité à respecter et à protéger.

Presque toujours, comme cela se produit maintenant pour les abus sur les religieuses, les personnes qui parlent sont les victimes qui ont cherché à demander justice, mais en général sans succès, à l’intérieur de l’institution dont elles font partie, l’Église. En pensant qu’elles aussi, les victimes, font partie de l’Église, exactement comme les responsables d’abus qui ont souvent été couverts par le silence, au nom de l’institution à protéger. Mais ainsi, quelle institution a voulu se protéger ?

Nous savons bien que les dénonciations ne sont pas toujours fondées, que les relations humaines sont très complexes et qu’il peut ne pas être facile de les définir sur la base des dynamiques qui existent entre les victimes et les agresseurs, surtout lorsqu’il s’agit d’adultes et non de mineurs. Mais la clarté sert à tout le monde, ainsi qu’à défendre des soupçons infondés et des regards accusateurs celui qui est injustement accusé.

Ainsi, paradoxalement, les médias aident l’Église à faire la lumière, à affronter des problèmes complexes et douloureux qui ont été renvoyés, sinon carrément enterrés. Et il est légitime d’espérer qu’une volonté analogue d’information sérieuse soit aussi étendue aux contributions positives d’une institution millénaire qui a bien sûr besoin d’être secouée, mais qui se fonde sur une bonne nouvelle à ne jamais oublier.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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