Le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, s’est éteint dans la soirée du 5 juillet 2018, aux Etats-Unis, à l’âge de 75 ans, ont annoncé les médias du Vatican le lendemain : ils saluent un « artisan du dialogue interreligieux » qui « n’a cessé d’œuvrer inlassablement pour la paix mondiale ». Il a été le proche collaborateur de trois papes, sillonnant le monde au service de la diplomatie vaticane.
Né le 5 avril 1943, il a été ordonné prêtre en 1969, et il a été appelé à Rome en 1973 pour entrer au service de la diplomatie du Saint-Siège dès 1975. Il a fréquenté l’Académie ecclésiastique, c’est-à-dire « l’Ecole » de la diplomatie vaticane, et l’université pontificale grégorienne où il a obtenu un doctorat en droit canon. Il a ensuite exercé son ministère à la nonciature à Saint-Domingue (1975-1979), puis au Liban (1979-1983).
En 2003, le pape polonais le crée cardinal lors du consistoire du 21 octobre 2003 et le nomme Archiviste bibliothécaire de la sainte Eglise romaine, où il a mis en route les programmes d’ouverture anticipée de certaines archives et la restauration des bâtiments. La bibliothèque sera pour cela fermée pendant trois ans.
Benoît XVI lui confie en 2007 la présidence du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, « mission délicate au centre de l’échiquier géopolitique », note Vatican News.
A ce poste, le cardinal Tauran a sillonné le monde : Pakistan, Iran, Jordanie, Azerbaidjan, Côte d’Ivoire, Algérie, Bénin, Nigéria, Inde, Corée, Bangladesh… il a organisé le premier sommet catholique-musulman en septembre 2008 à Rome. Il a aussi œuvré pour le rapprochement entre le Vatican et l’université Al-Azar (Egypte), plus haute autorité de l’islam sunnite.
Encore récemment, du 13 au 20 avril dernier, le président du dicastère était en Arabie Saoudite où il a notamment rencontré le cheikh Muhammad Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale (LMM), et le prince Mohammed bin Abdurrahman bin Abdulaziz, gouverneur adjoint de la capitale. Le Vatican et le Royaume saoudien on signé un accord de coopération à l’occasion de ce voyage.
Nommé cardinal protodiacre en 2011 par Benoît XVI, le cardinal Tauran avait été nommé camerlingue par le pape François en 2014, c’est-à-dire en charge de gérer les affaires du Saint-Siège durant une période de vacance apostolique. Il était membre de différents dicastères : Congrégations pour la doctrine de la foi, pour les Églises orientales, pour les évêques ; Conseils pontificaux pour la promotion de l’unité des chrétiens, pour la culture ; tribunal suprême de la signature apostolique ; commission cardinalice de vigilance de l’Institut pour les œuvres de religion (banque du Vatican) ; administration du patrimoine du Siège apostolique ; commission pontificale pour l’État de la Cité du Vatican ; conseil spécial pour le Moyen-Orient du Secrétariat général du Synode des évêques.
Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, a salué ainsi sa mémoire : « Le cardinal Jean-Louis Tauran a donné toute sa vie pour le service de l’Évangile et de l’Église dans la diplomatie du Saint Siège et toujours au service de la paix dans le monde dans le dialogue interreligieux. D’après lui, les religions ne sont pas la cause des guerres dans le monde mais on ne peut comprendre le monde sans les religions. Sa foi et son courage dans les épreuves qu’il a traversées ont fait l’admiration de tous. Jusqu’au bout, il a servi et témoigné. »
Après sa disparition, le Collège des cardinaux est composé de 225 cardinaux dont 124 électeurs et 101 non-électeurs.