© RomaSette - Cardinal Eduardo Pironio, clôture de la phase diocésaine de la cause

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Le cardinal Pironio, bonheur du sacerdoce, par le card. Sandri

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Journée de mémoire pour le XXe anniversaire de sa mort

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Le cardinal argentin Eduardo Francisco Pironio (1920-1998) « a toujours eu une claire conscience de la source, son sacerdoce », affirme le card. Leonardo Sandri , préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, en citant le prélat : « J’ai vécu et beaucoup souffert dans ma longue vie de prêtre. C’est pourquoi j’ai un certain droit à dire que je me sens très heureux d’être prêtre. »
Le cardinal Sandri parle du “bonheur du sacerdoce” dans son texte publié par L’Osservatore Romano du 31 mai 2018: il est intervenu au cours d’une Journée de mémoire en l’honneur du serviteur de Dieu cardinal Pironio, promue par l’ambassade d’Argentine près le Saint-Siège pour le XXe anniversaire de sa mort (30 mai), à Rome. Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, a inauguré cette Journée au Palais San Calisto.
Le cardinal Sandri cite « un petit mot de vœu » pour son ordination sacerdotale écrit par le cardinal Pironio, en 1967, où il parle de « la joie » du sacerdoce : « Quelle joie de savoir que bientôt, tu seras prêtre ! a écrit le card. Pironio. Comme je sens revivre dans le tien, frais et généreux, la joie de mon sacerdoce ! … J’ai vécu et beaucoup souffert dans ma longue vie de prêtre. C’est pourquoi j’ai un certain droit à dire que je me sens très heureux d’être prêtre. »
« Aujourd’hui, dit le préfet, certains tordraient le nez en entendant définir le prêtre selon la définition alter Christus, mais quand nous avons devant nous des figures comme celle du cardinal Pironio nous comprenons que cette crainte est sans fondement : un profond enracinement dans le Seigneur Jésus porte justement à assumer comme le Maître une grande attention humaine, simple, concrète et quotidienne, à la vie des hommes qui lui sont confiés. »
Rappelons que la phase diocésaine de la cause de béatification et de canonisation du card. Pironio s’est achevée, au niveau du diocèse de Rome, après dix ans d’enquête. Une cérémonie consacrée à cet événement a eu lieu le 11 mars 2018. Le cardinal Pironio est celui qui a lancé avec le pape Jean-Paul II les Journées mondiales de la jeunesse.
Voici notre traduction de l’italien du discours du cardinal Sandri, avec l’autorisation du quotidien du Vatican.
MD
Le bonheur du sacerdoce
J’ai eu la joie, lors de ma formation au séminaire, pendant quelques années, d’avoir à mes côtés la présence de don Eduardo Pironio comme Recteur, avant qu’il ne devienne évêque auxiliaire de La Plata. De ce siège, quelques jours avant mon ordination sacerdotale, qui eut lieu le 2 décembre 1967, Mgr Pironio m’a écrit un petit mot de vœu que je conserve encore avec soin, et cela me touche de le ressortir et d’en faire la lecture juste après la célébration de mon jubilé d’or sacerdotal. Il me disait : « Très cher Sandri : quelle joie de savoir que bientôt, tu seras prêtre ! Comme je sens revivre dans le tien, frais et généreux, la joie de mon sacerdoce ! Je te recommande à la Vierge de manière spéciale. Celle-ci — sous l’action de l’Esprit — formera en toi le nouveau Christ. Je souhaite que ta vie soit simplement ceci : une présence permanente du Christ parmi les hommes. J’ai vécu et beaucoup souffert dans ma longue vie de prêtre. C’est pourquoi j’ai un certain droit à dire que je me sens très heureux d’être prêtre et que les âmes n’attendent rien d‘autre si ce n’est « l’homme de Dieu ». Je t’offre de tout cœur la simplicité de ma prière, la joie de ma croix et la sincérité de mon affection de frère et ami. Et je te prie de me recommander au Seigneur dans tes grandes dates et de me bénir. Avec le Christ et la très sainte Vierge Marie ».
Chacun de nous ici présent et tant d’autres ont pu le connaître avant sous différentes charges et responsabilités, à l’intérieur de l’Épiscopat argentin et latino-américain, puis dans ses fonctions à la Curie romaine, et malgré les fatigues qu’il a dû affronter nous nous souvenons tous de lui avec une profonde paix au cœur et un sourire qui n’était pas seulement sur les lèvres, mais aussi dans le regard, comme provenant du cœur.
Il me semble que je peux dire avec franchise que cela a pu arriver parce qu’il a toujours eu une claire conscience de la source, son sacerdoce : ce qu’il dit dans le petit mot qu’il m’a écrit, d’avoir vécu et souffert beaucoup dans sa vie sacerdotale et pour cela d’être très heureux d’être prêtre, est singulier. Aujourd’hui, certains tordraient le nez en tendant définir le prêtre selon la définition alter Christus, mais quand nous avons devant nous des figures comme celle du cardinal Pironio nous comprenons que cette crainte est sans fondement : un profond enracinement dans le Seigneur Jésus porte justement à assumer comme le Maître une grande attention humaine, simple, concrète et quotidienne, à la vie des hommes qui lui sont confiés. Je me souviens des entretiens que le p. Pironio avait avec nous séminaristes personnellement, en nous rendant visite dans nos chambres, en nous posant des questions sur notre vie, sur nos études, et cherchant aussi de trouver des familles qui puissent nous aider économiquement. Lors de ces échanges, je me souviens, il insistait que nous devions développer en nous une dévotion à Notre Sainte Mère, comme un gage de fidélité dans notre futur sacerdoce. Un recteur qui savait prendre des décisions — comme dans le cas d’un séminariste éloigné après un grave épisode de discipline —, mais capable aussi d’être proche de notre croissance en brisant les barrières formelles, comme lorsque, durant les vacances à la résidence d’été du séminaire La Montenera (Pilar), il vint avec nous jusqu’au fleuve Luján et monta avec nous sur les petites barques pour faire un tour sur l’eau, chose qui, à l’époque, ne se faisait pas, n’était pas pensable. Et au cours des années suivantes, quand tous les deux nous étions à Rome, je me souviens de tant d’épisodes qui exaltent son esprit sacerdotal: entre autres, de cette délicatesse avec laquelle il prenait soin de frère Angel, même durant la maladie, et de l’amitié qu’il a montrée pour le cardinal Quarracino, hospitalisé au Fatebenefratelli pour une attaque cérébrale avant de prendre son avion pour rentrer à Buenos Aires, qu’il voulut aller trouver aux urgences avec Mgr Manuel Fernández (Manolo) et moi-même. Le « sceau sacerdotal » du cardinal Pironio me remettant à la Vierge Marie est précieusement conservé chez moi, dans cette statuette en bois de la Val Gardena della Virgen del acompañamiento qu’il voulut m’offrir quand je m’apprêtais à partir pour le Venezuela comme nonce, en 1997 : ce fut notre dernière rencontre.
Nous pouvons dire avec franchise que le cardinal Pironio n’a pas été bien compris dans ses traits et dans ses décisions, en Amérique Latine comme ici à Rome : cela ne saurait nous scandaliser ou nous diviser entre nous, en faisant des camps comme le monde (et peut-être — dirait l’écrivain Benson aimé et cité par le pape François — le maître du monde) voudrait, mais nous faire traverser toute tempête avec cette sérénité que le serviteur de Dieu avait. C’est-à-dire que l’Église est du Christ et qu’il est sur la barque pour nous faire affronter les eaux de la mission, en portant son évangile.
Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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Océane Le Gall

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