P. Hans Zollner, Capture TV2000

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Le traumatisme spirituel causé par les abus sexuels, par le p. Zollner

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En plus des blessures physiques et psychiques

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Un traumatisme spirituel s’ajoute aux blessures physiques et psychiques infligées par les abus sexuels de la part de membres du clergé, fait observer le père Hans Zollner SJ, directeur du Centre pour la protection des enfants (Centre for Child Protection, CCP), dans un article publié en italien par la Civiltà Cattolica.
« Lors d’une rencontre avec le pape François, explique le p. Zollner dans la synthèse de son article, une victime d’abus sexuels raconta avec une profonde tristesse et un profond désespoir : « Jésus avait près de lui sa mère, quand il a affronté la souffrance et qu’il est mort. Ma mère, l’Eglise, elle, au contraire, m’a laissé seul au moment de ma souffrance ». En plus des profondes blessures laissées sur le corps et dans le psychisme des victimes d’abus sexuels, ces personnes souffrent d’un traumatisme spirituel. Celui d’avoir subi un abus de la part d’un prêtre ou d’un religieux, « représentant de Dieu », fait qui assombrit l’image même de Dieu chez la victime. Cette implication, on la trouve plus ou moins sous la même forme pour toutes les confessions religieuses, mais dans l’Eglise catholique celle-ci a des connotations particulières. »
Il fait observer que « l’Eglise a été fondée et chargée par son Seigneur Jésus Christ d’annoncer cette bonne nouvelle : Dieu aime les hommes, il est miséricordieux et fait tout ce qu’Il peut pour les sauver, et en son Fils il va jusqu’à donner sa vie pour eux. Une quantité immense de personnes, en 2000 ans, a assumé cette charge et a contribué à faire en sorte que l’Eglise soit un merveilleux sacrement de salut pour les pauvres, les malades et tous ceux qui sont particulièrement vulnérables. Mais en même temps, disons-le, il y a toujours eu dans l’Eglise des personnes qui ont fait exactement le contraire de ce qu’eux-mêmes, l’Eglise et Jésus annonçaient. »
« Il y a clairement dans la vie de l’Eglise des facteurs qui favorisent l’abus, ou bien cachent et empêchent sa découverte et sa punition. Des facteurs qui demandent des interventions sur le plan formatif et organisationnel », ajoute le père Zollner.
« Sur le premier versant nous trouvons la gestion de sa propre sexualité à l’intérieur de la condition du célibat, explique le jésuite allemand ; et puis la conception du ministère et du rôle du prêtre dans l’Eglise et dans la société spécifique dans laquelle il vit et agit. Sur l’autre versant, le plan organisationnel, un facteur de risque est cette « mentalité de tranchée », celle pour laquelle on veut résoudre les choses à l’intérieur, en excluant la dimension publique. La présence de structures peut claires et des limites hiérarchiques ambiguës favorisent les conditions qui rendent possible un abus. »
Il pose une question difficile : « Dans une société où la crédibilité est une des plus valeurs les plus élevées, la crise provoquée par les abus nous met face à des questions décisives dont celle-ci est l’une des premières : sommes-nous disposés à revoir notre façon d’être Eglise ? »
Pour le père Zollner, la lutte contre les abus sexuels « durera encore longtemps » : « Personne n’est en mesure de vaincre définitivement le mal – cela serait une présomption fatale – mais on peut faire beaucoup pour réduire le plus possible le risque et augmenter la prévention. Aujourd’hui, dans l’Eglise universelle, l’aiguille de la balance tend à repartir dans l’autre sens, lentement mais sûrement, dans la bonne direction. »

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Océane Le Gall

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