Fête à a nonciature de Bogota, 9 sept. 2017 © L'Osservatore Romano

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Colombie : Un peuple capable d’avoir des enfants… a un avenir

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Catéchèse du pape François (Traduction intégrale)

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« Un peuple capable d’avoir des enfants et capable de les montrer avec fierté, avec espérance : ce peuple a un avenir », a déclaré le pape François dans sa catéchèse à propos de la Colombie. Exprimant sa reconnaissance aux Autorités qui l’ont accueilli ainsi qu’aux évêques qu’il a rencontrés, il a étendu ses remerciements au peuple colombien, « un peuple joyeux parmi toutes ses souffrances, mais joyeux ; un peuple avec de l’espérance ».
Selon l’usage, le pape est revenu sur les différentes étapes de son récent voyage apostolique en Colombie (6-11 septembre), deux jours après son retour, durant l’audience générale de ce mercredi 13 septembre 2017, sur la place Saint-Pierre.
Il a commencé par évoquer le processus de réconciliation actuel du pays en affirmant : « Par ma visite, j’ai voulu bénir l’effort de ce peuple, le confirmer dans la foi et dans l’espérance et recevoir son témoignage, qui est une richesse pour mon ministère et pour toute l’Église. »
Rappelant les racines chrétiennes « très fortes » de la Colombie, il a assuré qu’elles constituent « la garantie de la paix, le ferme fondement de sa reconstruction, la sève de son invincible espérance ».
Visiblement touché par l’accueil qui lui a été réservé, le pape François a redit qu’il était venu bénir le « désir de vie et de paix qui déborde du cœur de cette nation : j’ai pu le voir dans les yeux des milliers et des milliers d’enfants, d’adolescents et de jeunes », « cette force de vie que proclame la nature elle-même avec son exubérance et sa biodiversité ».
Voici notre traduction intégrale de la catéchèse du pape François.
HG
 
Catéchèse intégrale du pape François
Chers frères et sœurs, bonjour,
Comme vous le savez, ces jours derniers j’ai effectué un voyage apostolique en Colombie. De tout cœur je remercie le Seigneur pour ce grand don ; et je désire renouveler l’expression de ma reconnaissance à l’égard de Monsieur le Président de la République qui m’a accueilli avec tant de courtoisie, des évêques colombiens qui ont tellement travaillé – pour préparer cette visite – ainsi qu’à l’égard des autres Autorités du pays et de tous ceux qui ont collaboré à la réalisation de cette visite. Et un remerciement particulier au peuple colombien qui m’a accueilli avec tant d’affection et tant de joie ! Un peuple joyeux parmi toutes ses souffrances, mais joyeux ; un peuple avec de l’espérance. Une des choses qui m’a le plus frappé dans toutes les villes, parmi la foule, c’était les papas et les mamans avec leurs enfants, qui soulevaient leurs enfants pour que le pape les bénisse, mais aussi avec fierté, ils faisaient voir leurs enfants comme pour dire : « C’est notre fierté ! C’est notre espérance ! » J’ai pensé : un peuple capable d’avoir des enfants et capable de les montrer avec fierté, avec espérance : ce peuple a un avenir. Et cela m’a beaucoup plu.
Dans ce voyage, j’ai particulièrement ressenti la continuité avec les deux papes qui ont visité la Colombie avant moi : le bienheureux Paul VI, en 1968, et saint Jean-Paul II, en 86. Une continuité fortement animée par l’Esprit qui guide les pas du peuple de Dieu sur les routes de l’histoire.
La devise du voyage était : « Demos el primer paso », c’est-à-dire « Faisons le premier pas », en référence au processus de réconciliation que vit la Colombie pour sortir d’un demi-siècle de conflit interne, qui a semé des souffrances et des inimitiés, provoquant tant de blessures difficiles à cicatriser. Mais avec l’aide de Dieu, ce chemin est déjà commencé. Par ma visite, j’ai voulu bénir l’effort de ce peuple, le confirmer dans la foi et dans l’espérance et recevoir son témoignage, qui est une richesse pour mon ministère et pour toute l’Église. Le témoignage de ce peuple est une richesse pour toute l’Église.
La Colombie – comme la majeure partie des pays latino-américains – est un pays où les racines chrétiennes sont très fortes. Et si ce fait rend encore plus aiguë la douleur liée à la tragédie de la guerre qui l’a déchirée, en même temps, il constitue la garantie de la paix, le ferme fondement de sa reconstruction, la sève de son invincible espérance. Il est évident que le Malin a voulu diviser le peuple pour détruire l’œuvre de Dieu, mais il est tout aussi évident que l’amour du Christ, son infinie miséricorde est plus forte que le péché et la mort.
Ce voyage a consisté à apporter la bénédiction du Christ, la bénédiction de l’Église sur le désir de vie et de paix qui déborde du cœur de cette nation : j’ai pu le voir dans les yeux des milliers et des milliers d’enfants, d’adolescents et de jeunes qui ont rempli la place de Bogota et que j’ai rencontrés partout ; cette force de vie que proclame la nature elle-même avec son exubérance et sa biodiversité. La Colombie est le second pays au monde pour sa biodiversité. À Bogota, j’ai pu rencontrer tous les évêques du pays ainsi que le Comité directeur de la Conférence épiscopale latino-américaine. Je remercie Dieu d’avoir pu les embrasser et de leur avoir donné mes encouragements pastoraux pour leur mission au service de l’Église, sacrement du Christ notre paix et notre espérance.
La journée consacrée particulièrement au thème de la réconciliation, moment culminant de tout le voyage, s’est déroulée à Villavicencio. Le matin, il y a eu la grande célébration eucharistique, avec la béatification des martyrs, l’évêque Jesús Emilio Jaramillo Monsalve, et le prêtre Pedro María Ramírez Ramos : l’après-midi, la liturgie spéciale de réconciliation, symboliquement orientée vers le Christ de Bocaya, sans bras et sans jambes, mutilé comme son peuple.
La béatification des deux martyrs a rappelé plastiquement que la paix est aussi fondée, et peut-être surtout, sur le sang des nombreux témoins de l’amour, de la vérité et de la justice, et aussi de véritables martyrs tués pour leur foi, comme les deux personnes qui viennent d’être mentionnées. Écouter leur biographie m’a ému aux larmes : des larmes de douleur et de joie en même temps. Devant leurs reliques et leurs visages, le saint peuple fidèle de Dieu a fortement ressenti sa propre identité, avec douleur, en pensant aux nombreuses, trop nombreuses victimes, et avec joie, pour la miséricorde de Dieu qui s’étend sur ceux qui le craignent (cf. Lc 1,50).
« Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » (Ps 84,11), avons-nous entendu au début. Ce verset du psaume contient la prophétie de ce qui s’est produit vendredi dernier en Colombie ; la prophétie et la grâce de Dieu pour ce peuple blessé, pour qu’il puisse ressusciter et marcher dans une vie nouvelle. Ces paroles prophétiques pleines de grâce, nous les avons vu incarnées dans les histoires des témoins qui ont parlé au nom de toutes les personnes qui, à partir de leurs blessures, avec la grâce du Christ, sont sorties d’elles-mêmes et se sont ouvertes à la rencontre, au pardon et à la réconciliation.
À Medellin, la perspective était celle de la vie chrétienne comme celle du disciple : la vocation et la mission. Quand les chrétiens s’engagent jusqu’au bout sur le chemin de la suite de Jésus-Christ, ils deviennent vraiment sel, lumière et levain dans le monde, et les fruits se voient, abondants. Un de ces fruits réside dans les « Hogares », c’est-à-dire les maisons où les enfants et les adolescents blessés par la vie peuvent trouver une nouvelle famille où ils sont aimés, accueillis, protégés et accompagnés. Et d’autres fruits, abondants comme des grappes, sont les vocations à la vie sacerdotale et consacrée, que j’ai pu bénir et encourager avec joie, lors d’une rencontre inoubliable avec les consacrés et leurs proches.
Et enfin, à Carthagène, la ville de saint Pierre Claver, apôtre des esclaves, le « focus » a été mis sur la promotion de la personne humaine et de ses droits fondamentaux. Saint Pierre Claver, comme plus récemment sainte Maria Bernarda Bütler, ont donné leur vie pour les plus pauvres et les marginaux, montrant ainsi la voie de la véritable révolution, la voie évangélique, non pas idéologique, qui libère vraiment les personnes et les sociétés des esclavages d’hier et, malheureusement, d’aujourd’hui aussi. En ce sens, « faire le premier pas », – la devise du voyage – signifie s’approcher, se pencher, toucher la chair de son frère blessé et abandonné. Et le faire avec le Christ, le Seigneur devenu esclave pour nous. Grâce à lui, il y a de l’espérance, parce qu’il est la miséricorde et la paix.
Je confie à nouveau la Colombie et son peuple bienaimé à notre Mère, Notre Dame de Chiquinquira, que j’ai pu vénérer dans la cathédrale de Bogota. Qu’avec l’aide de Marie, chaque Colombien puisse faire chaque jour le premier pas vers son frère et sa sœur et qu’ils puissent ainsi construire ensemble, jour après jour, la paix dans l’amour, dans la justice et dans la vérité.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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