Mgr Ivan Jurkovic, © wikipedia

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Contre le terrorisme, le «vrai combat», par Mgr Jurkovic

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De la justice au développement intégral

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«  Les Systèmes d’armes létales autonomes ne sont pas capables de lutter contre le fléau actuel du terrorisme », avertit le Saint-Siège qui indique au contraire sur quoi doit porter « le vrai combat », de la justice au développement.
Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies et auprès d’autres Organisations internationales, est intervenu lors de la réunion informelle d’experts sur les Systèmes d’armes létales autonomes (CCAC), à Genève le 11 avril 2016.
« Les Systèmes d’armes létales autonomes ne sont pas capables de lutter contre le fléau actuel du terrorisme et des guerres asymétriques », a affirmé Mgr Jurkovic.
Il a indiqué une autre voie : « Le vrai combat est celui qui restaurera la justice, le respect des droits de l’homme, le respect des droits des minorités, la participation politique et le développement intégral. »
« L’usage de Systèmes d’armes létales autonomes (SALA) ne conduira qu’à une fausse sécurité et instabilité. En tout cas, il n’établira pas les conditions pour la paix », a déclaré Mgr Jurkovic.
Voici notre traduction intégrale de son intervention.
A.B.
Déclaration de Mgr Ivan Jurkovic
Monsieur le Président,
La délégation du Saint-Siège tient à exprimer sa satisfaction pour l’excellent travail de préparation que vous avez vous-même, Monsieur le Président, entrepris afin de donner toutes ses chances de succès à notre réunion.
Le problème des systèmes d’armes létales autonomes est à l’ordre du jour pour la troisième année consécutive. Le Saint-Siège a eu l’occasion d’exprimer son point de vue sur cet important problème précédemment.
Pour répondre positivement à votre demande, Monsieur le Président, qui encourage les délégations à exprimer leurs positions en vue d’une décision possible dans le contexte de la Conférence d’examen sur les CCAC en décembre, la Mission du Saint-Siège aimerait brièvement présenter un document de travail dans lequel nous présentons quelques arguments en faveur d’une action collective qui cherche à  interdire le développement et l’usage de systèmes d’armes létales autonomes.
Une politique de prévention semble être la meilleure approche. L’expérience historique de règlementations, d’interdictions ou de contrôle de certaines armes montre que, le plus souvent, ils ont été adoptés après de graves tragédies humaines. Les armes nucléaires, les armes chimiques, les armes à sous-munitions ou les mines antipersonnel en sont quelques bons exemples. Les coûts humains sont exorbitants lorsque les réponses arrivent tard. La prévention est le seul moyen de briser le cercle vicieux de la course entre le progrès technologique et la force de destruction des moyens militaires d’une part et les tentatives pour mieux défendre le droit humanitaire international, d’autre part.
Les risques des systèmes d’armes létales autonomes sont trop nombreux et importants pour être ignorés. Au-delà du fait qu’ils laissent à une machine la décision de vie ou de mort d’un être humain, un des dangers est que ces armes pourraient mener à des stratégies qui diluent ou cachent les véritables responsabilités, entraînant un déficit total de responsabilisation. Au lieu de contribuer à la défense de la paix, ils deviennent une incitation progressive à la guerre.
Si nous voulons la paix, nous ne devons pas seulement éviter l’accumulation d’armes, mais nous devons aussi convertir les esprits. La paix doit naître de la confiance mutuelle entre nations, au lieu d’être imposée aux nations par la terreur des armes. Cette confiance est basée sur une « éthique de la fraternité » entre nations. Mais l’accumulation d’armes létales autonomes pourrait miner cette confiance.
Nous devons être préoccupés par l’usage de ces formes d’armes perfectionnées. Il est clair qu’investir sur des armes sophistiquées ne permet pas de restaurer la paix. C’est exactement le contraire ! Il apparaît que ces armes ne nous protègent pas contre les attaques et le terrorisme de toutes sortes, perpétrés par des personnes qui utilisent des méthodes rudimentaires mais qui sont prêtes à sacrifier leur vie. L’équilibre de la terreur nucléaire a montré ses limites et, avec la recherche et le développement des armes létales autonomes, nous sommes toujours dans une logique qui ne porte pas de fruit. Nous devons regarder les faits en face : les Systèmes d’armes létales autonomes ne sont pas capables de lutter contre le fléau actuel du terrorisme et des guerres asymétriques. Le vrai combat est celui qui restaurera la justice, le respect des droits de l’homme, le respect des droits des minorités, la participation politique et le développement intégral. Ce combat ne se gagnera pas avec des armes technologiquement puissantes. L’usage de Systèmes d’armes létales autonomes (SALA) ne conduira qu’à une fausse sécurité et instabilité. En tout cas, il n’établira pas les conditions pour la paix.
Pour toutes les raisons mentionnées, nous devons être prudents en ce qui concerne la recherche sur les SALA et sur leur développement. Le temps est venu d’empêcher les SALA de devenir la réalité de la guerre de demain. La Convention sur certaines armes classiques (CCAC) doit prendre la décision courageuse d’interdire les armes létales autonomes comme elle l’a fait, dans le passé, à propos d’autres types d’armes.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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