Capture CTV, le pape François reçoit les Cendres des mains du card. Angelo Comastri, 10 février 2016, Saint-Pierre

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Les trois remèdes qui guérissent du péché (homélie pour les Cendres)

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Envoi des Missionnaires de la miséricorde (traduction complète)

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« Jésus nous appelle à vivre la prière, la charité et la pénitence avec cohérence et authenticité, en surmontant l’hypocrisie », déclare le pape François qui indique ces « trois remèdes » pour le carême.
En ce Mercredi des cendres, début du carême, le pape François a célébré la messe dans la basilique Saint-Pierre avec le rite de bénédiction et d’imposition des cendres et l’envoi des Missionnaires de la miséricorde à l’occasion du Jubilé. Des cardinaux et des évêques ont concélébré, ainsi que plus de 700 – sur 1 000 – « Missionnaires de la miséricorde » que le pape François a reçus en audience hier, mardi 9 février, au Vatican.
Au terme de la messe, ils ont reçu du pape François, le « mandat » lié à la faculté d’absoudre même les péchés réservés au Siège apostolique : ils sont « des témoins privilégiés dans leurs Églises particulières de la dimension extraordinaire de l’événement jubilaire ».
La célébration a eu lieu en présence des deux saints confesseurs capucins, Padre Pio et Léopold Mandic, dont le pape François a fait venir à Rome les reliques pour cet envoi en mission spécial.
Cette circonstance extraordinaire, du jubilé, de la présence des deux saints et des missionnaires, fait que la messe des Cendres n’a pas eu lieu, selon la tradition, en la basilique Sainte-Sabine, première « station de carême » à Rome mais en la basilique vaticane.
Voici notre traduction complète de l’homélie du pape François.
A.B.
Homélie du pape François
La Parole de Dieu, au début de ce chemin de carême, adresse à l’Église et à chacun de nous deux invitations.
La première est celle de saint Paul : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Cor 5,20). Ce n’est pas juste un bon conseil paternel ni une simple suggestion ; c’est une véritable supplication au nom du Christ : « nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (ibid.). Pourquoi un appel aussi solennel et vibrant ? Parce que le Christ sait combien nous sommes fragiles et pécheurs, il connaît la faiblesse de notre cœur ; il le voit blessé par le mal que nous avons commis et subi ; il sait combien nous avons besoin de pardon, il sait que nous avons besoin de nous sentir aimés pour accomplir le bien. Tout seuls, nous ne sommes pas capables : c’est pourquoi l’apôtre ne nous dit pas de ‘faire quelque chose’ mais de ‘nous laisser réconcilier’ par Dieu, de lui permettre de nous pardonner, avec confiance, parce que « Dieu est plus grand que notre cœur » (1 Jn 3,20).
Il est vainqueur du péché et nous relève de nos misères, si nous les lui confions. C’est à nous de reconnaître que ‘nous avons besoin de miséricorde’ : c’est le premier pas du cheminement chrétien ; il s’agit d’entrer par la porte ouverte qu’est le Christ, où il nous attend lui-même, le Sauveur, pour nous offrir une vie nouvelle et joyeuse.
Il peut y avoir quelques obstacles qui ferment les portes de notre cœur. Il y a la tentation de ‘blinder les portes’, c’est-à-dire de cohabiter avec son péché, en le minimisant, en se justifiant toujours, en pensant ne pas être pire que les autres ; mais de cette façon, les verrous de l’âme se ferment et l’on reste enfermé à l’intérieur, prisonnier du mal.
Un autre obstacle est la ‘honte d’ouvrir la porte’ secrète de son cœur. En réalité, la honte est un bon symptôme parce qu’elle indique que nous voulons nous détacher du mal ; pourtant, elle ne doit jamais se transformer en crainte ou en peur.
Et il y a une troisième embûche, celle de ‘s’éloigner de la porte’ : cela se produit quand nous nous cloîtrons dans nos misères, quand nous ruminons continuellement, reliant entre elles les choses négatives jusqu’à sombrer dans les caves les plus obscures de notre âme. Nous finissons alors par devenir familiers de la tristesse que nous ne voulons pas, nous nous décourageons et nous sommes plus faibles face aux tentations. Cela se produit parce que nous restons seuls avec nous-mêmes, nous enfermant et fuyant la lumière, alors que seule la grâce du Seigneur nous libère. Laissons-nous alors réconcilier, écoutons Jésus dire à ceux qui sont fatigués et oppressés : « Venez à moi » (Mt 11,28). Ne restez pas en vous-mêmes, mais allez à lui. Là se trouvent le repos et la paix.
Dans cette célébration, sont présents les Missionnaires de la miséricorde, pour recevoir le mandat d’être signes et instruments du pardon de Dieu.
Chers frères, puissiez-vous aider à ouvrir les portes des cœurs, à dépasser la honte, à ne pas fuir la lumière. Que vos mains bénissent et relèvent paternellement vos frères et sœurs ; qu’à travers vous, le regard et les mains du Père se posent sur ses enfants et soignent leurs blessures !
Il y a une seconde invitation de Dieu qui dit, par l’intermédiaire du prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre cœur » (2,12). S’il faut revenir, c’est parce que nous nous sommes éloignés. C’est le mystère du péché : nous nous sommes éloignés ‘de Dieu, des autres et de nous-mêmes’. Ce n’est pas difficile de s’en rendre compte : nous voyons tous combien nous avons du mal à avoir vraiment confiance en Dieu, à nous en remettre à lui comme notre Père, sans peur ; combien c’est ardu d’aimer les autres, au lieu de penser du mal d’eux ; combien il nous coûte de faire notre véritable bien, tandis que nous sommes attirés et séduits par tant de réalités matérielles qui s’évanouissent et, à la fin, nous laissent pauvres.
À côté de cette histoire de péché, Jésus a inauguré une histoire de salut. L’Évangile qui ouvre le carême nous invite à en être les protagonistes, en embrassant trois remèdes, trois médicaments qui guérissent du péché (cf. Mt 6,1-6 ; 16-18).
En premier lieu la prière, expression d’ouverture et de confiance dans le Seigneur : c’est la rencontre personnelle avec lui, qui raccourcit les distances créées par le péché. Prier signifie dire : « je ne suis pas autosuffisant, j’ai besoin de toi, tu es ma vie et mon salut ».
En second lieu, la charité, pour dépasser le manque d’intérêt pour les autres. Le véritable amour, en effet, n’est pas un acte extérieur, ce n’est pas donner quelque chose de façon paternaliste pour apaiser sa conscience, mais accepter celui qui a besoin de notre temps, de notre amitié, de notre aide. C’est vivre le service, vaincre la tentation de se satisfaire.
En troisième lieu, le jeûne, la pénitence, pour nous libérer des dépendances vis-à-vis de ce qui passe et nous entraîner à être plus sensibles et miséricordieux. C’est une invitation à la simplicité et au partage : enlever quelque chose de notre table et de nos biens pour retrouver le vrai bien de la liberté.
« Revenez à moi, dit le Seigneur, de tout votre cœur » : non seulement par quelques actes extérieurs, mais du plus profond de nous-mêmes. En effet, Jésus nous appelle à vivre la prière, la charité et la pénitence avec cohérence et authenticité, en surmontant l’hypocrisie.
Que le carême soit un temps pour élaguer la fausseté, la mondanité, l’indifférence : pour ne pas penser que tout va bien si je vais bien ; pour comprendre que ce qui compte n’est pas l’approbation, la recherche du succès ou du consensus, mais la propreté du cœur et de la vie ; pour retrouver notre identité chrétienne, c’est-à-dire l’amour qui sert et non l’égoïsme qui se sert.
Mettons-nous en chemin ensemble, en Église, en recevant les cendres et en gardant le regard fixé sur le Crucifié. En nous aimant, il nous invite à nous laisser réconcilier avec Dieu et à revenir à lui, pour nous retrouver nous-mêmes.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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