Basilique Sainte-Marie-Majeure - © WIKIMEDIA COMMONS / Maros Mraz

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Audience au séminaire lombard (traduction complète)

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Le pape François exhorte les séminaristes à la « simplicité »

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Le pape François appelle les séminaristes à choisir la « voie de la simplicité ».
Le pape a reçu en audience la Communauté du Séminaire pontifical lombard de Rome – près de Sainte-Marie-Majeure – et l’archevêque de Milan, le cardinal Angelo Scola, dans la matinée de lundi 25 janvier, dans la Salle Clémentine du palais apostolique du Vatican : une communauté internationale d’Italie, d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et d’autres pays européens.
« Aujourd’hui, a dit le pape, l’évangélisation semble appelée à devoir à nouveau parcourir justement la voie de la simplicité. Simplicité de vie, qui évite toute forme de duplicité et de mondanité, à laquelle suffit la communion authentique avec le Seigneur et avec les frères ; simplicité de langage : pas de prédicateurs de doctrines complexes, mais des annonciateurs du Christ mort et ressuscité pour nous. »
Voici notre traduction complète de son allocution.
A.B.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je vous salue avec affection et je remercie le cardinal Scola pour ses aimables paroles. Je suis heureux de vous rencontrer à l’occasion du cinquantième anniversaire de cet établissement : en l’Année sainte de la miséricorde, vous célébrez donc aussi un jubilé d’action de grâce à Dieu, le rocher sur qui fonder sa vie, parce qu’ « éternel est son amour ! » (cf. Ps 117,2). N’oubliez pas ceci : Dieu est le Fidèle.
Le bienheureux Paul VI a béni le Séminaire lombard le 11 novembre 1965, pour que cette nouvelle maison soit habitée au moment culminant du concile Vatican II, pendant lequel les Pères avaient vivement perçu que, « les murailles qui avaient trop longtemps enfermé l’Église comme dans une citadelle ayant été abattues, le temps était venu d’annoncer l’Évangile de façon renouvelée » (Misericordiae Vultus, 4).
Ainsi, pendant ces « années romaines », qui ne sont pas seulement des années d’étude, mais de véritable formation sacerdotale, vous aussi vous vous préparez à donner suite à cet impulsion de l’Esprit, pour être l’ « avenir de l’Église », selon le cœur de Dieu ; non pas selon les préférences de chacun ou les modes du moment, mais comme le requiert l’annonce de l’Évangile. Pour bien se préparer, il faut un travail approfondi, mais surtout une conversion intérieure, qui enracine quotidiennement votre ministère dans le premier appel de Jésus et le ravive dans la relation personnelle avec lui, comme le faisait l’apôtre Paul, dont nous rappelons aujourd’hui justement la conversion.
À ce propos, j’aimerais attirer votre attention vers un modèle que vous connaissez déjà bien : saint Charles Borromée. Le père de Certeau a présenté sa vie comme un constant « mouvement de conversion », cherchant à refléter l’image du pasteur : « Il s’est identifié à cette image, il l’a nourrie par sa vie, sachant que le discours passe dans la réalité au prix du sang : « les ministres du sang », voilà ce qu’étaient pour lui les vrais prêtres. Il a donc réalisé cette image en s’y perdant. Il a mis toute sa « passion » à la reproduire » (Dictionnaire biographique des Italiens, XX, 1977, p. 263). Ainsi, la grande œuvre des théologiens de l’époque, qui a culminé dans la célébration du concile de Trente, a été accomplie par des pasteurs saints comme Charles Borromée.
Chers amis, vous êtes héritiers et témoins d’une grande histoire de sainteté, qui plonge ses racines dans vos saints patrons, les évêques Ambroise et Charles, et qui a connu plus récemment, même parmi ses élèves, trois Bienheureux et trois Serviteurs de Dieu. C’est cela, l’objectif vers lequel tendre !
Souvent, pourtant, apparaît sur le chemin une tentation qu’il faut repousser : celle de la « normalité », d’un pasteur à qui suffit une vie « normale ». Ce prêtre commence alors à se contenter de quelques attentions dont il est l’objet, il juge son ministère en fonction de ses succès et s’installe dans la recherche de ce qui lui plaît, il devient tiède et ne s’intéresse pas vraiment aux autres. La « normalité » pour nous, est au contraire la sainteté pastorale, le don de notre vie. Si un prêtre choisit de n’être qu’une personne normale, il sera un prêtre médiocre, ou pire.
Saint Charles désirait des pasteurs qui soient des serviteurs de Dieu et des pères pour les personnes, surtout pour les pauvres. Mais – cela nous fait toujours du bien de nous le rappeler – seul celui qui fait de sa vie un dialogue constant avec la Parole de Dieu, ou mieux, avec Dieu qui nous parle, peut annoncer des paroles de vie. Au cours de ces années, il vous est confié la mission de vous entraîner dans ce dialogue de vie : la connaissance des différentes disciplines que vous étudiez n’est pas une fin en soi, mais elle doit se concrétiser dans le dialogue de la prière et dans la rencontre réelle avec les personnes.
Il ne sert à rien de se former « à des compartiments étanches » : prière, culture et pastorale sont les pierres angulaires d’un unique édifice : elles doivent toujours rester fermement unies pour se soutenir réciproquement, bien cimentées entre elles, pour que les prêtres d’aujourd’hui et de demain soient des hommes spirituels et des pasteurs miséricordieux, intérieurement unifiés par l’amour du Seigneur et capables de diffuser la joie de l’Évangile dans la simplicité de leur vie.
Aujourd’hui, l’évangélisation semble appelée à devoir à nouveau parcourir justement la voie de la simplicité. Simplicité de vie, qui évite toute forme de duplicité et de mondanité, à laquelle suffit la communion authentique avec le Seigneur et avec les frères ; simplicité de langage : pas de prédicateurs de doctrines complexes, mais des annonciateurs du Christ mort et ressuscité pour nous.
Un autre aspect essentiel que je voudrais souligner est la nécessité, pour être un bon prêtre, du contact et de la proximité avec l’évêque. La caractéristique du prêtre diocésain est précisément l’ « esprit diocésain », et la pierre angulaire de cet « esprit diocésain » se trouve dans la relation fréquente avec l’évêque, dans le dialogue et dans le discernement avec lui. Un prêtre qui n’a pas un rapport assidu avec son évêque s’isole lentement du corps diocésain et sa fécondité diminue, précisément parce qu’il n’exerce pas le dialogue avec le Père de son diocèse.
Enfin, je voudrais vous dire que je me réjouis non seulement de votre engagement fructueux dans les études, mais aussi de la dimension mondiale de votre communauté : vous venez de diverses régions d’Italie, d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et d’autres pays européens. Je vous souhaite de cultiver la beauté de l’amitié et l’art d’établir des relations pour créer une fraternité sacerdotale plus forte que vos différentes particularités. C’est ainsi que vous ferez de cette maison un lieu accueillant et enrichissant ! Désormais, quand je viendrai à la Basilique Sainte-Marie Majeure, je penserai à cette rencontre et je me souviendrai de vous devant la Vierge Marie. Mais vous aussi, n’oubliez pas, faites de même pour moi ! Merci.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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