Je pense que le titre de cette seconde lettre circulaire que le Pape François adresse au monde entier peut nous aider à bien la lire, méditer et mettre en pratique.
Le Pape nous demande plus de place pour la réflexion laborieuse. L’actif retour sur soi. L’heure est à la louange. Car Dieu, le Dieu qui a créé l’homme et sa maison, est toujours nouveau. Il est la vie qui surgit de la mort. Il est la Parole qui survient au cœur de la nuit et du silence. Il dit son nom. Le nom de Dieu est un verbe, le Verbe : Dieu dit : « Je suis ». Il le dit à chacun de nous. Nous ne pouvons que recevoir cette parole, la redire, dans l’émerveillement d’une joyeuse surprise, d’une divine surprise. Le louer c’est simplement dire cette surprise, cet étonnement. Quelqu’un est là que je n’attendais pas ou n’attendais plus. Il vient. Il est le vivant.
Dans cantique des Créatures de Saint François d’Assise que le Pape nous propose comme début de sa très belle encyclique résonne le cantique nouveau, qui est le chant du premier jour, d’un jour qui au Paradis ne se terminera jamais. Sur la Terre, que Dieu nous a donnée à habiter, nous sommes appelés à la louange, à être l’expression consciente de la louange que la terre et les animaux rendent à Dieu.
Quel respect, quelle solidarité implique la louange! Dieu nous a donné un jardin, nous ne devons pas le détruire, mais « l’utiliser » comme un instrument et une occasion de louange. Etonnement de Dieu, émerveillement d’exister. La louange est une concentration dans la contemplation de Dieu et des merveilles de sa création. La louange qui sort de la Terre et que nos cœurs et nos bouches expriment indique que la vie véritable est ouverture à l’Autre et à l’autre. Celui vers qui monte la louange n’est pas un dominateur. Il est le Créateur, il est le Père. La louange n’est pas le gémissement d’un être prostré devant son Maître. C’est un dia-logue (parole qui va vers l’autre) de joie pleine de surprise.
Dans la louange, nous ne nous réjouissons pas seulement de la beauté de Dieu qui resplendit sur la terre, comme Dieu s’est réjoui le premier de la beauté de son œuvre. Dans la louange, l’homme reprend l’exclamation de Dieu au terme de chaque jour de sa création : « Tout cela était bon » (en grec le texte de la Genèse dit « beau »). L’être humain confesse à son tour la beauté de celui qui est la source et il travaille à la préserver et à la rendre encore plus belle. Donc on peut faire de l’"écologie intégrale" (Pape François) à partir de la louange, comme chaque matin nous nous commençons une nouvelle journée par la louange des Laudes.