Olivier et Xristilla Roussy ont témoigné, dans laprès-mlidi de jeudi 9 octobre 2014, devant l'assemblée synodale extraordinaire convoquée sur le thème des "défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation".

Olivier et Xristilla Roussy sont responsables de la mission famille au sein de la Communauté de l’Emmanuel (Amour et Vérité). Ils ont récemment accordé une interview à Zenit.

A.B.

Témoignage

Très Saint Père,

Chers Pères synodaux,

Nous allons fêter nos 20 ans de mariage et les 19 ans de l’ainée de nos 7 enfants.

J’ai a grandi dans une famille dont les parents étaient divorcés. J’ai un frère. Olivier a grandi au sein d’une famille nombreuse.

Nous avons toujours eu le désir d’une grande famille. Nos premiers enfants sont nés et notre famille a pris peu à peu forme avec vitalité. L’arrivée de nos enfants nous a décentrés de nous-mêmes. Elle nous a aidés à dépasser nos limites humaines comme le bruit, la fatigue, l’inconfort. On ne connaît pas toutes ces difficultés avant de les vivre. On se demande si on va pouvoir les supporter lorsqu’elles surviennent. Mais, avec le temps et la prière, ce sont des renoncements qui nous procurent une joie profonde.

Durant nos fiançailles, nous avions choisi de nous former à la régulation naturelle des naissances. Après l’arrivée du troisième enfant, j’étais épuisée. Nous n’arrivions plus à vivre paisiblement nos unions conjugales. Nous avons alors décidé que je prendrais une pilule contraceptive pour quelques mois. Ce choix de la contraception était censé nous apaiser ; il eut l’effet contraire. Nous avons très mal vécu cette période. J’étais souvent de mauvaise humeur, le désir était absent et la joie disparaissait. Nous avions l’impression de ne plus être en vérité avec nous-mêmes. Nous n’étions plus unifiés. Nous avons compris que nous avions fermé une porte au Seigneur dans notre vie conjugale.

Nous avons alors décidé de reprendre une régulation naturelle des naissances. C’est apparemment un chemin plus difficile qui nous invite à être continents lors des périodes fertiles alors même que nous désirons plus fortement nous unir. C’est souvent dur à accepter et à choisir à chaque fois. Mais nous le vivons à deux. C’est une aventure commune qui nous pousse à vouloir le bonheur de l’autre. Bien plus qu’une méthode, ce mode de vie nous permet chaque jour de nous accueillir l’un l’autre, de communiquer, de nous connaître, de nous attendre, de nous faire confiance, d’être délicats. Nous avons choisi cette voie, nous ne la subissons pas et nous en sommes profondément heureux malgré les efforts qu’elle requiert.

Nous avons expérimenté que ces méthodes sont fiables, même s’il nous faut témoigner qu’il nous est arrivé de ne pas contenir notre désir et qu’un enfant a vu le jour neuf mois plus tard. L’accueil de cette nouvelle vie aurait été impossible avec une contraception. Pourtant, ce nouvel enfant est un vrai bonheur.

Nous sommes très heureux que Dieu soit au cœur de notre vie, y compris de notre intimité conjugale. Nous décidons de la vivre sous son regard.

Nous avons consacré notre famille au Sacré Cœur de Jésus, doux et humble. Il nous semblait que Dieu tournait autour de notre vie mais en fait, c’est nous qui apprenons chaque jour à tourner autour de Lui. Cela irradie notre vie de couple en nous rendant plus confiants dans l’avenir, plus libres et plus attentifs aux autres. Nous sentons que ce mode de vie nous porte aussi dans notre responsabilité éducative et rejaillit sur le climat familial.

Dans notre mission de parents, nous désirons avant tout éveiller nos enfants à la sainteté. Comme nous tous, ils sont confrontés aux multiples tentations du monde et humblement, nous essayons de les faire grandir dans la liberté et la générosité, de leur apprendre le sens du discernement, de la décision et de l'effort. Nous les aidons à bâtir leur projet de vie sous le regard de Dieu.

Tous les soirs nous prions en famille le Cœur de Jésus : « Cœur de Jésus, nous avons confiance en Toi et nous t’aimons». Même si c’est parfois un peu le bazar, nous voyons que cette prière imprègne peu à peu la maison de la tendresse du Père.

Nous avons toujours désiré transmettre à nos enfants l’amour de l’Eglise afin qu’ils aient confiance en elle. Des prêtres et des laïcs consacrés, de notre communauté ou d’ailleurs, passent à la maison et partagent avec nous des temps de vacances, de repas et de prière familiale.

Notre joie, la semaine dernière, a été d’entendre notre petit Théophane, 4 ans, pour qui il était très difficile de nous laisser partir si longtemps, raconter avec un grand sourire au papa de son camarade d’école : « Mon Papa et ma Maman vont voir mon Pape ».

Les familles sont peut-être encore peu nombreuses à avoir fait la découverte de la tendresse du Christ. Mais ne nous inquiétons pas ; des familles chrétiennes peuvent témoigner que la rencontre de l’amour et de la vérité peut tout changer. Continuons à nous soutenir mutuellement, prêtres et laïcs, avec audace et charité, en proposant de marcher vers le Christ selon le pas que chacun peut franchir chaque jour, pour témoigner de cette rencontre. Nous donnerons envie et le monde brulera du feu de l’Esprit Saint !

Nous vous remercions.

Olivier et Xristilla Roussy