"Notre travail synodal est un service ecclésial et doit être pleinement évangélisateur parce que, comme nous le rappelait Paul VI, l’Église existe pour évangéliser", déclare le cardinal Lluis Martinez Sistach, archevêque de Barcelone, qui a tenu la première homélie de l'assemblée extraordinaire du synode, ce lundi 6 octobre, pendant la prière de Tierce.

L'archevêque a rappelé aussi que le signe de la vie chrétienne, c'est la joie. Et il a rappelé l'objectif de ce travail synodal : "pour le bien des couples et des familles". Une tâche pour laquelle il faut invoquer l'Esprit Saint, comem le disait le pape dans le tweet de ce jour.

Voici notre traduction intégrale de l'homélie du cardinal catalan.

A.B.

Homélie du cardinal Lluis Martinez Sistach

Nous sommes réunis au nom du Seigneur pour servir le peuple de Dieu par la tenue de cette Assemblée extraordinaire du synode des évêques. Le pape François nous a convoqués pour effectuer un travail ecclésial et nous le commençons en louant le Seigneur par la prière des psaumes.

Ce matin, l’apôtre Paul, dans le passage de la seconde lettre aux Corinthiens que nous avons entendu, nous fait des recommandations qui donnent l’esprit et montre le style de notre travail pendant ces journées d’assemblée synodale.

Lors de ses adieux, dans la seconde lettre aux Corinthiens, l’apôtre reverse de nouveau tout son cœur sur les fidèles de cette Église en les exhortant à vivre entre eux la fraternité propre aux chrétiens, avec la paix et l’unité entre eux qui en découle (cf. 1 Cor 1, 10-17). Et saint Jean Chrysostome prédit quel en sera le résultat : « si vous êtes unis d'esprit, si vous vivez en paix, Dieu sera avec vous ; car c'est le Dieu d'amour et de paix, ce sont là les biens qui le réjouissent et qui lui plaisent. Par là aussi vous aurez la- paix qui vient de son amour; par là, vous serez délivrés de tous les maux » (Homélie sur 2 Corinthiens, 30).

Notre travail synodal est un service ecclésial et doit être pleinement évangélisateur parce que, comme nous le rappelait Paul VI, l’Église existe pour évangéliser. Nous partageons la joie de l’Évangile et la joie d’évangéliser, ainsi que l’explique le pape François dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium. C’est la joie que nous souhaite l’apôtre : soyez joyeux. Jésus nous a fait connaître tout ce qu’il a entendu de son Père (Jn 15,15) et c’est la raison la plus profonde de notre joie. Le Seigneur lui-même nous dit : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11). Et c’est aussi la joie de communiquer ce que Jésus nous a dit, afin que les autres aient une joie parfaite. Le pape affirme que c’est « la joie douce et réconfortante d’évangéliser » (EG 9).

La joie est une caractéristique essentielle d’une vie vraiment chrétienne : la joie qui jaillit de la foi en Dieu qui nous a pardonné et qui est toujours disposé à nous pardonner si nous ne nous lassons pas de nous réfugier dans sa miséricorde et de lui demander pardon pour nos péchés, faiblesses et omissions.

Retrouvons et faisons grandir notre ferveur dans l’évangélisation « même lorsque c’est dans les larmes qu’il faut semer. Que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Évangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçu en eux la joie du Christ » (Paul VI, Evangelii Nuntiandi, 75, cité dans Evangelii Gaudium, 10).

Le pape nous a convoqués pour réfléchir, dialoguer et débattre sur les défis de la famille dans le contexte de l’évangélisation. Pour réaliser cette tâche, l’apôtre Paul nous demande de nous exhorter à demander à l’Esprit de nous éclairer dans ce travail synodal pour le bien des couples et des familles, parce que, comme nous le dit le concile Vatican II, « le bien-être de l’individu et de la société humaine et chrétienne est strictement lié à la prospérité de la communauté conjugale et familiale » (Gaudium et Spes, 47).

Paul nous recommande de garder les mêmes sentiments dans nos contributions et dans le dialogue, de garder les mêmes sentiments, les mêmes convictions joyeuses et reconnaissantes d’être membres de l’Église une et unique en Jésus-Christ, et qui s’étend de l’Orient à l’Occident. Que nous puissions avoir les sentiments du Bon Pasteur qui prend soin des quatre-vingt-dix-neuf brebis et qui va à la recherche de la brebis perdue, conscients du fait qu’aujourd’hui, sous diverses latitudes de l’Église, le nombre s’inverse et que nous puissions avoir aussi les sentiments du Bon Samaritain qui regarde le blessé, s’approche de lui pour l’aider, lui offrant ce dont il a besoin à ce moment-là pour retrouver la santé.

Le conseil que nous donne l’apôtre Paul de « vivre en paix » est toujours utile. Nous parlerons de la beauté de la famille que Dieu a créée et que le Christ a élevée en en faisant un sacrement, et nous garderons présentes à l’esprit les familles qui n’ont pas réussi à vivre la beauté de cette communauté intime de vie et d’amour dans leur mariage. Comme de bons pasteurs et de bons Samaritains, nous ferons tout en suivant cette recommandation paulinienne que le Dieu de l’amour et de la paix soit avec nous et bénisse notre travail synodal pour pouvoir offrir au pape François nos conseils d’amour et de paix afin de l’aider dans son ministère de successeur de Pierre, pour le bien de toute l’Église de Jésus-Christ.

(c) Traduction de Zenit, Constance Roques