Dans ses méditations des XIV stations du Chemin croix du Vendredi Saint au Colisée, le 18 avril prochain, l’archevêque italien de Campobasso-Bojano, Mgr Giancarlo Maria Bregantini, évoque les figures et les attitudes qui « redonnent le sourire au Chemin de croix ».
Mgr Bregantini a en effet été choisi par le pape François pour les méditations de cette année. Religieux de la Congrégation des Saints Stigmates ou des Pères « Stigmatins », l’archevêque est connu pour ses prises de positions contre la mafia calabraise, la `Ndrangheta.
Il évoque pour les lecteurs de Zenit sa méditation sur le thème “Visage du Christ, visage de l’homme”, publiée le 14 avril par le Saint-Siège : « Le visage du Christ, explique-t-il, éclaire toutes les souffrances de l’homme. Et le visage de l’homme incarne la lumière de Jésus. Le visage du Christ est lumière, celui de l’homme est histoire, prophétie réalisée. »
Il souligne « la force renversante du Chemin de croix » : « Jésus a traversé toutes les souffrances de l’homme. Les jeunes peuvent être si touchés de voir un visage maculé de sang qui reflète leur propre visage marqué par la peur du chômage, la criminalité, les violences et les souffrances qui caractérisent le monde actuel. »
Dans sa méditation, Mgr Bregantini met notamment en relief « quatre figures merveilleuses qui redonnent “le sourire” au Chemin de croix » : Simon de Cyrène, Véronique, les femmes de Jérusalem, la Vierge Marie.
Simon de Cyrène, c’est celui « qui porte la croix avec Jésus », symbole du « monde du volontariat, des accords de solidarité », explique-t-il. Véronique, c’est « la douceur gratuite », qui représente « tout ce qui se fait non pas pour avoir mais pour donner ». L’archevêque y fait « une allusion indirecte au thème du dimanche qui doit être saintement respecté ».
La troisième figure, ce sont les femmes de Jérusalem, auxquelles Mgr Bregantini consacre une bonne partie de la méditation : « J’ai voulu redonner l’image d’une femme non pas objet, mais sujet, sujet d’espérance ». Il précise que l’attitude juste devant la souffrance, exprimée par ces femmes, n’est pas « la commisération qui écrase » mais « la compassion qui fait mûrir » : « Le Christ ne veut pas de commisération, il veut souffrir dans la dignité… On ne résout pas les situations par un “regarde le pauvre ce qui lui est arrivé…”, mais à travers cette force qui s’enracine dans la douleur de l’autre, la fait sienne et la rachète. »
Enfin, le quatrième élément : « l’étreinte entre Marie et Jésus, le moment où la Vierge embrasse son Fils mort » : « j’y ai associé toute la douceur et la beauté des mères qui ont perdu un enfant dans un accident ou par un délit mafieux, mais qui sentent que cet enfant n’est pas perdu tant qu’il est aimé, car l’amour – dit le Cantique des cantiques – est plus fort que la mort », ajoute l’archevêque.
Il espère « que celui qui lira les méditations ne se sentira pas écrasé sous le poids de la Croix, mais que cette Croix, comme elle a racheté mon coeur, rachète le cœur de tous ».
Mgr Bregantini consacre également ses méditations aux réalités sociales du sud de l’Italie : enfants victimes de tumeurs à cause de déchets toxiques, mauvaises conditions des détenus dans les prisons. « Le mal le plus grave aujourd’hui, c’est le chômage, la crise qui devient précarité et qui contamine en grande partie les nouvelles générations », estime-t-il.
Indirectement, le thème des mafias revient aussi souvent dans les méditations : « Je parle d’elles comme du mal à la base de la corruption et d’autres crimes, comme une force négative dans la société… », explique-t-il.
Mgr Bregantini est actuellement à Rome pour organiser l’accueil du pape à Campobasso le 5 juillet prochain. Une visite « qui mettra en relief quatre lieux particuliers : le monde rural, la table des pauvres, la prison et les malades ».
Traduction et synthèse d’Anne Kurian
