Les trois principaux objectifs de l’Année de la vie consacrée sont de « faire mémoire avec gratitude » du passé récent, depuis le Concile, d’« embrasser l’avenir avec espérance », et de « vivre le présent avec passion » dans le sillage des fondateurs, explique le cardinal Braz qui reprend une expression du pape François, de façon à « réveiller le monde ».
L’Année de la Vie consacrée, annoncée par le pape François pour l’année 2015 a été présentée à la presse ce vendredi matin, 31 janvier, au Vatican, par le cardinal brésilien João Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, et par le secrétaire de ce dicastère, un franciscain espagnol, Mgr José Rodríguez Carballo, O.F.M.
La crise traversée par la société, l’Eglise, et donc la vie consacrée, n’est pas, insiste le cardinal brésilien « comme l’antichambre de la mort », mais « comme un kairos, une occasion favorable pour la croissance en profondeur et par conséquent, d’espérance ».
Voici notre traduction intégrale de la présentation du cardinal Braz, faite en italien.
A.B.
Présentation du card. Braz
Bonjour à tous!
Je vous salue et vous remercie tous de votre présence, chers journalistes, et de l’attention que vous portez à la vie consacrée ; je remercie aussi la Salle de presse du Vatican de son accueil très favorable à cette « conférence de presse » que nous avons pensé tenir, avec les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. A cette occasion, nous vous apportons aussi la salutation de tous ceux qui travaillent à cette congrégation (environ quarante personnes), et, sûrement, de toutes les consacrées et de tous les consacrés du monde entier.
Le 29 novembre 2013, à la fin de la rencontre avec 120 supérieurs généraux d’Instituts masculins, dans la salle du synode, au Vatican – qui s’est déroulée dans un climat de joie et de grande spontanéité : le pape François a parlé d’abondance du cœur, en répondant à quelques questions -, le Saint-Père François, a annoncé que l’année 2015 serait dédiée à la Vie consacrée. La nouvelle, accueillie par un long applaudissement de l’assemblée, avait été annoncée par la Secrétairerie d’Etat à notre Congrégation quelques jours auparavant.
Le pape François accueillait ainsi une suggestion que le Préfet et le Secrétaire de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique lui avaient faite quelques jours plus tôt, au cours d’une audience privée, après avoir écouté de nombreux consacrés. A cette occasion, il avait approuvé cette proposition de vive voix.
En suivant le mandat du Saint-Père, transmis par la Secrétairerie d’Etat, notre dicastère est en train de préparer cette Année. Nous sommes actuellement en mesure de vous communiquer les objectifs de cette Année – que nous considérons comme un temps de grâce pour la vie consacrée et pour l’Eglise -, et certaines initiatives qui seront mises en oeuvre pendant son déroulement.
Avant tout, nous tenons à dire que cette Année de la vie consacrée a été pensée dans le contexte des 50 ans du concile Vatican II, et plus particulièrement du 50e anniversaire de la publication du décret conciliaire Perfectae caritatis sur le renouveau de la vie consacrée.
Nous considérons que le Concile a représenté un souffle de l’Esprit non seulement pour l’Eglise tout entière, mais peut-être de façon particulière pour la vie consacrée. Nous sommes aussi convaincus qu’au cours de ces 50 ans, la vie consacrée a parcouru un chemin fécond de renouveau, non, certes, sans difficultés et fatigues, dans l’engagement à suivre ce que le Concile a demandé aux consacrés : fidélité au Seigneur, à l’Eglise, au charisme propre, et à l’homme d’aujourd’hui (cf. PC 2).
C’est justement parce que nous considérons ces 50 ans qui nous séparent du Concile comme un moment de grâce pour la vie consacrée, parce qu’ils ont été marqués par la présence de l’Esprit qui nous conduit à vivre aussi les faiblesses et les infidélités comme une expérience de la miséricorde, et de l’amour de Dieu, nous voulons que cette Année soit une occasion de « faire mémoire avec gratitude » de ce passé récent. Voilà le premier objectif de l’Année de la vie consacrée.
La vie consacrée, comme le pape François le rappelait lors de la rencontre avec les supérieurs généraux, « est complexe et faite de péché et de grâce ». Pendant cette Année, nous voulons reconnaître et confesser notre faiblesse, mais nous voulons aussi « crier » au monde avec force et avec joie la sainteté et la vitalité présentes dans la vie consacrée. Combien de sainteté, si souvent cachée, mais non moins féconde, dans les monastères, dans les couvents, dans les maisons des consacrés, qui conduit ces hommes et ces femmes à être des « icônes vivantes » du Dieu « trois fois saint ». Cette conviction nous amène à confesser avec l’apôtre que « là où le péché abonde, la grâce surabonde ». Nous vous invitons aussi vous tous, pasteurs, prêtres et laïcs, à vous unir à notre action de grâce pour le don de la vie consacrée au monde et à l’Eglise elle-même.
Avec un regard positif sur ce temps de grâce qui va du Concile à aujourd’hui, nous voulons – et voilà le deuxième objectif – « embrasser l’avenir avec espérance ». Nous sommes bien conscients que le moment présent est « délicat et pénible », comme Jean-Paul II l’affirmait dans Vita consecrata (cf. VC 13) et que la crise qui traverse la société et l’Eglise elle-même touche pleinement la vie consacrée. Mais nous voulons assumer cette crise non comme l’antichambre de la mort, mais comme un kairos, une occasion favorable pour la croissance en profondeur et par conséquent, d’espérance, motivée par la certitude que la vie consacrée ne pourra jamais disparaître dans l’Eglise, puisqu’elle « a été voulue par Jésus lui-même comme une partie inamovible de son Eglise » (Benoît XVI, discours pour la visite ad limina des évêques du Brésil, 5 novembre 2010). Face à de nombreux « prophètes de malheur », nous voulons demeurer des hommes et des femmes d’espérance ; une espérance qui ne se fonde pas sur nos « chars » et nos « cavaliers », c’est-à-dire sur nos propres forces, notre nombre, mais sur Celui en qui nous avons placé notre confiance. En Lui, personne ne nous volera notre espérance.
Cette espérance ne nous dispense pas – et les consacrés en sont bien conscients – de vivre le présent avec passion : troisième objectif de cette Année de la vie consacrée. Qui dit passion dit être amoureux, amitié vraie, communion profonde… C’est de tout cela dont il s’agit lorsque nous parlons de vie consacrée et c’est cela qui fait la beauté de la vie de tant d’hommes et de femmes qui professent les Conseils évangéliques et suivent le Christ « de plus près » dans cet état de vie. L’Année de la vie consacrée sera un moment important pour « évangéliser » sa propre vocation et témoigner de la beauté de la sequela Christi sous les multiples formes dans laquelle notre vie s’exprime. Les consacrés recueillent le témoin laissé par nos fondateurs et fondatrices respectifs. Poussés aussi par le pape François, ils veulent, en cette Année, « réveiller le monde » par leur témoignage prophétique, en particulier par leur présence dans les périphéries existentielles de la pauvreté et de la pensée, comme le pape François l’a demandé aux supérieurs généraux.
Les consacrés et les consacrées sont conscients qu’en plus de raconter l
a grande histoire qu’ils ont écrite par le passé, ils sont appelés à écrire une histoire non moins belle et non moins grande à l’avenir (cf. VC 110). Tout cela conduira les religieux et les consacrés à continuer le renouveau proposé par le Concile, en fortifiant leur relation avec le Seigneur, la vie fraternelle en communauté, la mission, et en ayant le souci d’une formation adaptée aux défis de notre temps, de façon à « proposer à nouveau avec courage » et avec une « fidélité dynamique » et créative (cf. VC 37) l’expérience de leurs fondateurs et de leurs fondatrices.
Voilà les principaux objectifs de cette Année de la vie consacrée, pour laquelle je remercie de tout coeur le Saint-Père François.
Traduction de Zenit, Anita Bourdin