Le travail, c’est « la dignité de l’homme », à tel point qu’une société « qui n’offre pas de travail à tous » est « une société injuste », a affirmé le pape François, hier, 1er mai 2013, en la fête de saint Joseph artisan.
Le pape a en effet célébré la messe, comme chaque matin, à 7h, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe. Selon Radio Vatican, un groupe de mères célibataires accueillies par le Centre de solidarité “Il Ponte”, avaient été invitées.
La dignité est dans le travail
Pour le pape, « le travail est quelque chose de plus que de gagner son pain » : « Le travail nous donne la dignité. Celui qui travaille est digne, il a une dignité spéciale, une dignité de personne : l’homme et la femme qui travaillent sont dignes », a-t-il expliqué.
« La dignité n’est pas dans le pouvoir, l’argent, la culture, non ! …. La dignité est dans le travail ! », a-t-il insisté, rappelant que le travail est « ce que Dieu a donné de plus beau à l’homme: la capacité de créer, de travailler, d’en faire sa dignité ».
Au contraire, « ceux qui ne travaillent pas n’ont pas cette dignité », a ajouté le pape en déplorant qu’il y ait aujourd’hui « tant de personnes » qui « veulent travailler » mais « ne le peuvent pas ».
Cette situation « est un poids pour notre conscience », a-t-il estimé en appelant à la responsabilité : « la voix de Dieu, qui demande à Caïn « où est ton frère ? », s’adresse « à nous aujourd’hui en demandant : « Où est ton frère qui n’a pas de travail ? Où est ton frère qui subit un travail d’esclave ? ».
Pour un travail digne
Car il ne suffit pas d’avoir « un travail », mais il faut pouvoir bénéficier d’un « travail digne », a poursuivi le pape François, déplorant que « tant de systèmes sociaux, politiques et économiques aient fait des choix qui exploitent la personne ».
Le pape a pointé du doigt les abus : « ne pas rémunérer au juste salaire, ne pas donner de travail », se focaliser sur « les bilans de l’entreprise » et le « profit » et non sur les personnes.
Dans ces conditions, les travailleurs subissent un « esclavage », a-t-il ajouté, citant le commentaire d’un rabbin du Moyen-Age sur la Tour de Babel : « Lorsqu’une brique tombait, c’était un problème terrible, un scandale. Mais si l’un des constructeurs de la tour tombait : ‘Qu’il repose en paix !’… La brique était plus importante que la personne. »
« C’est ce qui se passe aujourd’hui », a fait observer le pape : « les personnes sont moins importantes que ce qui profite à ceux qui ont le pouvoir politique, social, économique… A tel point que nous ne sommes plus conscients de la dignité de la personne; cette dignité du travail ».
Une société injuste
« Lorsque la société est organisée de telle façon que tout le monde n’ait pas la possibilité de travailler, d’accéder à la dignité du travail, cette société ne va pas bien : elle n’est pas juste ! », a poursuivi le pape François.
Aujourd’hui, a-t-il estimé, « nous ne pouvons plus citer Saint Paul: “celui qui ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus”, mais nous devons dire: “Celui qui ne travaille pas perd sa dignité”, car aujourd’hui “[la personne] n’a même pas la possibilité de travailler” » : « La société a dépouillé la personne de cette dignité ».
Le pape a enfin proposé en exemple la figure de saint Joseph, charpentier, de Jésus, « fils de charpentier » qui a appris à travailler avec son père, et de Dieu qui « travaille pour créer le monde » dans la Genèse.
Cette « icône de Dieu travailleur » enseigne « la route pour aller vers la dignité », a-t-il conclu en invitant à prier « pour tous ces frères et soeurs qui sont victimes » de situations de chômage ou d’exploitation au travail.