France: le dialogue de l'Eglise avec le monde

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Par le card. Barbarin

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Anne Kurian

ROME, vendredi 30 novembre 2012 (ZENIT.org) – Le cardinal Philippe Barbarin évoque les divers domaines du dialogue de l’Eglise de France avec le monde, dans l’édition en italien de L’Osservatore Romano du 30 novembre 2012

Le cardinal est en ce moment à Rome, dans le cadre de la visite ad limina des évêques du sud de la France (cf. Zenit du 23 novembre 2012).

La mission de l’Eglise

Pour le cardinal, la sécularisation actuelle est un « avertissement », un « appel à la vigilance » pour les baptisés. S’il est « toujours utile de faire un examen de conscience », cependant il s’agit surtout d’aller « résolument de l’avant » et de « remettre le passé à la miséricorde de Dieu », précise-t-il.

Il confie son espérance : « Dieu offre sa grâce à chaque moment de l’histoire. Il donne généreusement « l’équipement dont nous avons besoin pour rendre témoignage dans les circonstances actuelles ».

Le cardinal remarque d’ailleurs « un réel élan missionnaire parmi les catholiques français », notamment grâce à « de nombreuses initiatives dans son diocèse et dans l’Eglise entière pour relancer l’évangélisation ».

Il constate en ce sens, lors de ses visites pastorales, que les équipes d’animation paroissiale sont plus nombreuses et plus vivantes, et qu’elles « se sentent vraiment responsables, non seulement de la vie de la paroisse, mais aussi de sa mission ».

Dialogue entre foi et culture

Dans le dialogue entre foi et culture, il invite à puiser de « nouveaux stimulant » grâce à « Jean-Paul II et Fides et ratio » mais aussi « dans l’attitude intellectuelle si ouverte de Benoît XVI », exprimée par exemple avec le « Parvis des Gentils » où la foi chrétienne « entre en dialogue public avec la culture contemporaine ».

Le cardinal, qui dit avoir « souvent l’occasion de rencontrer des philosophes comme Luc Ferry ou André Comte-Sponville », voit ces dialogues comme un « enrichissement » : « l’échange aide à préciser et approfondir ainsi qu’à affiner l’expression de la foi ».

Et si tout ceci reste à une « dimension horizontale », c’est bien normal, rétorque-t-il : « nous avons tous pour objectif de comprendre et servir l’homme ».

Dialogue interreligieux

Le cardinal estime que le « dialogue avec les juifs progresse réellement » : « Nous n’avons plus peur de nous confronter aux questions difficiles. Nous sommes capables de nous encourager et de continuer à nous écouter, même lorsque se manifeste un désaccord profond », confie-t-il.

De même avec les musulmans : à Lyon, tous les deux ans est organisée une journée de rencontre entre prêtres et imams. « C’est un moment très riche et très utile pour avancer dans la connaissance et le respect réciproque », souligne-t-il.

Pour l’islam, demeure également une problématique d’insertion sociale : « les musulmans avec lesquels je suis en dialogue sont très préoccupés de poser les bases d’un islam de France. Ils souffrent des divisions et des pressions politiques qui viennent du Maroc, d’Algérie ou de Turquie ».

« Récemment, rapporte le cardinal, un responsable musulman de Lyon, qui a participé à la manifestation du 17 novembre contre le projet de loi sur le mariage, regrettait que les musulmans n’aient pas été plus nombreux. Il remerciait l’Eglise catholique pour sa clarté sur ce thème. »

D’ailleurs, il fait observer une convergence des religions à ce sujet : « qui a lu les textes du pasteur Claude Baty, président de la fédération protestante, du grand rabbin de France, Gilles Bernheim, de M. Moussaoui, président du conseil français du culte musulman, et de la commission épiscopale famille et société a pu voir combien ces paroles étaient différentes mais clairement convergentes ».

Pour le dialogue : la place des médias

Pour entrer en dialogue avec le monde aujourd’hui, l’Eglise ne peut se passer des mass media : c’est pourquoi le cardinal appelle les chrétiens à « prendre leur place dans l’univers médiatique ».

Il s’agit, précise-t-il, de « travailler avec les moyens de notre époque » et « d’essayer d’être à l’avant-garde » mais également de « mesurer les risques », car il « n’est pas possible de tout anticiper ni contrôler ».

En outre, dénonce-t-il, « la logique des media n’est pas toujours cohérente », car l’objectif d’informer passe parfois au second plan « à cause du diktat des pourcentages d’écoute ».

Les personnes homosexuelles dans l’Eglise

Evoquant enfin le « mariage pour tous », le cardinal fait observer que « ce n’est pas un projet, mais un slogan » : « ce texte ne concerne pas les membres d’une même famille. Il n’est donc pas ‘pour tous’ ».

Pour le cardinal, ce projet « est essentiellement un mensonge » : « un mariage est l’union entre un homme et une femme » et « ce ne seront pas les Parlements du XXIe siècle qui le changeront », même pour « donner des droits aux membres de la société qui souffrent  d’injustices ou de discriminations ».

Lui-même « en dialogue avec de nombreuses personnes homosexuelles », le cardinal donne une parole d’encouragement : « Elles savent qu’elles sont aimées et qu’elles seront toujours accueillies ».

« Je leur rappelle surtout que Dieu veille sur tous et dit à chacun: «Tu es précieux à mes yeux »: je souhaite que chacun écoute l’appel du Christ et soit aidé à s’y conformer », ajoute-t-il.

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ZENIT Staff

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