Paul Kurian
ROME, jeudi 29 novembre 2012 (ZENIT.org) – Devasahayam Pillai (1712-1752), sera béatifié dimanche prochain, 2 décembre, dans son diocèse d’origine en Inde, exactement 300 ans après sa naissance. Il est le premier martyr indien laïc à être proclamé bienheureux.
La célébration aura lieu dans le diocèse de Kottar, dans le Tamil Nadu. Les organisateurs y attendent quelque 100.000 personnes. La cérémonie sera présidée par le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Les cardinaux indiens Oswald Gracias et Telespore Toppo seront également présents.
Benoît XVI avait approuvé le décret reconnaissant le martyre de Devasahayam Pillai en juin dernier (cf. Zenit du 28 juin 2012).
Devasahayam – de son nom hindou Nilakandan – Pillai est né dans le district actuel de Kanyakumari, au Tamil Nadu, dans une famille de la caste hindoue « Nair », proche des Brahmanes.
« Disciple de Job »
Le vice-postulateur de la cause, le P. A. Gabriel, a confié à Zenit ce 29 novembre, qu’il jouissait d’une place importante dans le royaume : « il travaillait comme officier au palais et le roi l’aimait beaucoup », raconte-t-il, ajoutant que Nilakandan était un homme bon et « fidèle à son devoir ».
Mais après de mauvaises récoltes et une mauvaise intendance, il perd ses biens, poursuit le vice-postulateur, expliquant que cette épreuve est « dévastatrice » chez Nilakandan, qui se demande avec angoisse : « Qui me respectera à présent que je suis pauvre ? ».
Il partage alors ses profondes préoccupations avec un catholique, Eustachius Benedictus De Lannoy, un officier néerlandais, qui lui explique la signification des souffrances à la lumière du livre de Job.
Pour Nilakandan, l’exemple de Job et sa « confiance absolue en Dieu » est « décisif », souligne le P. Gabriel: il décide de « suivre ses traces », tel un disciple.
« De ma propre volonté »
Il demande le baptême, convaincu de la vérité des mystères chrétiens, et il est baptisé en 1745 par le P. Giovanni Battista Buttari, un missionnaire jésuite, après neuf mois de préparation. Nilakandan prend le nom de « Devasahayam », traduction tamoule du prénom biblique de « Lazare », qui signifie « Dieu a secouru ».
Le jour de son baptême, ajoute le P. Gabriel, Devasahayam se consacre solennellement au Christ : « Personne ne m’a forcé à venir, je suis venu par ma propre volonté. Je connais mon cœur : Il est mon Dieu. J’ai décidé de le suivre et je le ferai toute ma vie ».
Sa vie ne sera plus jamais la même, insiste le P. Gabriel : Devasahayam se dédie à l’annonce de l’Evangile pendant quatre ans. Son épouse se convertit, puis d’autres personnes de son entourage.
Trois ans de martyre
Cependant, les leaders de sa religion initiale ne voient pas sa conversion d’un bon oeil. Ils insistent auprès du roi, qui fait arrêter Devasahayam en février 1749. On lui intime de revenir à l’hindouisme.
« Il est menacé, frappé, maltraité, mis en prison », et « torturé en continu durant trois ans », y compris en public, poursuit le P. Gabriel. Mais Devasahayam demeure ferme dans sa foi.
Constatant que son exemple créé des émules, le roi ordonne sa mise à mort, le 14 janvier 1752. Sa dépouille, jetée dans une forêt, est retrouvée par les chrétiens et inhumée devant l’autel de l’Eglise Saint-François-Xavier, qui deviendra la cathédrale du diocèse de Kottar.
Il est très vite vénéré dans la région. Si, dès 1756, sa béatification est souhaitée, ce n’est qu’en 1993 que la cause est ouverte canoniquement dans le diocèse.
Un antidote au matérialisme
Pour le vice-postulateur, la vie de Devasahayam Pillai est un antidote au matérialisme: « aujourd’hui, constate-t-il, la plupart des gens sont attirés par les scintillements du monde, les promesses matérielles ».
Au contraire, estime-t-il, la vie du bienheureux martyr, à la suite de Job, dans le dépouillement accepté, au service du Seigneur, est un signe pour les temps modernes.
Le P. Gabriel se dit convaincu qu’à travers la vie de Devasahayam Pillai, des personnes qui ne s’intéressent pas à Dieu peuvent être touchées.
Il ne fait pas de doute, conclut-il, que cette béatification d’un « martyr, laïc et converti », qui a lieu sous le signe de l’Année de la foi et du synode pour la nouvelle évangélisation, est un modèle pertinent.