ROME, mercredi 21 novembre 2012 (ZENIT.org) – Selon le cardinal Vingt-Trois, les débats sur le « mariage pour tous » en France ne sont pas « un combat politique » mais un « enjeu de civilisation ».
Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a prononcé une conférence sur le mariage et la famille le 19 novembre à Rome, à l’Institut français – Centre Saint-Louis, dans le cadre de la visite ad-limina des évêques de sa province (12-22 novembre). L’Osservatore Romano du 21 novembre 2012 publie des extraits de son intervention.
La civilisation humaine est en jeu
Evoquant le projet de loi du « mariage pour tous », le cardinal a fait observer que « nous assistons en France à une transformation profonde de la société ».
Cependant, a-t-il ajouté, « l’humanité se trouve confrontée à une donnée: la différence des sexes est une condition nécessaire à la reproduction et à la continuation de l’espèce ».
Pour le cardinal, il ne s’agit pas d’un « conflit de modèles sociaux » ni d’un « combat politique », mais d’un choix « où l’on fait disparaître quelque chose de la civilisation humaine ».
Il est donc « temps de prendre conscience que nous nous trouvons devant un enjeu de civilisation », a-t-il insisté, se demandant s’il est juste de « vouloir changer la civilisation pour 1 ou 2% de personnes directement intéressées ».
Dans ce contexte, les interventions de l’Eglise ne sont pas d’ordre confessionnel, a-t-il estimé : son discours repose en effet d’une part sur « l’absence de fécondité et de renouvellement de générations », et d’autre part sur « la place de l’enfant dans la société ».
En ce sens, elle met en garde contre le projet de procréation médicale assistée qui « engendrera de profondes discriminations », notamment en ce qui concerne le « géniteur caché », avec « des répercussions immenses sur le développement des enfants », a-t-il poursuivi.
L’Eglise est « sentinelle des défis qui concernent la conscience », elle rend un témoignage à travers ses fidèles, qui doivent « s’engager à dire ce qu’ils pensent », a déclaré le cardinal également, regrettant que les chrétiens ne se soient pas assez mobilisés dans la société « en faveur de la dimension sociale de la famille », dans un monde où « le côté structurant de la famille dérange ».
Il a finalement considéré la crise française comme « révélatrice », faisant remarquer que « les réactions agressives et irrationnelles » face au discours de l’Eglise, révèlent bien « l’enjeu caché » de civilisation.
Le dessein de Dieu pour l’homme
Faisant référence à l’héritage du discours prophétique, le cardinal a fait observer par ailleurs que l’amour conjugal est « un langage pour parler de Dieu ».
Les époux chrétiens en effet « se donnent à l’autre comme Dieu s’est donné à son peuple », a-t-il expliqué, mettant en garde : « si l’expérience familiale disparaît de la conscience humaine, nous perdrons une partie du dessein de Dieu pour nous ».
De même, a-t-il ajouté, « l’enfant est un projet dans le dessein de Dieu, résultat de l’attraction entre un homme et une femme ».
Selon cette vision, les changements dans la législation sur la famille constituent un point délicat, car « ils concernent la liberté profonde des hommes ».
Pour L’Osservatore Romano, la « question de fond » du cardinal était « Sommes-nous en train d’ouvrir une civilisation dans laquelle nous serons inaptes à qualifier l’amour définitif ? ».