L'Enfance du Christ: quatre clés d'interprétation du livre de Benoît XVI

Par le card. Ravasi

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Anne Kurian

ROME, mardi 20 novembre 2012 (ZENIT.org) – Le lien entre « histoire et foi », est l’une des quatre clés indiquées par le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, pour l’interprétation du nouveau livre de Benoît XVI sur « L’enfance de Jésus », lors d’une conférence de presse ce matin, 20 novembre 2012.

Tout comme Benoît XVI présente son nouvel ouvrage comme la « porte d’entrée » aux deux autres précédemment écrits sur « Jésus de Nazareth », le cardinal Ravasi considère les Evangiles de l’enfance comme une « planimétrie architecturale à plusieurs étages qui demande plusieurs clés d’accès ».

D’où l’importance d’une bonne interprétation. Pour cela, le cardinal propose quatre « clés » utilisées par Benoît XVI dans la lecture de ces textes.

Quatre clés d’interprétation

La première clé, explique-t-il, est le lien entre « histoire et foi », sur la base de la déclaration centrale du christianisme : « le Logos éternel et infini qui est Dieu devient chair, contingence, temporalité, finitude, mortalité, humanité ».

De cette affirmation, constate le cardinal, naît la question : les Evangiles de l’enfance sont-ils « une histoire vraie », ou bien seulement « une méditation théologique exprimée sous forme d’histoire ? ».

Pour Benoît XVI, poursuit-il, il s’agit « d’évènements historiques dont la signification a été théologiquement interprétée par la communauté chrétienne et les Evangiles ». Et encore: «Jésus n’est pas né ni apparu en public dans l’imprécis “jadis” du mythe. Il appartient à une époque exactement datable et à un milieu géographique exactement indiqué: l’universel et le concret se rencontrent ».

Selon le cardinal, « l’interprétation conjointe de la théologie et de l’histoire » est nécessaire car « le divin et l’historique se rencontrent en un unique carrefour » dans le Christ.

Citant le théologien protestant Karl Barth, qui définit la naissance de Jésus et sa résurrection comme les deux points où Dieu intervient dans le monde matériel, le pape commente : « ces deux points sont un scandale pour l’esprit moderne. On concède à Dieu d’agir sur les pensées et sur les idées, dans la sphère spirituelle, mais pas sur la matière (…) Mais si Dieu n’a pas aussi pouvoir sur la matière, alors il n’est pas Dieu ».

La deuxième clé est celle de la relation entre « histoire et prophétie » : « l’évangéliste Matthieu, précise le cardinal, construit son récit de l’enfance de Jésus sur une séquence de citations bibliques, créant un contrepoint entre prophétie et évènement ».

Benoît XVI, souligne-t-il, « appelle les annonces prophétiques « paroles en attente » », en attente de « recevoir leur déchiffrage entier, leur “protagoniste” ».

La troisième clé est l’action de « l’auteur et du lecteur » : « devant ces textes qui ne sont pas seulement « informatifs » mais « performatifs », le mouvement “centripète” (“ce que ces textes disent en eux-mêmes”) doit se conjuguer avec un parcours “centrifuge” qui atteint l’aujourd’hui (“ce que ces textes disent pour moi”) », fait observer le cardinal.

La quatrième clé enfin est l’« outil linguistique » : à la différence de beaucoup de théologiens, Benoît XVI a recours à un « langage toujours limpide, essentiel, incisif, humble », langage qui exprime aussi « sa personne même ».

La « porte d’entrée » des Evangiles

Dans le préambule, indique le cardinal par ailleurs, Benoît XVI « propose une métaphore descriptive pour définir son analyse de l’enfance de Jésus » : ce nouvel ouvrage est « la « porte d’entrée » de cette architecture magistrale déjà explorée dans les deux volumes précédents ».

Dans cet espace initial en effet, poursuit le cardinal, « se projettent déjà les ombres et lumières » qui suivront : ainsi, « la persécution d’Hérode avec le massacre des innocents est reflétée par le sang de la croix, Jérusalem entière est bouleversée par la nouvelle de la naissance de l’enfant, comme elle le sera dans l’acte suprême du refus final, les trois jours de Jésus âgé de 12 ans dans le Temple semblent préfigurer le triduum de la tombe ».

D’ailleurs, ajoute-t-il, « l’art des icônes, notamment avec Novgorod (XVe siècle) a inventé la représentation de la mangeoire de l’enfant comme le sépulcre ou l’autel où “se mange” le corps du Christ eucharistique ».

Le cardinal estime que Benoît XVI utilise dans son ouvrage « la technique quasi cinématographique de l’anticipation » : dans ce “hall d’entrée”, le pape fait résonner « une question qui retentira sous les voûtes du palais du prétoire romain de Jérusalem, lorsque le gouverneur Pilate interpellera l’accusé Jésus: «D’où es-tu?» (Jn, 19, 9) ».

Or, fait-il observer, « cette question, qui serpente les Evangiles, a justement sa réponse dans les 180 versets que le pape explore ».

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ZENIT Staff

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