Anita Bourdin
ROME, lundi 12 novembre 2012 (Zenit.org) – Les évêques français des provinces de Lille, Reims, Paris, Besançon, Dijon et des diocèses de Strasbourg et Metz, ainsi que l’évêque aux armées et les Ordinariats des catholiques des Églises orientales résidant en France sont en visite « ad limina » à Rome cette semaine du 12 au 22 novembre 2012. Ils devraient être reçus par le pape samedi prochain, 17 novembre.
Un premier groupe d’évêques français – des provinces ecclésiastiques des provinces de Rouen, Rennes, Poitiers, Tours et Bordeaux – a effectué leur visite « ad limina » du 20 au 29 septembre. Ils ont été reçus ensemble par Benoît XVI à Castelgandolfo.
Les évêques français se rendent à Rome cette année en trois grands groupes, rassemblant chacun cinq des quinze provinces ecclésiastiques de France métropolitaine, a indiqué un communiqué de la Conférence des évêques de France (CEF).
Le troisième groupe, celui des évêques des provinces de Clermont, Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse sera reçu du 23 novembre au 3 décembre 2012. Ils seront reçus par le pape le lundi 26 novembre.
A chaque groupe, le pape adresse un message, illustrant différents aspects de la vie de l’Eglise en France.
Ce second groupe est conduit par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence épiscopale, au lendemain de l’assemblée de lourdes.
Pèlerinage du premier groupe
En recevant les 32 évêques du premier groupe, le 21 septembre, pour l’audience collective de Castelgandolfo, Benoît XVI leur avait apporté son soutien dans la défense de la famille, menacée par une conception défectueuse de la nature humaine. Il les avait encouragés à prendre soin des prêtres, à respecter les sensibilités différentes et les avait mis en garde contre une bureaucratisation de la pastorale, rappelle Radio Vatican.
Le pape mettait en garde contre la « bureaucratisation : « Le risque existe de mettre l’accent sur la recherche de l’efficacité avec une sorte de «bureaucratisation de la pastorale », en se focalisant sur les structures, sur l’organisation et les programmes, qui peuvent devenir « autoréférentiels », à usage exclusif des membres de ces structures. Celles-ci n’auraient alors que peu d’impact sur la vie des chrétiens éloignés de la pratique régulière. L’évangélisation demande, en revanche, de partir de la rencontre avec le Seigneur, dans un dialogue établit dans la prière, puis de se concentrer sur le témoignage à donner afin d’aider nos contemporains à reconnaître et à redécouvrir les signes de la présence de Dieu ».
Le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, a évoqué le processus de sécularisation, l’affaiblissement du tissu ecclésial, la perte de la culture chrétienne, mais aussi le dynamisme des nouvelles générations et le souci de justice sociale dans un contexte de crise. Il a tenu une conférence à l’Institut français-Centre Saint-Louis sur la laïcité (cf. Zenit du 28 septembre 2012).
La visite « au seuil » (« ad limina ») des tombeaux des apôtres Pierre et Paul est une visite que les évêques effectuent, en principe tous les cinq ans, au Saint-Siège. Les évêques de France n’étaient pas revenus depuis 2003-2004 (24 novembre 2003-28 février 2004), en raison du décès de Jean-Paul II en 2005 et de la visite de Benoît XVI en France en 2008.
La France métropolitaine compte avec 95 évêques et 9 diocèses dans les départements et territoires d’Outre-Mer : en tout, la Conférence des évêques de France rassemble 125 évêques et cardinaux en activité, selon les chiffres de Radio Vatican.
L’organisation des visites ad limina
C’est l’occasion pour les évêques de faire un bilan de leur action pastorale et des priorités de leurs diocèses, et d’échanger avec les proches collaborateurs du pape. Mais, en 2003-2004 tous les évêques ont souligné l’importance de ce moment « fraternel » entre eux.
Pour préparer ces visites, les évêques rédigent un rapport – de plusieurs centaines de pages – concernant leur diocèse sur la base d’un questionnaire fourni par Rome. Ils le transmettent plusieurs mois avant leur venue et leurs contenus sont répartis dans les différents dicastères romains, selon leurs compétences.
C’est la Congrégation pour les évêques qui organise les visites des évêques dans les différents dicastère grâce à son « bureau de la coordination des visites ad limina ».
Les évêques s’y rendent ensemble et l’un d’entre eux est désigné pour prendre la parole au nom du groupe.
Le bureau de la coordination des visites ad limina prend en charge toutes les questions concernant la préparation des visites officielles, le calendrier, et le programme des célébrations dans les quatre basiliques majeures : Saint-Pierre, Saint-Jean de Latran, Saint-Paul-hors-les-murs et Sainte-Marie-Majeure.
La décision de saint Grégoire le Grand
La CEF indique que d’après le « Directoire » pour la visite ad limina, publiée par le Saint-Siège en 1988, il n’existe pas de date précise concernant l’apparition dans l’histoire des premières visites ad limina mais de nombreux témoignages mentionnent son existence dès le IVe siècle.
C’est le pape saint Grégoire le grand qui a établi, au VIe siècle, que cette visite aurait lieu tous les cinq ans.Au XVIe siècle, suite au concile de Trente, Sixte Quint réforma, par la constitution apostolique Romanus Pontifex (1585), la discipline régissant les visites ad limina en y introduisant une règle imposant l’obligation d’informer le pape périodiquement sur l’état matériel et spirituel des Eglises particulières.
Malgré les innovations des souverains pontifes successifs, les trois aspects fondamentaux de la constitution Sixtine concernant les visites ad limina demeurent. Il s’agit de vénérer les tombeaux des Apôtres Pierre et Paul dans leurs basiliques, rendre visite au pape et remettre un rapport sur la situation du diocèse.
À l’origine, précise la même source, chaque évêque devait, en personne, se présenter à Rome. Les papes Paul VI et Jean-Paul II ont fait évoluer cette tradition notamment avec la constitution Pastor Bonus (1988). Les visites ad limina sont, aujourd’hui, organisées par groupes d’évêques.
« Ecclésialement, elles permettent pour chaque évêque, une rencontre avec celui qui est à la tête de l’Eglise, le pape et ses collaborateurs et une expérience de communion avec ses frères évêques », commente la CEF.