ROME, samedi 10 novembre 2012 (Zenit.org) – « L’enjeu n’est pas ici l’homosexualité qui est un fait, une réalité, quelle que soit mon appréciation de Rabbin à ce sujet, mais le risque irréversible d’un brouillage des généalogies, des statuts (l’enfant-sujet devenant enfant-objet) et des identités », explique le grand rabbin Bernheim à propos du projet de loi français sur le mariage entre personnes homosexuelles.
Le grand rabbin de France Gilles Bernheim, cité par le P. Lombardi, dans son éditorial (cf. Zenit du 10 novembre 2012), a en effet rédigé une plaquette intitulée « Communication du Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, « Mariage homosexuel, homoparentalité et adoption : Ce que l’on oublie de dire » ».
Il s’agit d’une réflexion de 25 pages que le grand rabbin a adressée au président français François Hollande et au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 23 octobre dernier, pour expliquer pourquoi à ses yeux ce projet de loi est mauvais pour la société française.
Cet « essai » est disponible sur son site. Il a également été adressé aux ministres, aux parlementaires et aux instances concernées.
Il dit en effet ceci : « Je m’exprime en qualité de Rabbin, et plus particulièrement de Grand Rabbin de France. Je ne suis pas le porte-parole d’un groupe d’individus, mais le référent et le porte-parole du judaïsme français dans sa dimension religieuse. Comme tous les autres Rabbins, je suis un lecteur, un enseignant et un commentateur des textes de la sagesse juive qui sont empreints d’une grande tradition de dialogue, de dialectique, d’herméneutique, bref de pluralisme. J’ai toujours regardé comme un devoir l’engagement intellectuel dans les grands choix de l’histoire et en premier lieu dans les grands choix de mon pays ».
Il ajoute : « A ce titre, le projet d’autoriser le mariage homosexuel, de même que le projet de donner une réalité juridique à des faits d’homoparentalité et d’adoption, me concernent. C’est pourquoi je récuse la posture de repli d’une minorité de responsables religieux, consistant à se mettre hors-jeu et à s’exclure du débat, au motif qu’il existe la possibilité d’un mariage religieux en aval du mariage civil. Le hors-jeu est une faute quand il pratique l’autopromotion. (…) Ma vision du monde est guidée par la Bible et par les commentaires rabbiniques – ce qui ne surprendra personne. Concernant les sujets-clés de la sexualité et de la filiation, elle est fondée sur la complémentarité de l’homme et de la femme ».
« Dans cet essai, explique-t-il, je me suis référé exclusivement au livre de la Genèse et ai donc choisi ne pas mentionner les interdits homosexuels inscrits dans le Lévitique car j’ai considéré que l’enjeu n’est pas ici l’homosexualité qui est un fait, une réalité, quelle que soit mon appréciation de Rabbin à ce sujet, mais le risque irréversible d’un brouillage des généalogies, des statuts (l’enfant-sujet devenant enfant-objet) et des identités – brouillage préjudiciable à l’ensemble de la société et perdant de vue l’intérêt général au profit de celui d’une infime minorité ».