Antonio Gaspari

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, lundi 24 septembre 2012 (ZENIT.org) –  Personne ni même elle, n’avait imaginé qu’elle serait élue. En dehors du Mouvement des Focolari, personne ne la connaissait. Pourtant, le 7 juillet 2008, quatre mois après le départ au ciel de Chiara Lubich, la fondatrice charismatique du mouvement, 496 délégués provenant du monde entier ont élue Maria Voce, présidente internationale du mouvement.

Tout cela est raconté dans un livre « Le pari d’Emmaüs » (« La scommessa di Emmaüs ») des auteurs italiens Paolo Loriga et Michele Zanzucchi. Il a  présenté samedi dernier, 23 septembre, à Loppiano, la première des 33 « cités » internationales du mouvement présentes sur les 5 continents.

 Et c’est  Maria Voce elle-même qui raconte aux deux auteurs  « son étonnement » face à cette élection qui, dit-elle, lui « faisait un peu peur ».

Maria Voce, une femme il est vrai réservée mais pourtant forte et déterminée, qui fut la toute première avocate de sa région, la Calabre, dans le sud de l’Italie, avant de devenir responsable des Focolari en Turquie pendant six ans et assistante de Chara Lubich pour la révision des statuts. Tous les membres des Focolari la surnommaient « Emmaüs ».

« Quand les préférences ont commencé à se coaguler autour de mon nom, raconte-t-elle, j’ai senti arriver le danger d’être élue ».

Avec le mouvement dans une situation d’égarement après la perte de son leader charismatique, Maria Voce, qui est d’un tempérament optimiste et n’a pas l’habitude d’avoir peur, s’est retirée dans une chapelle et a dit à Dieu : « me voilà je suis prête ».

Quatre ans plus tard, dans ce livre, elle explique qu’elle n’est pas présidente du mouvement parce que Chiara l’a désignée mais parce que c’est Dieu qui l’a voulu, disant : « Dieu a donné à Chiara le don de l’unité pour moi et pour tous les autres, et c’est Lui que je suis ».

Maria Voce est convaincue que son élection marque une nouvelle étape pour le mouvement, une discontinuité qui a besoin de l’incarnation et de l’institutionnalisation du charisme ».

Selon la Présidente des Focolari, il faut «  commencer à concrétiser davantage ce que Chiara a indiqué dans sa vision prophétique (…) pour conduire l’œuvre vers des horizons encore inexplorés et à découvrir ensemble ».

Dans un entretien à Lucetta Scaraffia, éditorialiste de l’édition italienne de L’Osservatore Romano, le quotidien du Saint-Siège, et au vaticaniste italien Parco Politi, à l’occasion de la sortie du livre, Maria Voce,  est invitée à se prononcer sur la place des femmes dans la société et dans l’Eglise.

A la question « la femme ne devrait-elle pas avoir une présence et un rôle plus marquée ?   Ou bien, «  peut-on imaginer la présence d’une femme cardinale à un prochain conclave ? », la présidente des Focolari a répondu : « le génie féminin fait autorité mais il n’a pas besoin de recouvrir nécessairement des postes de pouvoir formel ».

A ce propos, elle a parlé de la Vierge Marie et de sa présence dans l’Eglise : « une présence qui est le maximum de l’amour, mais Marie est aussi Reine, donc dotée d’un pouvoir qui, dans l’Eglise primitive, faisait que tout le monde se rassemblait autour d’elle ».

« Ce n’est pas elle qui commandait, mais c’était elle qui retenait ; et elle retenait tout le monde, y compris les apôtres, y compris Pierre », a-t-elle commenté.

A la question de Marco Politi, qui a demandé à Maria Voce de soutenir la proposition du cardinal Martini d’organiser une sorte de troisième Concile Vatican III qui, selon lui, pourrait résoudre tant de problèmes dans l’Eglise, Maria Voce a répondu : « Nous avons encore tant à vivre et réaliser de l’extraordinaire patrimoine du Concile Vatican II ».

Pour elle, « la question n’est pas tant de réunir à nouveau tous les évêques à Rome (…) mais que l’on fasse plus au niveau des conférences épiscopales, des synodes locaux, pour donner  plus de consistance  concrète à ce qui est sorti du Concile Vatican II ».

Aux deux journalistes, Maria Voce a conclu : « Il ne faut pas avoir peur car c’est Dieu qui fait l’histoire ! »