L'évangélisation : un électrochoc pour l'indifférence du monde

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Le card. Ravasi présente le « Parvis des Gentils » d’Assise

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Propos recueillis par Salvatore Cernuzio
Traduction d’Anne Kurian

ROME, mercredi 26 septembre 2012 (ZENIT.org) – Si l’on a le courage de « mettre sur le tapis, dans un langage compréhensible », les thèmes qui habitent le cœur de l’homme, alors « la superficialité sera secouée par un électrochoc », déclare le cardinal Ravasi.

Zenit a rencontré le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, au terme de la conférence de presse de présentation de l’étape du « Parvis des Gentils » à Assise (5-6 octobre 2012), hier, 25 septembre 2012, au Vatican (cf. Zenit du 25 septembre 2012).

Zenit – Eminence, qu’attendez-vous du synode des évêques en octobre ?

Card. Ravasi  – Nous attendons que la présentation de la foi advienne sous une forme, avec un langage, qui soit le plus possible compréhensible, non seulement pour les croyants mais aussi pour l’horizon culturel général. C’est-à-dire qu’il ne soit pas seulement autoréférentiel ou lié à des formules qui, si elles sont précieuses, sont dépassées.

C’est toute l’importance de la communication de la foi, ce que nous faisons en quelque sorte nous aussi, même sans vouloir évangéliser. D’ailleurs, l’Instrument de travail du synode cite le « Parvis des Gentils ».

Quelle serait la formule efficace pour vaincre l’indifférence ?

Je pense que pour vaincre le “brouillard” de la superficialité, de la banalité, de l’indifférence il y a deux routes. L’une est celle adoptée par quelques Eglises américaines, surtout protestantes, qui est de proposer l’essentiel, le minimum, en s’engageant particulièrement sur le versant de la charité, du volontariat et de l’engagement social. C’est un élément certainement significatif, mais, à mon avis, insuffisant, dans le sens où l’Eglise n’est pas “une agence caritative”.

L’autre chemin, au contraire, est celui de la vérité ultime, c’est-à-dire le courage de mettre sur le tapis, dans un langage compréhensible, les thèmes de la vie, de la mort, du bien, du mal, de la justice, de la souffrance, de l’amour.

Ce sont en réalité toutes les demandes qui sont déposées en toutes les personnes et qui émergent quand elles traversent une souffrance comme, par exemple, un parent qui meurt du cancer ou bien quand elles tombent amoureuses, se trouvent au contact de la beauté, etc. Ces questions doivent être proposées de nouveau avec un langage incisif et culturellement efficace: c’est l’unique chemin pour faire trouver à l’humanité une réponse. C’est seulement ainsi que la superficialité sera secouée par un électrochoc.

Le président italien Giorgio Napolitano sera présent à Assise. Pourquoi ?

Il représente deux éléments fondamentaux : d’une part, il incarne la figure de l’Italie dans toutes ses dimensions et donc comme un pays de grande tradition chrétienne. C’est la voix d’une Italie qui a toujours eu le thème religieux dans le panorama de sa tradition culturelle. On ne peut pas entrer dans une pinacothèque ou dans une ville sans “tomber” sur des cathédrales, des monuments, des tableaux qui rappellent le sacré. 

D’autre part, le président représente une grande personnalité qui a reproposé les valeurs, au milieu de la dégradation culturelle, sociale et politique. Il insiste souvent, surtout avec les jeunes, sur le thème des grandes valeurs. C’est là que se crée une syntonie : quand on commence à s’interroger sur des questions fondamentales pour la société même.

Pensez-vous qu’il faille réviser les enseignements sur les religions dans les écoles ?

Je crois qu’il est important de renouveler la didactique, avant tout dans la méthode. Pensons à la communication actuelle, qui ne se fait plus au moyen de papier et de crayon comme dans mon enfance, mais avec la technologie et diverses modalités. Mais un renouvellement est aussi nécessaire dans les contenus ! Il y a certes des éléments desquels on ne peut faire abstraction, non seulement pour la religion, mais aussi pour les sciences. En même temps, il y a des interpellations toujours nouvelles : pensons aux questions de la bioéthique, un terme qui n’existait pas il y a 50 ans. Je crois par conséquent que l’enseignement de la religion, de façon juste, sur la base du message évangélique et des grands enseignements chrétiens qui seront toujours transmis, doit s’adapter aux changements de la société et à l’évolution des temps et de la culture.

Que penser des évènements qui rendent hommage aux grands du passé ?

L’héritage que nous avons est tellement grand et glorieux qu’on ne peut pas le considérer comme une chose du passé, marginale ou à jeter. C’est un des fondements les plus féconds dans l’absolu. Rappelons cependant que la méthode est fondamentale, dans le sens où ces évènements d’une telle épaisseur culturelle ne doivent pas être présentés comme des « opérations philologiques », mais comme un stimulant sur lequel construire davantage. Les paroles du philosophe Bernard de Chartres expriment bien cela : “Nous sommes des nains sur les épaules de géants, mais c’est pour cela que nous réussissons à voir plus loin”.

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ZENIT Staff

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