Anne Kurian
ROME, mardi 25 septembre 2012 (ZENIT.org) – La diplomatie vaticane a de multiples facettes, toutes orientées vers le bien commun de l’humanité, souligne le cardinal Bertone, évoquant entre autres la protection de la dignité humaine et la promotion de la paix, qui se situe « entre le réalisme et la prophétie ».
Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat, a reçu le Prix international « Conde de Barcelona », ce mardi 25 septembre 2012, au monastère de Pedralbes, à Barcelone. Cette reconnaissance, instituée par la « Fondation Comte de Barcelone », du quotidien espagnol «La Vanguardia», est destinée à récompenser des personnalités ou institutions qui se sont distinguées dans le domaine de la communication.
Le Prix a été remis au cardinal Bertone par le roi d’Espagne Juan Carlos Ier, en présence de nombreuses autorités civiles et religieuses, parmi lesquelles les cardinaux Antonio María Rouco Varela, archevêque de Madrid, et Antonio Cañizares Llovera, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, Mgr Renzo Fratini, nonce apostolique en Espagne, M. Jorge Fernández Díaz, ministre de l’Intérieur, et l’ambassadeur d’Espagne près le Saint-Siège, Eduardo Gutiérrez Sáenz de Buruaga.
Le cardinal Bertone a prononcé une allocution sur le rôle de la diplomatie vaticane, qui entretient aujourd’hui une relation avec quelque 179 nations, contre seulement 84 en 1978.
Une forme privilégiée de communication
Même si elle semble pour certains une « relique du passé » ou le « reflet d’une Eglise marquée par des choix qui ne répondent pas aux réalités de notre temps », elle joue pourtant un « rôle fondamental » en faveur « de la dignité humaine, de la concorde entre les nations et du juste progrès d’un ordre mondial fondé sur la paix, la justice et la solidarité internationale », a-t-il estimé.
Pour le cardinal, la diplomatie du Saint-Siège est une « recherche incessante de voies justes et humaines », qui tient compte en même temps des « droits et responsabilités des personnes et des Etats » et du « bien de chaque homme qui ne s’obtient qu’en sauvegardant le bien commun ».
En ce sens, l’action diplomatique « menée par le pape et ses collaborateurs » est une « forme privilégiée de communication », dont la fin est « le bien commun et l’entente de la communauté internationale », a-t-il ajouté.
Entre réalisme et prophétie
Selon le cardinal, il faut avoir conscience des multiples facettes de l’œuvre des diplomates : en plus de leurs « activités auprès des gouvernements », ils sont « hérauts de la parole et de la proximité du pape », rendant présente dans le monde sa « sollicitude paternelle » et « renforçant les liens avec les Eglise particulières, sans oublier le dialogue œcuménique et interreligieux ».
Ils sont également impliqués dans la « promotion de la paix », qui est un « objectif prioritaire du Saint-Siège ». Ce domaine spécifique se situe « entre le réalisme et la prophétie », a commenté le cardinal : le réalisme invite à « prendre conscience de la complexité croissante des situations sociales », mais la prophétie « pousse à ne pas renoncer à ce qui, dans un premier temps, semble utopique, mais qui, avec un regard d’espérance, peut être vu comme une réelle possibilité ».
En raison de la complexité de leur tâche, les nonces et les délégués apostoliques – dans les pays qui n’ont pas de relations diplomatiques complètes avec le Saint-Siège – sont « es pasteurs, des hommes d’Eglise, formés du point de vue humain, académique et sacerdotal », a-t-il souligné.
Sauver des vies
« La diplomatie du pape travaille, de façon discrète mais constante, au service de nombreuses réalités, pour sauver des vies et rendre la situation d’un grand nombre de personnes plus humaine », a insisté le cardinal, confiant son « admiration » pour leur « généreux don de soi, leur abnégation et leur dévouement à ceux qui leur sont confiés », ainsi que leur « ferme volonté de construire des ponts ».
Mais le revers de la médaille est « plus douloureux », a-t-il fait observer : car pour édifier « un monde où se reflète la compassion envers les personnes faibles et sans défense », pour « travailler en faveur de la dignité de la personne humaine », il faut « mettre en évidence tout ce qui lui est contraire ».
Il s’agit donc de dénoncer « les fléaux qui frappent l’humanité, comme la pauvreté, le trafci de drogue, le terrorisme, l’extorsion, l’insécurité civile ou toute violence », de « faire la lumière sur les plaies qui blessent la partie la plus profonde de la condition humaine, devant lesquelles on ne peut se taire ».
Le cardinal a évoqué en particulier la protection des « familles fondées sur le mariage entre un homme et une femme »: « on ne fera jamais assez pour que la vie des êtres humains se développe de façon intégrale ».
L’Eglise respecte chacun
Le cardinal a dénoncé le fait que l’on « discrédite » les déclarations de l’Eglise sur les « questions non négociables comme la protection de la vie humaine, la famille fondée sur le mariage ou le droit inaliénable des parents à offrir une éducation religieuse à leurs enfants ».
On l’accuse de vouloir « imposer la perception ecclésiale à tous les citoyens des sociétés pluralistes », a-t-il constaté, mais « loin de cela », l’Eglise désire « respecter toutes les personnes et elle n’a pas la prétention de juger celui qui ne partage pas sa vision ».
L’Eglise est « ouverte au dialogue », mais son « service de la société et de la vérité » lui demande « d’exposer les raisons de ses convictions », d’avoir recours à des arguments «de raison», « fondés sur l’ordre naturel et inscrits dans le cœur humain », a-t-il précisé.
Le cardinal Secrétaire d’Etat a encouragé ses collaborateurs à « se battre pour une vision large des relations sociales », et à croire à « une maturation éthique de l’humanité, lente mais irréversible ».
La fonction de Secrétaire d’Etat a un double aspect, a-t-il également expliqué : d’une part, le service quotidien du pape, et d’autre part, le développement des relations du Saint-Siège avec les Etats et les organisations internationales « pour le bien de l’Eglise et de la société civile ».
Le cardinal destine la somme attachée à cette récompense internationale à des œuvres caritatives, la moitié étant pour l’archevêché de Barcelone, qui aide les jeunes sans travail et l’autre moitié pour les projets du groupe « Guadalupe del Nicaragua », qui offre des bourses d’étudiants aux familles à faibles revenus, dans les écoles fondées par le bienheureux capucin José Tous y Soler (1811-1871), béatifié en 2010 à Barcelone. Et c’est le cardinal Bertone qui présidait alors la célébration.