Discours de Benoît XVI à l'"Internationale démocrate", 22 sept. 2012

Vivre l’engagement politique « avec confiance et sans se résigner »

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ROME, lundi 24 septembre 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI encourage les chrétiens engagés en politique à vivre cet engagement « avec confiance et sans se résigner », à avoir « un esprit prophétique, capable de saisir dans les transformations en acte l’incessante et mystérieuse présence de Dieu dans l’histoire » et à rechercher « un solide fondement éthique » de toutes les décisions.

Le pape a en effet reçu les participants aux travaux du Comité exécutif de l’ « Internationale démocrate centriste » – appelé aussi l’ « Internationale démocrate chrétienne » – en sa résidence d’été de Castelgandolfo, samedi 22 septembre 2012.

Discours de Benoît XVI:

Monsieur le président,
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous recevoir durant les travaux du Comité exécutif de l’Internationale Démocrate Chrétienne, et je désire, avant tout, adresser un salut cordial aux nombreuses délégations, venant de nombreuses nations du monde. Je salue en particulier le président, Pier Ferdinando Casini, que je remercie pour les aimables paroles qu’il m’a adressées en votre nom. Il s’est écoulé beaucoup de temps depuis notre rencontre précédente et durant cette période l’engagement des chrétiens dans la société n’a pas cessé d’être un ferment vivant pour une amélioration des relations humaines et des conditions de vie. Cet engagement ne doit pas connaître de fléchissements ou de replis, mais au contraire se répandre avec une vitalité renouvelée, étant donné la persistance et, à certains égards, de l’aggravation des problématiques que nous avons devant nous.

La situation économique actuelle assume une importance croissante, dont la complexité et la gravité préoccupent à juste titre, mais devant laquelle le chrétien est appelé à agir et à s’exprimer avec un esprit prophétique, c’est-à-dire capable de saisir dans les transformations en acte l’incessante et mystérieuse présence de Dieu dans l’histoire, assumant ainsi avec réalisme, confiance et espérance les nouvelles responsabilités émergentes. «La crise nous oblige à refaire le plan de notre chemin, à nous donner de nouvelles règles et à trouver de nouvelles formes d’engagement, devenant ainsi occasion de discernement et de nouvelle planification» (Encyclique Caritas in veritate, 21).

C’est dans cet esprit, avec confiance et sans se résigner, que l’engagement civil et politique peut recevoir un stimulant et une impulsion nouveaux dans la recherche d’un fondement éthique solide, dont l’absence dans le domaine économique a contribué à créer la crise financière mondiale actuelle (Discours à Westminster Hall, Londres, 17 septembre 2010). La contribution politique et institutionnelle dont vous êtes porteurs ne pourra donc pas se limiter à répondre aux urgences d’une logique de marché, mais elle devra continuer à assumer la recherche – centrale et incontournable – du bien commun, honnêtement compris, ainsi que la promotion et la protection de la dignité inaliénable de la personne humaine. Aujourd’hui , l’enseignement conciliaire selon lequel «l’ordre des choses doit être subordonné à l’ordre des personnes et non l’inverse» (Gaudium et spes, 26) résonne, plus actuel que jamais. Cet ordre de la personne « a comme fondement la vérité, s’édifie dans la justice » et il « est vivifié par l’amour » (Catéchisme de l’Eglise catholique, 1912) et son discernement ne peut pas avoir lieu sans une constante attention à la Parole de Dieu et au Magistère de l’Eglise, particulièrement de la part de ceux qui, comme vous, s’inspirent des principes et des valeurs chrétiennes pour leur activité.

Malheureusement les offres de réponses hâtives, superficielles et à court terme aux besoins les plus fondamentaux et profonds de la personne sont nombreuses et bruyantes. Ceci démontre que l’avertissement de l’Apôtre est tristement actuel, lorsqu’il met en garde son disciple Timothée sur le jour « où l’on ne supportera plus l’enseignement solide ; mais où, au gré de leur caprice, les gens iront chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau » (2 Tm 4,3).

Les domaines dans lesquels s’exerce ce discernement décisif sont justement ceux qui concernent les intérêts les plus vitaux et délicats de la personne, là où ont lieu les choix fondamentaux inhérents au sens de la vie et à la recherche du bonheur. Ces domaines d’ailleurs ne sont pas séparés, mais profondément reliés, il existe entre eux un évident continuum constitué du respect de la dignité transcendante de la personne humaine (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, 1929), enraciné dans son être à l’image du Créateur et fin ultime de toute justice sociale authentiquement humaine. Le respect de la vie dans toutes ses phases, de la conception jusqu’à la fin naturelle – avec le refus conséquent de procurer l’avortement, l’euthanasie et de toute pratique eugénique – est un engagement qui est en effet lié à celui du respect du mariage, en tant qu’union indissoluble entre un homme et une femme et fondement à son tour de la communauté de vie familiale.

C’est dans la famille, «fondée sur le mariage et ouverte à la vie» (Discours aux autorités, Milan, 2 juin 2012), que la personne fait l’expérienve du partage, du respect et de l’amour gratuit, recevant en même temps – de l’enfant au malade et au vieillard – la solidarité qui lui est nécessaire. Et c’est encore la famille qui constitue le lieu principal et le plus incisif pour l’éducation de la personne, à travers les parents qui se mettent au service des enfants pour les aider à tirer vers l’extérieur («e-ducere») le meilleur d’eux-mêmes. La famille, cellule originelle de la société, est par conséquent racine qui alimente non seulement chaque personne, mais aussi les bases mêmes de la cohabitation sociale. Le bienheureux Jean-Paul II avait donc inclus avec raison, parmi les droits de l’homme, le «droit à vivre dans une famille unie et dans un environnement moral, favorable au développement de sa personnalité » (Encyclique Centesimus annus, 44).

Le progrès authentique de la société humaine ne pourra donc pas se passer de politiques de protection et de promotion du mariage et de la communauté qui en découlent, politiques qu’il revient non seulement aux Etats mais aussi à la communauté internationale d’adopter, afin d’inverser la tendance d’un isolement croissant de l’individu, source de souffrance et de dessèchement, tant pour l’individu que pour la communauté.

Mesdames et Messieurs, s’il est vrai que « dans toutes les circonstances de l’histoire les hommes et les femmes sont rigoureusement responsables et débiteurs » de la défense et de la promotion de la dignité de la personne humaine  (Catéchisme de l’Eglise catholique, 1929), il est aussi vrai que cette responsabilité concerne de façon particulière ceux qui sont appelés à occuper un rôle de représentation. Ils doivent être, surtout s’ils sont animés par la foi chrétienne, « capables de transmettre aux générations de demain des raisons de vie et d’espérance » (Gaudium et Spes, 31). L’avertissement de la Sagesse résonne en ce sens utilement : «un jugement implacable s’exerce sur les grands» (Sg 6,5); avertissement qui n’est pas donné cependant pour épouvanter, mais pour éperonner et encourager les gouvernants, à tout niveau, à réaliser toutes les possibilités de bien commun dont ils sont capables, selon la mesure et la mission que le Seigneur confie à chacun.

Je souhaite donc à chacun de vous de poursuivre avec enthousiasme et décision dans l’engagement personnel et public, je vous assure de mes pri
ères, afin que Dieu vous bénisse ainsi que vos familles. Merci de votre attention.

© Libreria Editrice Vaticana

Traduction de Zenit, Anne Kurian


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ZENIT Staff

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