Anne Kurian
ROME, mercredi 19 septembre 2012 (ZENIT.org) – Le cardinal Ravasi se réjouit de la dernière initiative du Parvis des Gentils, en Suède, où les interlocuteurs ont parlé de Dieu ouvertement, en public, dans une société pour laquelle la religion est une question privée.
Une rencontre du « Parvis des Gentils » a en effet eu lieu dans la capitale suédoise, Stockholm, les 13 et 14 septembre 2012, sur le thème: « Le monde avec ou sans Dieu ». L’évènement était organisé avec le soutien de l’ambassade de Suède près le Saint-Siège, de l’Académie des sciences et du centre pour jeunes « Fryshuset » (cf. Zenit du 17 juillet 2012).
Le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, était l’un des principaux intervenants. Il tire un bilan positif de cette rencontre, au micro de Radio Vatican.
Elle se passait dans un cadre « fièrement laïc, sécularisé, où le discours religieux ne fait pas partie du tissu social normal de la communication et est réservé seulement à l’intimité des personnes ou au domaine strictement ecclésial », explique-t-il.
Mais, confie-t-il, les « peurs et tremblements » qui auraient pu être son lot ont été balayées pour deux raisons: d’une part, « l’accueil reçu de la part de ceux qui n’étaient pas croyants a été particulièrement intense ». D’autre part, la « présence et la participation » de la communauté luthérienne a été particulièrement importante.
Sur les deux jours, qui ont été « étonnamment réussis », des environnements « totalement laïcs » ont été « dominés de discours religieux », poursuit-il : là où les discours religieux sont d’habitude « politiquement et culturellement incorrects », des « personnalités importantes de la culture suédoise » ont « déclaré leur foi ou leur abandon de la foi ou encore leur négation totale d’une quelconque dimension de foi, s’exprimant en public et même devant leurs collègues ».
Ce fut pour beaucoup une « surprise », ajoute-t-il, rapportant l’aveu d’un interlocuteur, « qui n’aurait jamais imaginé que le silence autour des thèmes religieux en Suède serait rompu par un cardinal catholique ».
L’un des évènements centraux du programme était un débat public autour de sept personnalités de la science et de la culture suédoise, selon L’Osservatore Romano du 18 septembre 2012. Introduisant le débat, le cardinal Ravasi a expliqué qu’à travers le Parvis des Gentils, l’Eglise « sort de son sanctuaire », afin de « rencontrer ceux qui ne partagent pas la foi, non pour convertir, mais pour promouvoir un dialogue respectueux ».
Il existe « différents chemins pour connaître le réel », a-t-il fait observer : les sciences naturelles, « même si elles sont un chemin important vers la connaissance, ne sont pas l’unique chemin ». Des expressions culturelles comme la littérature, le cinéma et l’art peuvent « dévoiler des perspectives existentielles de la réalité », a-t-il souligné.
Au terme du débat, Ulf Danielsson, astrophysicien, et Ingemar Ernberg, biologiste, tous deux athées, ont reconnu que nombre de questions scientifiques fondamentales restent sans réponse : « Nous ne savons pas vraiment ce qu’est la vie, a déclaré Ingemar Ernberg, et nous ne pouvons formuler aucune définition pour la décrire ».
« Nous pourrions expliquer comment l’univers a commencé, mais nous n’avons pas la moindre idée du pourquoi de l’existence des choses », a ajouté Ulf Danielsson.
De son côté la poétesse Ylva Eggehorn, chrétienne, a souligné que la foi s’occupe des « impondérables de la vie, de ce qui ne peut pas être mesuré ou pesé, mais qui a une signification pour l’existence ».
L’écrivain Per Wirtén a témoigné pour sa part du « manque » qu’il ressentait : « J’appartiens à une génération qui a laissé Dieu derrière soi. Je ne crois pas en Dieu. Mais c’est comme nager dans une mer sans orientation finale. Oui, j’apprécie la liberté de cette expérience. Mais elle contient aussi une sorte de vide », a-t-il affirmé.
Au cours de son séjour en Suède, le cardinal Ravasi a notamment rencontré la ministre de la culture suédoise, Lena Adelsohn Lijeroth, le ministre des affaires civiques, Stefan Attefall, et l’archevêque de l’Eglise luthérienne de Suède, Anders Wejrd.