Anne Kurian
ROME, jeudi 3 mai 2012 (ZENIT.org) – L’Eglise travaille avec les autorités civiles irlandaises pour lutter contre les abus sexuels sur mineurs, rappelle le cardinal Brady dans un communiqué du 2 mai 2012 dans lequel il rétablit la vérité après une émission télévisée le mettant personnellement en cause.
Le cardinal Seán Brady, archevêque d’Armagh et président de la Conférence épiscopale irlandaise, réfute les accusations lancées par une émission de la BBC intitulée « La honte de l’Eglise catholique », au sein du programme « This World », diffusé le 1er mai sur le réseau d’Irlande du nord.
Le programme a « délibérément exagéré et déformé » son rôle lors d’une enquête de l’Eglise en 1975 sur le prêtre norbertin Brendan Smyth, accusé d’abus sur mineurs, proteste l’archevêque.
Le cardinal répond point par point, soulignant qu’à l’époque il était simple prêtre, chargé par son évêque « d’en assister d’autres plus expérimentés ». Etant seulement le « greffier », il n’a pas formulé de question au cours de l’interrogatoire de Brendan Smyth.
Et en tant que greffier, il n’avait pas non plus, rappelle-t-il « d’autorité sur Brendan Smyth » : les seules personnes qui auraient pu l’éloigner des enfants étaient « l’abbé de son monastère et les supérieurs religieux de l’Ordre norbertin » qui ont de ce fait la responsabilité « première » quant aux récidives.
Le cardinal confie qu’il a été « choqué et révolté » lorsqu’il a découvert, au milieu des années quatre-vingt-dix, que Brendan Smyth avait à nouveau abusé de mineurs: « Avec d’autres, je me suis senti trahi par le fait que ceux qui avaient l’autorité dans l’Eglise d’arrêter Brendan Smyth, ne soient pas parvenus à agir sur la base des preuves que je leur avais transmises. »
Mgr Charles Scicluna, chargé d’enquêter par la Congrégation pour la doctrine de la foi, confirme qu’« en 1975, le P. Brady [aujourd’hui cardinal, ndlr] a agi promptement et avec détermination pour s’assurer que les plaintes des enfants soient prises en considération et donnent lieu à des actions de la part des supérieurs. Selon le droit canon, ses actions étaient cohérentes avec ses devoirs ».
Aujourd’hui, rappelle-t-il, « la politique de l’Eglise en Irlande est de signaler les accusations d’abus aux autorités civiles », qui ont donc la responsabilité d’enquêter : « Je soutiens pleinement cette politique et j’ai travaillé avec mes évêques et les supérieurs des congrégations religieuses pour la mettre en place », insiste l’archevêque.
Il faut reconnaître, ajoute-t-il, qu’aujourd’hui l’Eglise et l’Etat ont des procédures « adéquates et solides » pour répondre aux accusations d’abus sur des mineurs.
En 1975, en revanche, il n’existait « aucune directive de l’Etat ou de l’Eglise » en Irlande pour « aider les personnes devant enquêter sur ces affaires d’abus sur mineurs » : « Les prêtres, les enseignants, les policiers ou les personnes travaillant régulièrement avec des enfants ne recevaient aucune formation sur la façon de répondre correctement en cas d’accusation ».
« Je regrette profondément, que ceux qui avaient l’autorité et la responsabilité d’arrêter Brendan Smyth aient n’aient pas agi, avec des conséquences tragiques et douloureuses pour ces enfants si cruellement abusés », déplore l’archevêque.