Italie: rapport de Caritas/Migrantes sur l'immigration

Le « préjugé » envers les étrangers

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Igiea Lanza di Scalea

Rome, mardi 27 mars 2012 (ZENIT.org) –  Le dossier du XXIème rapport sur l’immigration (Caritas/Migrantes, 2011) en Italie, présente un panorama global de ce que l’on pourrait définir aujourd’hui comme « un pays de migrants », explique, dans cet article, Igiea Lanza di Scalea, chercheuse en criminologie en Calabre, et engagée dans la collecte de livres pour les prisonniers à Rome.

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Il y a en effet plus de 4, 5 millions  de résidents étrangers en Italie, dont environ un million de mineurs. En moyenne, on compte un étranger pour 12 résidents ; en tout, 1/8e sont de la seconde génération : des Italiens de fait mais non de droit, nés en Italie et malgré cela « différents » parce qu’enfants d’immigrés.

L’étranger peut être considéré comme le symbole le plus représentatif de l’éclatement social, qui se reflète dans la difficulté à accepter et à  construire des formes sociales différentes et néanmoins partagées. Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité, affirme l’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et pourtant, l’étranger, en étant porteur de valeurs, d’usages, de coutumes « différentes », engendre des distances morales, sociales et surtout culturelles.

Rapidement « étiqueté » déviant, l’étranger est – littéralement – « celui qui prend un autre chemin » quant à la représentation sociale partagée. La personne différente provoque de la crainte, une tension, une distance, ou une agressivité « défensive ».

Dans ce sens, le British Council, en analysant un échantillon de 3500 jeunes d’âge scolaire (de neuf pays européens), a montré que les étrangers ont 30% de probabilité en plus de subir des agressions (13% contre 9%) et de faire l’objet de moqueries (24% contre 16% pour les autochtones).

Une étude récente sur la perception du préjugé envers les étrangers, de la chaire de méthodologie et technique de la recherche sociale, de l’université La Sapienza de Rome, menée en 2011 dans le contexte spécifique des résidences universitaires, a mis en lumière la tendance des Italiens à privilégier, en général, les relations avec leurs compatriotes, générant ainsi le fameux phénomène de l’ « homophilie nationale ».

En ce sens, selon la littérature dominante, nos compatriotes italiens souffriraient du « syndrome de l’agression », manifeste dans le renforcement des dynamiques in-group vs out-group, pour la « sauvegarde » de leurs frontières identitaires.

Le prae-iudicium est une pensée simple: il surgit à la maison, à l’école, au bureau, dans les cantines des entreprises. C’est un préjugé que de refuser un sourire, de détourner son regard ou, pire encore, de ne pas serrer la main de celui qui vous la tend.

De plus, contrairement à l’opinion commune qui situe l’étranger « au centre » de l’action criminelle italienne, le dossier sur l’immigration Caritas/Migrantes note que le « taux de criminalité » des immigrés réguliers en Italie est « seulement légèrement plus élevé que celui des Italiens » (entre 1,23% et 1,40% contre 0,75%).

Le rapport met aussi en évidence la fonction complémentaire des travailleurs immigrés qui permet de favoriser de meilleures opportunités de travail pour les Italiens : c’est pour cette raison que, si ces travailleurs immigrés venaient à manquer dans les secteurs de productions considérés comme « non attractifs » par les Italiens (l’agriculture, l’industrie, le bâtiment etc.), le pays serait dans l’impossibilité d’affronter son avenir.

Malgré cela, il semblerait que la société refuse a priori toute diversité, la considérant comme la cause de maux inexistants. La diversité est dynamique, évolutive et elle pousse à s’améliorer : l’homogénéité est statique et régressive. La diversité est éducative : docet et discet (qui enseigne apprend, ndlr) afin d’ex-ducere (é-duquer, ndlr), de « tirer à l’extérieur » ce qui est dans la personne, en mettant en valeur ses potentialités.

« Erfahrung », expérience, « Verständnis », compréhension, « Mitgefühl », compassion, concepts-clés de l’historicisme contemporain allemand (Dilthey), enseignent à re-vivre et à re-construire le soi dans l’autre, dans cet « être égaux et différents » à l’intérieur d’un système inclusif et pluraliste.

« La dignité de toute personne humaine ne peut faire l’objet a priori de préjudices et de discriminations », a rappelé Mgr Mariano Crociata, à l’occasion de la présentation du communiqué final du Conseil permanent des évêques italiens. Malgré cela, l’étranger est actuellement perçu par la plupart comme un « envahisseur », un ennemi, ou pire, un criminel tout simplement.

Traduction d’Hélène Ginabat

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ZENIT Staff

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