ROME, mercredi 14 mars 2012 (ZENIT.org) – Des documents des Archives principales de Yad Vashem montrent que l’archevêque Eugenio Pacelli – futur pape Pie XII – , était favorable à l’établissement de l’Etat moderne d’Israël, indique la fondation « Pave the Way ».
Cette organisation a pour but d’identifier et si possible d’enlever les obstacles au dialogue entre les religions. Elle mène notamment des recherches sur l’histoire des relations de Pie XII avec les juifs.
La fondation, basée à New York, explique qu’en 1917 l’archevêque Eugenio Pacelli a rencontré Nahum Sokolow, président de l’Organisation mondiale sioniste, et qu’il a arrangé une rencontre de Sokolow avec le pape Benoît XV pour discuter la question d’un territoire juif. Dans un rapport passionné, Sokolow raconte son audience du 12 mai 1917.
« J’ai tout d’abord été reçu, écrit-il, par Mgr Eugenio Pacelli, Secrétaire pour les affaires extraordinaires, écrit Sokolow, puis, quelques jours plus tard, j’ai eu un long entretien avec le cardinal Secrétaire d’état Gasparri. Ces deux rencontres furent extrêmement amicales et positives. Je n’ai pas tendance à la crédulité ni à l’exagération, mais je ne peux m’empêcher d’insister sur le fait que ces moments ont révélé une amitié extraordinaire : accorder avec tant de promptitude, à un juif, représentant du sionisme, une audience privée qui a duré si longtemps, qui a été si chaleureuse et qui a manifesté de telles marques de sympathie, tant pour les juifs en général que pour le sionisme en particulier, tout cela prouve que nous n’avons pas à craindre le moindre obstacle insurmontable de la part du Vatican. Le pape m’a dit : « Pacelli m’a parlé de votre mission ; voudriez-vous m’en dire davantage ? ». » (File A 18/25 dans les Archives principales de Yad Vashem).
« Pave the Way » note un peu plus loin : « Le 15 novembre 1917, le nonce [en Allemagne, ndlr], Mgr Pacelli, est intervenu, à la demande expresse de la communauté juive de Suisse, qui craignait ce qui aurait pu être un massacre des juifs de Palestine par les Ottomans. Pacelli a demandé au gouvernement allemand, alors allié des Turcs ottomans, de protéger les juifs de Palestine. Il a obtenu gain de cause et la promesse que les Juifs seraient protégés par le gouvernement allemand « même par les armes ». »
Pacelli a rencontré de nouveau Sokolow le 15 février 1925, et il a arrangé un autre entretien avec le cardinal Pietro Gasparri au sujet de la création d’un territoire juif en Palestine. En 1926, Pacelli a exhorté tous les catholiques à rejoindre le mouvement pro-Palestine en Allemagne, auquel participaient des personnes aussi remarquables que Albert Einstein, Thomas Mann, Konrad Adenauer et le P. Ludwig Kaas.
La fondation « Pave the Way » a appris l’existence d’un document non publié à ce jour qui donnerait peut-être des indications sur l’attitude de Pie XII à l’égard d’un territoire juif. En 1944, Pie XII s’est opposé au sentiment général de son Secrétaire d’Etat, en répondant à une lettre de Mgr Domenico Tardini lui déconseillant d’aider les juifs à établir un territoire. Pie XII a écrit de sa main : « Les Juifs ont besoin d’avoir leur terre ». Ce document est dans la section fermée de la Bibliothèque vaticane et il ne sera accessible que lorsque les archives seront entièrement ouvertes.
La fondation explique aussi que des chercheurs ont découvert le discours que Pie XII a adressé en 1946 à une délégation d’Arabes venus à Rome pour dissuader le pape d’appuyer la création d’un territoire juif en Palestine. Pie XII conclut la rencontre et il laissa la délégation arabe très déçue, en déclarant clairement : « Plusieurs fois par le passé, nous avons condamné la persécution déchaînée contre le peuple juif par un anti-sémitisme fanatique ».
D’après des recherches effectuées par la fondation Raoul Wallenberg, c’est Pie XII qui a « préparé le chemin » pour que les pays catholiques membres des Nations-Unies votent positivement en faveur de la partition de la Palestine, en novembre 1947. « Nous avons trouvé des articles d’après lesquels le Vatican avait encouragé l’Espagne à reconnaître l’état hébreu en 1955 », précise la fondation.
Elliot Hershberg, directeur de « Pave the Way », déclare : « Nos recherches ont montré que les relations positives du pape Pie XII avec le peuple juif datent des années de jeunesse de Pacelli, lorsqu’il avait un ami d’enfance très cher, un garçon juif orthodoxe qui s’appelait Guido Mendes. Pacelli partageait des repas du Shabbat, il avait appris à lire l’hébreu et empruntait des livres de grands auteurs rabbiniques. Les documents que nous avons découverts dévoilent les nombreuses interventions de Pacelli pour sauver la vie de juifs et pour protéger les traditions juives. Cette évidence dément les allégations selon lesquelles il aurait été de quelque façon antisémite, ce qui a été considéré comme un fait par certains historiens. »
Le président de « Pave the Way », Gary Krupp, affirme pour sa part: « Le but de notre fondation a toujours été d’utiliser nos relations internationales pour identifier et rendre accessible tout document que nous pouvons repérer en le mettant en ligne, afin de mettre l’information à disposition des spécialistes dans le monde, que le message soit positif ou négatif. A ce jour, nous avons posté plus de 46.000 pages de documents de recherche, ainsi que de multiples interviews vidéo de témoins oculaires. Conformément à notre mission, nous essayons de résoudre cet obstacle vieux de 47 ans entre les juifs et les catholiques. »
Traduction d’Hélène Ginabat