ROME, jeudi 8 mars 2012 (ZENIT.org) – Dolores Hicks est née à Chicago, dans l’Illinois, en 1938. Aujourd’hui, à 73 ans, elle est prieure à l’abbaye bénédictine « Regina Laudis », aux Etats-Unis, dans le Connecticut, à Bethlehem : elle est devenue Mère Dolores.
Mais rien ne semblait la conduire dans cette direction. En cette Journée des femmes, elle présente un itinéraire hors du commun.
L’Academy of Motion Picture Arts and Sciences
Ce qui sort de l’ordinaire, c’est que Mère Dolores a été, dans les années soixante, l’héroïne de films à Hollywood, notamment « Loving you » avec Elvis Presley, sous son nom d’artiste : Dolores Hart. Et qu’elle vient de fouler le fameux tapis rouge en se rendant à la 84e cérémonie des Oscars, organisée par « l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences », dimanche 26 février, à l’ex-Kodak Theatre de Los Angeles, rebaptisé « Hollywood and Highland Center », et qui récompensait les films sortis en 2011. Elle y présentait son documentaire intitulé : « C’est Dieu le plus grand, Elvis » (« God is the bigger Elvis »), nommé dans la catégorie « meilleur court-métrage documentaire ».
Car elle a mis son talent au service de l’évangélisation, notamment en faisant connaître le charisme de saint Benoît et la vie quotidienne des moniales. Et c’est la seule religieuse catholique admise comme membre ayant vote à l’ « Academy of Motion Picture Arts and Sciences ».
Enfant de la balle
Fille de l’acteur Bert Hicks (1920–1965), et « nièce » par alliance de l’acteur et ténor italo-américain Mario Lanza (1921-1959), décédé à Rome, c’était une enfant de la balle. Elle confie : « Je n’ai pas grandi avec le désir de devenir religieuse. Je voulais être une actrice. Si l’on m’avait dit qu’un jour je serais religieuse, je n’y aurais pas cru. Il y avait une chance sur un million que je le devienne ! »
Elle avoue avoir combattu avec l’appel du Christ : « J’ai combattu toute ma vie avec cet appel. Je peux comprendre pourquoi les gens ont des doutes, parce qui peut comprendre Dieu ? Pas moi ! A ce niveau, vous êtes en contact avec le mystère ! »
A propos d’Elvis Presley, elle rappelle qu’elle a tourné deux films avec lui. Mais son expérience d’Hollywood la laissait insatisfaite : « J’ai vu combien cela pouvait être vainement compétitif et négatif. Et cela n’a pas retenu mon attention ».
Et pourquoi être devenue religieuse ? Parce qu’on ne peut pas « être plus proche du Ciel ». Elle est devenue bénédictine en 1963. Elle est prieure à « Regina Laudis », depuis novembre 2004. Ce que l’on sait moins, c’est que ce monastère n’est pas sans liens avec la France.
La tour médiévale
Une Américaine qui vivait en France et y avait fait ses études de médecine, Vera Duss, était en effet entrée, en 1936, à l’abbaye de Notre-Dame de Jouarre, fondée au VIIe s., à l’Est de Paris. Elle devint sœur Bénédicte Duss.
Mais avec le déclenchement de la seconde guerre mondiale et l’occupation du monastère des troupes du IIIe Reich, la moniale était en danger, en tant qu’Américaine et en tant que médecin ! Et donc aussi toute la communauté. L’abbesse la cacha dans la fameuse tour du XIe s. où elle vécut en semi-recluse, jusqu’à l’arrivée des troupes américaines, justement, le 27 août 1944 : elle reconnut de loin les colonnes la 3e armée, sous les ordres de Patton.
De cette aventure naquit la volonté de fonder un monastère aux Etats-Unis. Mère Bénédicte fut aidée en tout par l’abbesse de Jouarre qui avait si bien su protéger sa vie, Mère Marie-Aline Trilles de Warren.
Formation professionnelle
Le monastère a été fondé en 1947 sur un terrain donné par un industriel protestant, Robert Leather, désireux d’en faire un espace de prière. Leur histoire a inspiré un autre film, en 1949 : « Come to the Stable », avec Loreta Young.
Deux soutiens particulièrement importants leur ont été apportés par le nonce en France, Angelo Roncalli, futur Jean XXIII, et par le pape Paul VI, qui recommanda notamment que les futures moniales aient une solide formation professionnelle avant d’embrasser la vie bénédictine.
Le monastère a été élevé au rang d’abbaye en 1976. Et elle est, depuis 2001, sous l’autorité de la deuxième abbesse, Mère David Serna.
Le site en ligne de l’abbaye propose des extraits des CD de chant grégorien et présente les différentes activités des moniales, y compris l’hospitalité : étudie, prie, travaille, recommande la Règle de saint Benoît. Elle dit aussi: « Quoi de plus doux pour nous, frères très chers, que cette voix du Seigneur qui nous appelle ? »
Anita Bourdin