Europe : 10ème anniversaire de la Charte œcuménique

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Intervention du père Duarte da Cunha, secrétaire général du CCEE

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ROME, Lundi 9 mai 2011 (ZENIT.org) – A l’occasion du « 10ème anniversaire de la Charte œcuménique », le père Duarte da Cunha, secrétaire général du CCEE, est intervenu lors d’un colloque organisé en Suisse, à Fribourg, ce 9 Mai 2011.

Excellences,

Chers amis,

Je désire avant tout vous manifester, aussi au nom du CCEE, ma joie pour le fait que cette initiative est devenue une réalité. L’occasion du 10ème anniversaire de la Charte œcuménique demandais clairement un moment comme celui-ci pour réfléchir sur l’état de l’œcuménisme en Europe. Je voudrais, pour commencer, présenter à vous tous les salutations de tous les membres du CCEE, et notamment de Son Eminence le cardinal Péter Erdo, archevêque de Esztergom et Budapest et président du CCEE. Je demanderais au rév. Ferenc Janka de lire le message que notre président a voulu adresser à tous les participants à cette rencontre.

Un événement, comme celui que nous allons commencer, a un double caractère. D’un côté, il s’agit d’une occasion de faire mémoire, où nous allons évoquer les personnes qui ont élaboré et concrétisé l’idée de la Charte œcuménique, et de cette façon rappeler aussi les démarches qui ont été faites dans l’œcuménisme en Europe avant et après 2001. Faire mémoire nous aide aussi à faire un examen de conscience et voir ce que nous avons échoué ou n’avons pas voulu faire. En même temps, cette rencontre vise à nous projeter en avant pour nous faire comprendre ce que Dieu nous demande pour l’avenir. Certainement la Charte œcuménique, en dépit d’être un grand progrès, n’est pas le but de l’œcuménisme ni du processus œcuménique, ni jamais a voulu l’être. Elle est un signe qui témoigne combien nous avons déjà avancé mais, en même temps, elle a besoin d’être constamment approfondie et développée. Pour cette raison, cette célébration doit être perçue comme un appel à travailler avec plus d’élan.

Il est bien évident pour tout le monde que dans notre temps il y a une énorme soif de Dieu. La sécularisation, la fréquente confusion éthique et, plus en profondeur, la perte du sens de la vie en beaucoup de nos contemporains, contrairement à ce que beaucoup pensent, ne peut pas enlever du cœur de l’homme le désir de la Vérité, de la Justice, de la Beauté, de Dieu, et pour sa notre temps n’a pas décrété la fin du christianisme ! C’est, au contraire, l’expression de combien ceux, qui croient dans la résurrection de Jésus, ont besoin de faire ressentir leur présence et, dans ce sens, c’est un appel très fort à une réconciliation entre chrétiens. Ainsi notre unité sera un signe plus visible de la présence de Dieu parmi nous. L’œcuménisme, donc, ne peut pas être un rêve, ni un simple désir ou un sentimentalisme, il ne peut pas être non plus seulement un accord temporaire pour résoudre quelque problème. L’œcuménisme doit plutôt signifier des démarches concrètes dans le pèlerinage que nous sommes appelés à parcourir en vue d’une pleine communion.

La Charte œcuménique ne prétend pas d’être un point d’arrivée. Notre objectif est plus grand et plus beau encore et il est possible ! Comme le dit la Charte même, « notre devoir œcuménique indispensable consiste à rendre visible cette unité, qui est toujours un don de Dieu.» (cf. CO 1) ; pour cette raison, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Penser que l’œcuménisme d’aujourd’hui se limite uniquement à convaincre les communautés à souscrire la Charte, comme si par là on aurait trouvé une solution à toutes nos divisions, serait être infidèles à l’esprit de ceux qui ont travaillé pour réussir à transformer la Charte œcuménique en une réalité.

Il faut que nous nous connaissions toujours mieux, mais aussi que nous nous convertissons tous les jours. Il faut que nous surmontons nos préjugés et que nous regardons avec réalisme la tâche que nous avons devant nous. Ce réalisme montre que l’œcuménisme doit se produire avant tout chez les personnes, au niveau des communautés locales. A partir de là, on pourra construire, avec des fondements bien établis dans le Seigneur, une unité qui n’est pas seulement de façade. Cela ne veut pas dire que le dialogue institutionnel ou le dialogue théologique soient inutiles – si l’on n’est pas d’accord sur notre foi, notre unité serait irréelle – mais que ce dialogue ne soit pas déconnecté de ce que l’on vit dans nos villes et dans nos villages entre les communautés, parce que si nous n’achevons pas un amour réciproque au niveau des communautés, les divisions restent, même si les théologien ont trouvé une formule sur quelque dogme de la foi. De même si on est pas d’accord sur la foi et sa doctrine, notre amitié ne sera pas pleine comme le veut Notre Seigneur.

L’histoire de 2000 ans du christianisme a contribué à la naissance d’un grand nombre de communautés. Malheureusement, cette pluralité – qui pourrait être le signe d’une grande richesse de foi – est très souvent le fruit ou l’occasion de conflits. Il y a toutefois quelque chose qui nous unit : notre certitude que nous avons été créé par Dieu et pour Dieu et que Jésus est notre Sauveur, qu’il est le Sauveur de toute l’humanité, et qu’Il nous appelle à rester avec Lui et en plus il nous envoie Son Esprit pour nous conduire dans les chemins de cette vie.

Dans tous nos efforts œcuméniques, il ne nous servira à rien d’être d’accord sur quelques thèmes de la vie européenne si le Christ n’est pas au centre de notre dialogue. D’autre part, si il est vrai qu’aujourd’hui nous voyons tous l’urgence de certains défis tels que les attaques à la vie, la crise de la famille, les problèmes de l’environnement, la désorientation politique, la convoitise économique, le nombre croissant d’émigrants qui débarquent en Europe ; il faut reconnaître que c’est justement grâce à toutes ces questions que nous écoutons avec plus d’intensité l’appel de Dieu à un engagement commun pour éliminer les divisions entre nous afin de mieux annoncer à tout le monde Jésus Christ qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Voilà pourquoi nous devons travailler sur le dialogue et la collaboration entre chrétiens de façon à défendre la dignité de la personne, la paix, la solidarité. Cet engagement est partie intégrante de l’évangélisation, c’est-à-dire, de la construction d’une société de personnes qui ont rencontré le Seigneur et qui reflètent l’amour de Dieu dans leurs vies.

Cette année le CCEE fête ses 40 ans et la KEK a fêté ses 50 ans en 2009. Dès le début de l’histoire de ces organismes, le dialogue entre les traditions chrétiennes en Europe a été perçu comme partie intégrante de leur mission. Huit grands rencontres et trois grandes assemblées œcuméniques, un comité conjoint qui se réunit tous les ans pour accompagner, au niveau des présidences du CCEE et de la KEK, les grands thèmes de la vie européenne, ainsi que plusieurs rencontres thématiques réalisées ensemble, ont été et sont à présent l’occasion pour renforcer l’amitié et pour témoigner au monde, ensemble, que nous croyons que Jésus est la réponse aux inquiétudes les plus grandes du cœur humain. Voilà donc, face à nous, une tâche très belle et urgente. J’espère que cette rencontre puisse représenter un pas en avant.  

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ZENIT Staff

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