Le patriarche Fouad Twal de Jérusalem analyse le « printemps arabe »

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ROME, Dimanche 24 avril 2011 (ZENIT.org) – Nous reprenons ci-dessous la synthèse de l’interview video réalisée le 11 avril 2011 avec le patriarche latin de Jérusalem S.B. Fouad Twal, sur le printemps arabe, publiée sur le site du Patriarcat latin de Jérusalem.

Quel est votre avis sur le « printemps arabe » ?

D’un côté, nous sommes très contents de cette prise de conscience de la jeunesse qui prend en main sa destinée. C’est un mouvement sans couleur politique ni religieuse particulière. Il émane de cette jeunesse arabe une prise de conscience de sa propre force et vitalité. Elle a su cassé l’élément « peur » (peur de la police, peur des services secrets, peur de la prison). Aujourd’hui, on peut dire que la peur a changé de camp. Les gouvernements craignent cette masse de jeunesse, cette masse d’opinion qui se réveille. L’Eglise, elle, a toujours prêché plus de démocratie, plus de liberté et plus de dignité des personnes. Et moi-même, dans mon premier discours de Patriarche, j’avais appelé de mes vœux de toujours éviter sur le plan politique comme religieux les décisions unilatérales.

D’un autre côté, il faut reconnaître qu’il y a toujours une part d’inconnu dans ce genre de mouvements. Maintenant que ces populations se sont lancées, nul ne sait ce qu’il adviendra par la suite. Pourvu que ce soit pour le meilleur.

Quel est le rôle des chrétiens d’Orient et ceux de Terre Sainte ?

Les chrétiens du Moyen-Orient ne doivent pas être en marge de ces mouvements. Comme nous l’avons dit au Synode d’octobre dernier, les chrétiens doivent se sentir 100% citoyens comme leurs compatriotes musulmans. Ils doivent participer à la vie de leur pays si ces mouvements sont en faveur du bien collectif. Je n’aime pas voir les chrétiens en dehors de ces mouvements. Car c’est aussi leur pays. Ils ne doivent pas se sentir dans un ghetto à part.

Quant aux chrétiens de Terre Sainte, il faut rappeler que la situation politique est ici extrêmement délicate et très différente des autres pays. Il n’y a pas de recette miracle. Chaque pays ayant ses spécificités. L’Eglise de Jérusalem a une mission particulière et se doit de collaborer à une paix juste et durable à travers ses interventions, ses institutions, et ses écoles. Il est évident qu’Israël aujourd’hui comme les pays arabes voisins doivent entendre la vague de contestations généralisée. Si la masse des jeunes ont soulevé ces mouvements dans leur propre régime, tous les pays y compris Israël doivent être vigilants. Nous-mêmes – Eglise catholique et chefs religieux, sommes interpelés sur la manière de bien les guider.

Qu’attendez-vous des chrétiens d’Occident ?

Lors du Synode, nous avons touché de près cet argument en reconnaissant que l’Eglise d’Occident ne doit pas regarder l’Eglise d’Orient justement comme l’Eglise d’Orient. C’est la même Eglise confrontée aux mêmes défis pour la jeunesse, la famille, les vocations, …

Les chrétiens qui viennent de l’Occident ne doivent pas se contenter d’aider notre Eglise. Ils doivent se considérer partie prenante de cette Eglise, qui est leur Eglise-Mère. Mieux, ils doivent se sentir responsables de l’avenir des chrétiens qui vivent en Terre Sainte. C’est en venant vivre ici à Jérusalem qu’ils pourront donner des vitamines à leurs racines chrétiennes. C’est un profit mutuel à échelle locale et mondiale. Jérusalem a cette dimension mondiale qui fait qu’on en fera jamais assez pour la Terre Sainte.

Propos recueillis par Christophe Lafontaine

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ZENIT Staff

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