Par ailleurs, dans la préparation directe au mariage, on passe trop sous silence cette question fondamentale : et si ça ne va pas, qu’est-ce qu’on fait ? Il faut mettre les couples face à l’épreuve éventuelle. Les jeunes voient bien que dans leur entourage les gens divorcent, se remarient. « Mais nous on s’aime, ça ne nous arrivera pas ». Les jeunes éludent cette question à tort.
ZENIT : L’Eglise pourrait-elle proposer aux jeunes qui se préparent au mariage de suivre un chemin de catéchèse, afin de se réapproprier les bases de la foi chrétienne ?
P. Alain Bandelier : Il est très difficile de conduire vers un mariage sacramentel dans la foi chrétienne des personnes qui ne vivent pas dans la foi chrétienne. Comment le couple peut-il être chrétien si les personnes ne vivent pas la grâce de leur baptême ? En même temps, Jean-Paul II l’avait dit, ce n’est pas la foi qui fait le mariage mais l’amour humain. On ne peut pas exclure des gens sous prétexte qu’ils n’ont pas une foi assez profonde. Il faudrait donc les inscrire dans une démarche de type catéchuménal et les préparer au baptême en même temps qu’au mariage, même s’ils sont déjà baptisés.
ZENIT : Qu’est-ce qui permet à un couple chrétien de durer dans le temps ?
P. Alain Bandelier : J’insiste toujours sur l’importance de la prière commune. Il est frappant de voir que nombre de catholiques mariés partagent beaucoup de choses, mais pas la prière. Ils prient chacun de leur côté mais ils ne sont pas régulièrement côte à côte devant le Seigneur. Dans la prière commune, il y a une union des âmes, une écoute du Seigneur, un accueil de sa Parole. Si les époux ne partagent pas un minimum de vie spirituelle, il manque quelque chose. On sait aussi qu’un couple a besoin de se parler. Il y a un enjeu très important dans la communication et pas seulement dans le partage quotidien des nouvelles mais aussi dans ce que je ressens, les questions que je me pose, mes épreuves, mes rêves. Avec les années qui passent, le dialogue conjugal s’évapore parfois.
ZENIT : Que doit faire un couple qui va mal et qui veut s’en sortir ?
P. Alain Bandelier : Il faut avoir l’humilité de se le dire l’un à l’autre sans attendre que la situation soit devenue invivable. Prendre les moyens de demander de l’aide. Quand le face à face devient difficile, il faut renouer le dialogue avec l’aide d’un tiers.
ZENIT : Un couple qui va mal peut-il se dire que rien n’est jamais perdu ?
P. Alain Bandelier : Il faut oser croire, espérer. Il y a des chemins de renaissance et de résurrection. On a besoin dans ces cas-là que des frères nous accompagnent de leur prière.
ZENIT : Le message est-il bien passé que l’Église est toujours ouverte aux divorcés remariés ?
P. Alain Bandelier : On entend trop souvent qu’ils se sentent exclus. Ce n’est pas parce que je ne peux pas communier que je ne fais plus partie de la communauté chrétienne. Nous sommes tous convoqués à l’assemblée liturgique du dimanche. Le débat a été trop centré sur la communion eucharistique, ce qui laisse dans l’ombre tout le reste de la vie chrétienne. Ne nous focalisons pas sur ce qui est impossible mais adoptons une vision positive et découvrons ensemble tout ce que l’on peut vivre des dons de Dieu quand on est divorcé et qu’on est engagé dans une nouvelle union.
ZENIT : Qu’est-ce que ce « tout » que l’on peut vivre ?
P. Alain Bandelier : Ce qui est fondamental, c’est le baptême qui nous fait disciple du Christ. Nous ne pouvons pas l’effacer. Il y a une amitié avec le Christ, une vraie vie spirituelle et il faut la faire grandir. Il y a toute une vie de prière, la participation aux célébrations, y compris à la célébration eucharistique. Il y a une grande réflexion à approfondir à ce sujet. Certes, la communion en est le point culminant, mais il ne faut pas dévaloriser tout ce qui la précède. Il y a une communion à la Parole, une communion fraternelle, et le mystère même du Christ faisant de sa vie une offrande vivante pour la gloire du Père et pour le salut du monde.
Propos recueillis par Marine Soreau