ROME, Vendredi 4 mars 2011 (ZENIT.org) – Pendant longtemps, « les situations matrimoniales ‘irrégulières’ se rencontraient majoritairement dans des milieux non croyants ou non pratiquants. Il n’en est plus ainsi ». C’est ce que constate le père Alain Bandelier dans la préface de son livre – Le mariage chrétien à l’épreuve du divorce (Editions de l’Emmanuel) – dans lequel il évoque la « fragilité » actuelle du mariage chrétien.
Prêtre du diocèse de Meaux et responsable du Foyer de charité de Combs-la-Ville, le père Alain Bandelier a une longue expérience de l’accompagnement des personnes séparées, divorcées, divorcées-remariées. Il analyse pour ZENIT la crise familiale actuelle et propose des pistes de réflexion pour les couples en souffrance.
ZENIT : Pourquoi le mariage chrétien est-il aujourd’hui si fragile ?
P. Alain Bandelier : Certains mettent cela sur le compte de la durée des mariages parce qu’on vit aujourd’hui plus longtemps. Mais dans l’Antiquité, il y avait des couples âgés qui s’aimaient. Je pense qu’il y a, d’une part, une confusion entre l’amour d’alliance qui est le fondement du mariage et l’amour émotionnel et passionnel qu’on identifie à l’amour et au bonheur. Dans la représentation de l’amour entre l’homme et la femme, il y a une sorte de survalorisation de l’aspect affectif vibrant, aux dépens de la parole, de la prise de décision, d’une parole d’alliance.
ZENIT : La société est-elle en cause ?
P. Alain Bandelier : Pour une part, l’environnement est en cause. Mais il y a aussi une grande revendication de « mon » bonheur, de « mon » épanouissement, de « ma » liberté. Si bien que devant une tentation, les engagements ultérieurs ne pèsent plus très lourds. Il est très frappant de voir comment un couple peut se briser du jour au lendemain. Les divorces se multiplient chez des chrétiens très convaincus, comme si l’esprit du monde était partagé par les croyants.
ZENIT : Comment expliquer que les couples chrétiens ne trouvent plus les moyens de s’en sortir ?
P. Alain Bandelier : Il faudrait s’interroger sur l’engagement initial. La parole fondatrice d’un couple n’est pas « je t’aime » mais « je t’aimerai ». On vit beaucoup au présent immédiat. Sur ce point comme sur d’autres, nous sommes tous mis à l’épreuve. Nous vivons dans un monde très éclaté, où la vision chrétienne ou même classique de l’homme, du mariage, de la famille est remise en cause. Que le bateau soit davantage secoué qu’à d’autres époques, c’est un fait.
ZENIT : Faudrait-il revoir les préparations au mariage ?
P. Alain Bandelier : Concernant la préparation au mariage, deux problèmes se posent. L’un en amont : la préparation au mariage lointaine, dans l’enfance et dans l’adolescence, me semble tout à fait insuffisante. On ne parle pas aux plus jeunes de l’amour humain, selon la vision de Dieu qui crée l’homme et la femme à son image, qui les appelle à une unité. Et cela éclairé par l’amour du Christ pour son Église : Jésus ne divorcera jamais. Ce fondement n’est presque plus transmis. Il était sous-entendu dans une civilisation marquée par le christianisme. Aujourd’hui il ne l’est plus et c’est le contraire qui est mis en lumière. Dans les milieux chrétiens, la catéchèse sur le mariage est insuffisante. Il faut que les plus jeunes sachent que le mariage est une vocation.