ROME, Lundi 24 janvier 2011 (ZENIT.org) – Benoît XVI rend hommage à Mme Tullia Zevi (1919-2011), ancienne présidente de l’Union des communautés juives italiennes (UCEI), décédée samedi dernier, 22 janvier, à Rome. Il salue notamment sa contribution au dialogue entre juifs et chrétiens.
Le pape a chargé son secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone, d’adresser un message de condoléances à M. Renzo Gattegna, actuel président de l’UCEI. Mme Zevi a été la première femme à assurer cette responsabilité, de 1986 à 1998.
« En apprenant la triste nouvelle de la disparition de Mme Tullia Zevi, le souverain pontife participe spirituellement au deuil de sa famille et des communautés juives d’Italie », écrit le cardinal Bertone.
Le pape les assure de ses prières et rend hommage au « profil moral élevé » et qui a fait « autorité » par sa contribution à la « croissance dans la société italienne des valeurs de la démocratie, de la paix et de la liberté ».
Il souligne aussi sa contribution au dialogue « sincère et fécond » entre juifs et chrétiens.
Tullia Zevi a été une journaliste et un auteur renommé. Son père était avocat et antifasciste. Leur histoire passe par la France et les Etats-Unis.
Quand les lois raciales contre la communauté juive sont promulguées en Italie, Tullia Zevi est en vacances en Suisse avec sa famille. Ils s’installent alors en France, où Tullia Zevi continue ses études de philosophie, à Paris, à la Sorbonne.
Sentant le danger se rapprocher, ils émigrent ensuite aux États-Unis. Zevi continue à étudier à l’université en même temps qu’elle joue comme harpiste dans plusieurs orchestres. Elle rencontre alors Leonard Bernstein et Frank Sinatra.
C’est à New York, où elle fréquente les cercles antifascistes, qu’elle commence son métier de journaliste. Après la guerre, elle revient en Italie avec son mari, Bruno Zevi, architecte et critique d’art. Elle est envoyée comme correspondante au procès de Nuremberg.
Pendant plus de trente ans – de 1960 à 1993 – elle travaille comme correspondante du quotidien israélien « Maariv », ce qui l’amène aussi à rendre compte du procès Eichmann à Jérusalem. Elle collabore aussi avec l’hebdomadaire londonien « The Jewish Chronicle ».
En 1978, elle devient vice-présidente de l’UCEI, et cinq ans plus tard présidente. A ce titre, elle participe aux pourparlers à propos du carmel d’Auschwitz.
En 1992, le président de la République italienne, Oscar Luigi Scalfaro, lui confère le titre de Chevalier de la Grande Croix de l’OMRI, la plus haute distinction nationale.
En 1994, elle reçoit le prix national « Culture de la Paix », et en 1998 elle est désignée comme membre de la Commission pour l’interculturalisme du ministère de l’Éducation italien et membre de la Commission italienne de l’UNESCO.
En 2007, en collaboration avec sa petite-fille Nathania Zevi, elle publie sa biographie, sous le titre : « Je te raconte mon histoire. Dialogue entre une grand-mère et sa petite-fille sur le judaïsme » (« Ti racconto la mia storia. Dialogo tra nonna e nipote sull’ebraismo »).
Anita S. Bourdin