Les droits de l'homme au Vietnam, selon un secrétaire d'Etat vietnamien

ROME, Jeudi 29 juillet 2010 (ZENIT.org) – Selon le secrétaire d’Etat au ministère de la Sécurité publique vietnamien, le peuple vietnamien « jouit d’une totale liberté de croyance et de religion », souligne « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence d’information des Missions étrangères de Paris dans cette dépêche.

Dans la revue Droits de l’homme du Vietnam, publication officielle dont le premier numéro est paru le 14 juillet 2010, le général Nguyên Van Huong, membre du Comité central du Parti communiste vietnamien et secrétaire d’Etat au ministère de la Sécurité publique, expose ce qu’il appelle la conception vietnamienne des droits de l’homme. Il estime ainsi que le respect du « religieux » constitue l’un des fleurons de ces droits de l’homme spécifiques. Il écrit : « Ces dernières années, pagodes et lieux de culte ont été construits et restaurés par milliers (…). Les fêtes religieuses traditionnelles sont à nouveau célébrées (…). La croyance et la religion se développent tous les jours et bénéficient d’une grande considération (…). Le peuple jouit d’une totale liberté de croyance et de religion (…). » Cette conception s’oppose, selon le général, aux droits de l’homme tels que l’Occident les conçoit et les utilise. Pourtant, des opposants ont aussitôt fait remarquer au général que c’est précisément cette conception occidentale qui a inspiré Hô Chi Minh dans nombre de ses déclarations.

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L’article de la nouvelle revue commence par une critique acerbe de l’utilisation des droits de l’homme par les puissances occidentales. Depuis la chute du communisme en Europe de l’Est, celles-ci se seraient servi des droits de l’homme comme d’une arme afin de déstabiliser le régime de certains Etats socialistes, dont le Vietnam. En fait, ils veulent transformer ces régimes à leur modèle en y introduisant le pluralisme, le multipartisme, des forces d’opposition politiques. Cette politique des droits de l’homme se veut coercitive et classe même certains pays dans la catégorie des « pays préoccupants en matière de liberté religieuse ». Le Vietnam et les autres nations concernées, affirme le général, refusent ce type de droits de l’homme et de démocratie. Leur adoption signifierait pour le Vietnam et les autres pays qu’ils changent leur propre culture et même qu’ils la perdent.
 
La conception vietnamienne des droits de l’homme, selon le secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, serait résumée dans une réponse de Hô Chi Minh à des journalistes étrangers en janvier 1946 : « Je n’ai qu’une seule ambition, c’est que notre pays soit totalement indépendant, que le peuple soit entièrement libre, que nos compatriotes aient de quoi manger et se vêtir et qu’ils puissent s’instruire» Le général montre ensuite que la révolution a réalisé la première ambition de Hô Chi Minh et que la politique actuelle de rénovation (dôi moi) a engagé le Vietnam dans une étape de développement sans précédent, garantissant les principaux droits du peuple. Parmi eux, se trouve la « religion authentique » dont il dit qu’elle apprend aux hommes la véritable solidarité. « Nous la respectons et nous créons les conditions pour qu’elle se développe, souligne le général. Mais, en même temps, nous empêchons que des intrigants l’utilisent à des fins politiques pour saboter l’union nationale»
 
Le constat positif du général Huong en matière de droits de l’homme et de liberté religieuse n’est pas partagé par de nombreuses associations humanitaires internationales qui dans leurs rapports relèvent très régulièrement les violations des autorités vietnamiennes en ce domaine. La dernière critique est venue, quelques jours après la parution de la revue Droits de l’homme du Vietnam, du secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Mme Hillary Clinton. De passage à Hanoi, le 22 juillet dernier, pour le 15ème anniversaire de la reprise des relations diplomatiques entre son pays et le Vietnam, elle a dénoncé les arrestations de militants démocrates, les attaques portées contre les groupes religieux et le contrôle d’Internet.
 
On peut se demander aussi si cette conception des droits de l’homme spécifiques au Vietnam était bien celle de Hô Chi Minh cité par le général. Comme l’ont fait remarquer plusieurs articles critiques, lors de sa première apparition publique, le 2 septembre 1945, sur la place Ba Dinh à Hanoi, le fondateur du Parti communiste vietnamien se référait à une tout autre conception des droits de l’homme, universaliste et non pas régionale. Ce jour-là, il avait parlé de droits ne tenant compte ni des races, ni même des cultures, lorsqu’il a cité la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis de 1776 : « Tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur », puis la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de la Révolution française : « Les hommes naissent libres et égaux en droits et le restent toute leur vie. » Il faut de plus rappeler que la République socialiste du Vietnam a ratifié publiquement ces droits de l’homme, dans leur version universaliste. En devenant en 1982 membre de l’organisation des Nations Unies, elle adhérait à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, droits de l’homme qui sont d’ailleurs inscrits, en partie, dans sa Constitution (chapitre V, article 49 à 82). Ce retour à une version régionaliste des droits de l’homme semble donc davantage inspiré de la fameuse théorie des valeurs asiatiques, mise en vogue dans certains pays d’Asie à partir des années 1990, que de la tradition révolutionnaire vietnamienne à laquelle se réfère le secrétaire d’Etat à la Sécurité.
 
(1)           La revue Droits de l’homme du Vietnam n’est pas mise en ligne sur Internet. Cependant, l’article du général Huong a été mis en ligne sur plusieurs sites, sous le titre : « Comprendre correctement les droits de l’homme ». Voir par exemple : http://anhbasam.com/2010/07/18/583-hay-hi%E1%BB%83u-dung-v%E1%BB%81-nhan-quy%E1%BB%81n-vi%E1%BB%87t-nam/

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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