Russie : Rencontre du cardinal Ricard avec le patriarche Cyrille de Moscou

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ROME, Lundi 7 Décembre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours prononcé par le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, vice-président du Conseil des Conférences épiscopales européennes, lors de sa rencontre, le 3 décembre dernier à Moscou, avec le patriarche Cyrille de Moscou. Le cardinal Ricard était accompagné de Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun, et de Mgr Jacques Blacquart, évêque auxiliaire de Bordeaux.

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Sainteté,

Permettez-moi de vous exprimer la grande joie qui est la mienne aujourd’hui d’être accueilli par vous, ici, à Moscou et de vous adresser, en mon nom, mais aussi au nom de Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun, et de Mgr Jacques Blaquart, évêque auxiliaire de Bordeaux, mes plus vifs remerciements pour votre invitation.

La rencontre de ce matin évoque dans ma mémoire d’autres rencontres, à Bordeaux, où j’ai eu la joie de vous recevoir, et à Paris, lors du voyage en France de votre Vénéré prédécesseur, Sa Sainteté le Patriarche Alexis. Je n’oublie pas non plus cette table ronde au Centre Sèvres de Paris, où vous avez présenté devant un public particulièrement attentif la Doctrine sociale de l’Eglise orthodoxe russe, dont la traduction venait de sortir aux éditions du Cerf. Sainteté, vous n’êtes pas un inconnu en France et vous comprendrez aisément que je me sois réjoui avec beaucoup de votre élection comme Patriarche de Moscou et de toute la Russie.

Il y a un an, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et Président de notre Conférence, était reçu ici même, avec quelques évêques français qui l’accompagnaient. Il y a quinze jours à peine était inauguré officiellement près de Paris le séminaire orthodoxe russe, en présence de Son Excellence Révérendissime Mgr Hilarion et du cardinal André Vingt-Trois. Mgr Innocent, Métropolite de Chersonèse, et le Père Alexandre Siniakov n’ont pas ménagé leur peine et ont su prendre tous les contacts nécessaires à la réalisation de ce beau projet. Ces liens qui se tissent durablement entre l’Eglise catholique en France – et plus largement avec l’Eglise catholique romaine – et l’Eglise orthodoxe russe me paraissent un de ces signes des temps que l’Evangile nous invite à scruter (cf. Luc 12, 54-56).

Ce qui est en jeu ici n’est pas de l’ordre d’un rapprochement circonstanciel mais bien de l’ordre de la fidélité à la commune mission que le Christ nous confie. Comme dit l’apôtre Paul : « l’amour du Christ nous presse » (2 Cor 5, 14). Nous avons, ensemble, à nous laisser saisir par ce regard et ce bouleversement profond du Christ devant la faim et le désarroi de ces foules qui venaient à sa rencontre. Nous sommes envoyés à nos peuples pour leur communiquer dans l’Esprit Saint la Parole du Salut.

Cette Bonne nouvelle d’un Dieu qui se révèle Père, Fils et Esprit révèle également à l’homme sa vraie nature et sa véritable destinée. Elle révèle l’homme à lui-même.

Nous avons aujourd’hui à témoigner dans nos sociétés du sens de l’homme dont nous sommes porteurs. On comprend ainsi que le Pape Benoît XVI ait pu affirmer dans sa dernière encyclique Caritas in Veritate : « la question sociale est radicalement une question anthropologique » (75).

Ce sens de l’homme, nous savons aujourd’hui de quelles valeurs il s’accompagne : défense de la dignité de la personne humaine, respect de la vie, de sa conception jusqu’à sa fin naturelle, compassion, partage fraternel, solidarité avec tous, importance de l’amour et du don de soi comme accomplissement de toute vie.

Dans un monde où la recherche du profit avant toute autre considération risque de miner les fondements mêmes de la société, où l’individualisme sans souci du bien commun risque d’enfermer chacun dans ses seuls intérêts personnels ou catégoriels, où la violence peut à tout moment se manifester, il est urgent d’unir nos forces, avec tous les hommes de bonne volonté, pour promouvoir un véritable humanisme, celui dont la foi chrétienne est porteuse.

« La Moisson est abondante, les ouvriers peu nombreux » (Mt 9, 37).

Demandons au Père de nous envoyer ensemble à sa moisson.

Sainteté, nous vous assurons de notre prière pour votre beau et lourd ministère. Nous prions également pour tous vos collaborateurs. Que le Seigneur vous garde dans la santé et la joie de l’Evangile !

+ Cardinal Jean-Pierre RICARD

Archevêque de Bordeaux

Evêque de Bazas

Moscou, le Jeudi 3 décembre 2009

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ZENIT Staff

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